Quelle ne fut pas la surprise du public du festival Tata Literature Live!, qui s'est tenu à Mumbai le 2 novembre, quand l'écrivain de théâtre, acteur et metteur en scène Girish Karnad s'en est pris avec colère à la remise d'un récompense au lauréat du prix Nobel V.S. Naipaul.
Il était prévu que Karnal parle de son travail, mais il a utilisé le temps qui lui était imparti pour critiquer le festival qui récompense l'écrivain britannique de Trinidad, Naipaul, et que Karnad a accusé d'être anti-musulman.
Deepanjana était présent et écrit un article dont le titre est “Et Girish Karnad a explosé !”:
On s'attendait à une “masterclass” d'une heure du dramaturge Girish Karnad et cela s'est terminé en feu d'artifice à la suite duquel le directeur du festival Tata Literature Live! Anil Dharker fulminait et où il était clair que ce n'était pas de plaisir que l'écrivain Farrukh Dhondy rougissait. Au lieu de parler de ses pièces de théâtre, Karnad a fait une conférence pour accuser le lauréat du prix Nobel de littérature VS Naipaul d'être un essayiste anti-musulman, sourd et peu fiable en ce qui concerne l'Inde. Karnad a affirmé que Naipal “n'a aucune idée de la contribution des musulmans à l'histoire de l'Inde”. Il remet en question la validité des essais de Naipaul sur l'Inde et qualifie les idées de Naipaul de simplistes.
Dans sa conférence, Karnad a dit :
A part ses romans, dont deux seulement se passent en Inde et sont effroyables, Naipaul a écrit trois livres sur l'Inde qui sont très bien écrits – il fait certainement partie des plus grands auteurs de langue anglaise de notre génération. Ils ont été acclamés pour être une exploration continue du voyage de l'Inde dans la modernité, mais ce qui nous frappe dès le premier livre, L'Inde brisée, c'est son antipathie fanatique envers les musulmans indiens. La “fracture” évoquée dans le titre est celle infligée à l'Inde par l'invasion des Moghols. Depuis, Naipaul n'a jamais manqué une occasion de les accuser d'avoir massacré l'Inde pendant cinq siècles, d'y avoir, entre autres choses épouvantables, amené la pauvreté et d'avoir détruit la glorieuse culture indienne. […] Aux yeux de Naipaul, le musulman indien reste un envahisseur condamné à jamais à être condamné, parce que les ancêtres de certains étaient des envahisseurs.
Deepanjana Pal fait part de son analyse:
Le fait que Naipaul soit capable d'écrire des phrases d'une grande beauté -aiguisées, précises et imagées- est reconnu et a été maintes fois répété. Personne ne le conteste. La question qu'à mon sens il faut se poser est de savoir si ses opinions “contraires” sont provocantes ou offensives. Contrairement à l'usage populaire, les deux termes ne sont pas interchangeables. Ils ont des significations très différentes. Être provocant, c'est provoquer, c'est-à-dire encourager une forte réaction. C'est la base de l'art en général (romans, films, peintures; et tous les arts) – qui cherche à entraîner le public dans un débat et à se mettre en question. Offenser, d'un autre côté, est un acte beaucoup plus direct, plus brutal. C'est perturber ou blesser quelqu'un. Si le festival Tata Literature Live! est capable d'amener à penser que les opinions “contraires” de Naipaul sont provocantes, alors bravo, car Naipaul a provoqué (comme toujours) un débat. Que ce soit à dessein ou par accident, ce festival mérite des félicitations pour avoir créé un espace d'opinions contradictoires. Karnad, cependant, se range dans le camp de ceux qui pensent que Naipaul n'est qu'offensif.
Sur Twitter les avis sont partagés. Jaaved Jaaferi est du côté de Karnad :
@jaavedjaaferi: BRAVO Mr. Girish Karnad pour votre analyse véhémente sur le cas bien connu de VS Naipaul lors du festival de littérature de Mumbai
Oldtimer pense que Karnad s'est mal comporté :
@auldtimer: L'éthique de Girish Karnad: il était invité pour rendre un hommage, et il attaque la personne qui doit être félicitée pour attirer l'attention sur lui
Le Bad Doctor plaisante en disant que Karnad s'exprime si mal qu'il pourrait être politicien :
@doctoratlarge: Girish Karnad était si peu logique et si grivois dans son discours qu'il ferait un brillant orateur du Congrès.
Shiv Mishra fait remarquer que Karnad est resté silencieux quand Salman Rushdie a été contraint de se retirer du Festival de littérature de Jaipur en janvier, après les protestations de groupes musulmans et des menaces pour la vie de Rushdie :
@mishrashiv: Girish Karnad avait mal à la gorge quand Rushdie s'est vu refuser l'entrée de Jaipur ?
Mais Naresh Fernandes soupçonne tous ceux qui défendent Naipaul sur Twitter de n'avoir jamais lu son oeuvre :
@tajmahalfoxtrot: Je suis étonné de voir le nombre de défenseurs de Naipaul sur Twitter. Je me demande combien l'ont réellement lu.
@tajmahalfoxtrot: On devrait les forcer à lire L'Inde: un million de révoltes. Ils verraient sa mesquinerie à l'égard de l'Inde.