Mobilisation pour le maintien du portugais comme langue d'enseignement en France

Le portugais compte environ 250 millions de locuteurs, c'est la sixième langue parlée dans le monde. Il y aurait 2 millions de lusophones en France, essentiellement des immigrés et des enfants d'immigrés portugais.

Le 30 août 2012, Geneviève Fioraso, la ministre de l'Enseignement Supérieur a accordé une interview à Médiapart sur la nécessaire restructuration des Universités, dans laquelle elle déclare:
Avoir du portugais dans toutes les universités, est-ce indispensable ? J’adore le portugais mais avoir une discipline rare dans toute les universités, ce n’est peut-être pas utile”.
Cette interview a ému la communauté lusophone de France, et un appel a été lancé sur Facebook, par Casa Amadis, association lusophone de Montpellier pour protester contre les propos de la Ministre:
Il faut savoir que le portugais est la troisième langue européenne de communication, qu’il est parlé par plus d’habitants dans le monde que le français et que c’est la langue de l’un des pays du G20, le Brésil.(…) Défendre l’enseignement du portugais, de l’italien, de l’arabe… en France, c’est donc aussi contribuer à la défense de la francophonie.
drapeaux du Portugal et de la France sur wikimédia commons- Domaine Publique

drapeaux du Portugal et de la France sur wikimédia commons- Domaine Public

Cet appel a ensuite été relayé par le Lusojornal, journal des Communautés lusophones de France et de Belgique. Alexandra Custodio de Saint-Etienne déclare dans le numéro 94:
Les 2 millions de Français, les 60.000 entrepreneurs d’origine portugaise qui contribuent tous les jours à l’économie de notre pays et qui sont tout à fait bilingues portugais /français, étaient jusqu’à ce jour, un atout pour la France, une passerelle naturelle pour l’accès à ces marchés de langue portugaise, mais maintenant ils se sentent «ignorés» et sont révoltés.
Les entreprises en France recrutent chaque jour de très nombreux diplômés, commerciaux, ingénieurs, etc… parlant portugais. Il faut à la France des étudiants formés en langue portugaise. Savez vous que les étudiants sortant des Universités françaises, formés en langue portugaise, ont un taux d’emploi de plus de 90%?

La France est le deuxième plus grand partenaire du Brésil en termes de recherche scientifique et d’innovation technologique, après les États-Unis. Nombreuses sont les Universités brésiliennes engagées dans des projets de coopération internationale avec la France dans le cadre de projets de recherche, généralement avec le soutien de financements bilatéraux tels que CNPq-CNRS.

Cap Magellan- Le portugal sans clichés met l'accent sur l'importance de ces échanges universitaires.

Cet enseignement est réellement indispensable car de plus en plus les entreprises, mais aussi les laboratoires de recherche, les formations les plus diverses demandent à avoir des spécialistes capables de travailler avec le Brésil, l'Angola ou autre pays lusophone. La coopération universitaire franco-brésilienne a d'ailleurs le vent en poupe et le Brésil vient de créer  un très vaste programme de formation internationale de ses étudiants: Science sans frontières.

Le blog Correspondances Transatlantiques dans une lettre adressée à la Ministre souligne:

la vivacité de l’intérêt des Brésiliens pour la création littéraire, artistique et cinématographique française (le Brésil est aussi le plus grand marché en Amérique du Sud pour la littérature française).

et rappelle  les enjeux économiques et culturels de l'apprentissage du portugais en France:

Outre le fait que de nombreuses industries des secteurs-clé de l’économie brésilienne sont françaises (exploitation pétrolière notamment), les prochains événements de portée mondiale au Brésil (Jeux Olympiques, Coupe du Monde de Football) devraient renforcer l'attractivité que le Brésil va exercer pour les entreprises françaises. Ces événements devraient ainsi offrir de nouvelles opportunités commerciales dans les domaines du BTP, transports, ingénierie environnementale et énergies renouvelables.

Paulo Pisco, député des Portugais de l'étranger à l'Assemblée de la République du Portugal,répond en français et en portugais à la Ministre, dans une tribune postée sur Mediapart:

Pourquoi madame la ministre n'a-t-elle pas pensé à l'héritage culturel profond du portugais, qui va du Japon au Canada, du Sri Lanka en Uruguay? Elle aurait dû penser à l’importance croissante de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), dont 12 candidats de toutes les parties du monde veulent devenir membre-associé, et parmi lesquels on peut trouver des pays comme l’Indonésie, le Venezuela ou le Maroc. À titre d'exemple, le Sénégal et Maurice sont déjà membres-associés.

Laeticia Trigo, qui a participé à l’appel lancé sur facebook, a reçu la réponse suivante de la ministre, qui a autorisé la diffusion de la lettre:

“Je suis bien désolée de ce malentendu. (…). Mon message, insuffisamment retraduit (peut être n'avais je pas été assez claire avec la journaliste) était le suivant : dans un contexte où les universités connaissent des situations financières de plus en plus préoccupantes depuis le passage à l'autonomie (mal) effectué des universités suite à la loi Pécresse de 2007, il faut organiser une offre de formation en réseau et mutualisée. Il se trouve que je venais de recevoir deux universités qui avaient une offre de formation au portugais pour 4 étudiants dans un cas et 3 dans l'autre. J'assume le fait de dire que nous ne pouvons plus financièrement assurer ce type de formation. (…). Bien entendu, cela suppose une aide à la mobilité des étudiants pour ne pas pénaliser une discipline, en l'occurrence une langue pratiquée de plus par une communauté très présente sur notre territoire. (…).

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