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Iran : une nouvelle vague de répression contre les blogueurs

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Iran, Droits humains, Gouvernance, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Les blogueurs iraniens sont confrontés à une nouvelle vague de répression alors qu'un bon nombre d'entre eux sont emprisonnés et, dans un  des cas signalés, la femme d'un blogueur a même été battue par les forces de sécurité, révélant la montée de la brutalité dans les pratiques  du régime.

La vie des opposants en danger

De nombreux sites d'information [1] farsi ont rappelé (l'ensemble des liens sont en anglais et farsi) que la vie du blogueur emprisonné, Hussein Ronaghi Maleki, est en danger. Son état de santé s'est détérioré depuis qu'il a été transféré dans une cellule d'isolement. Il souffre d'une insuffisance rénale mais les forces de sécurité ont refusé de lui prodiguer les soins médicaux nécessaires.

Hussein a été emprisonné [2] et avec lui, de nombreux volontaires venus aider les victimes du séisme d'août 2012 dans une province de l'Est de l'Azerbaïdjan. il a été libéré grâce à une caution s'élevant à 500 000 dollars américains en juillet 2012.

Hussein Ronaghi Maleki

 

L'épouse du blogueur battue par les forces de sécurité

Les sites d'information ont signalé [1] que Katayoun Bahrami, la femme du blogueur, et l'activiste politique Mohammad Esmailzadeh ont été battus par le chef de la police dans la ville de Babol, au nord du pays, alors qu'elle s'était plaint de la conduite des force de sécurité. Résultat : dents cassées, et plusieurs jours d'hôpital.

Mohammad Esmailzadeh, réformiste, écrivait sur le blog culturel Botimar [3].Un mandat d’arrêt a été lancé à son encontre après les élections présidentielles controversées de 2009. Il a été condamné à 90 jours de prison. Ces derniers temps, les forces de sécurité n'ont eu de cesse de perquisitionner sa maison et ont également confisqué certains de ses effets personnels.

Mohmmad Esmailzadeh, blogger and political activist. Source: Botimar blog

Mohammad Esmailzadeh

 Pas de regrets

De même, la militante  pour les droits de l'homme Shiva Nazar Ahari a été arrêtée [4] et condamnée à quatre ans de prison en septembre 2012. Elle a été accusée d'avoir “tenté de ternir la réputation du gouvernement islamique” et “rassemblé dans l'intention de conspirer contre le gouvernement islamique” ainsi que de “saboté l'ordre public” en septembre 2010.

L'ironie de l'histoire de Shiva Nazar Ahari est qu'elle peut se considérer chanceuse de n’ être condamnée qu'à quatre ans de prison. En effet, elle a été blanchie de l'accusation de “déclenchement d'une guerre contre dieu” [5], crime qui pouvait lui faire encourir la peine capitale.

Shiva Nazar Ahari avait été emprisonnée à plusieurs reprises mais, dit-elle, n'a aucun regret de ses actions. Dans ce court métrage  elle apparaît après sa libération et affirme être déterminée à rester en Iran à n'importe quel prix puisque c'est là que ses actions peuvent avoir le plus d'impact.

Rumeur ou vérité ?

Une information de l’année dernière concernant la sécurité des blogueurs a attiré l'attention de nombreux internautes : le site iranien Mashreg News a évoqué il y a environ un an [6] l'arrestation du blogueur “Shayegan Esfandyari” (probablement un pseudonyme) dans la ville méridionale de Bandar Abbas

Il avait été accusé d'insulte à l'encontre de l'islam et des autorités iraniennes, ainsi que d'avoir maintenu le contact avec des médias étrangers. Ces informations n'ont pas été confirmées par les autorités iraniennes, ni par les organisations des droits de l'homme.

Shayegan écrivait habituellement sur le blog Kamirun [7] (Gamiron) dans lequel il avertit que la plupart de ses articles sont parodiques et que rien n'est trop sacré pour ne pas être critiqué.

Sur le site iranien de partage de liens Balatarin, plusieurs blogueurs ont écrit que le blogueur n'est pas actif pour le moment mais que cela pouvait être du à des raisons techniques ou personnelles…Un commentaire a récemment été publié sur sa page Facebook, commentaire qui ne ressemble guère aux opinions du blogueur [8]. L’inquiétude monte : peut-être a-t-il été arrêté il y a un an et ses comptes personnels sur le Web ont pu être piratés par les forces de sécurité.