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Japon : Perquisitions chez un blogueur anti-nucléaire

Catégories: Asie de l'Est, Japon, Cyber-activisme, Droits humains, Environnement, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique

Ce billet fait partie de notre dossier spécial Séisme au Japon 2011 [1]

Le premier octobre dernier, la police de la préfecture de Fukui a fait irruption au domicile d'un blogueur local, Yuzuri Kaneko, l'un des organisateurs des manifestations contre le nucléaire via sa chaîne YouTube [2]. Après la catastrophe nucléaire de Fukushima déclenché par le tremblement de terre de 2011, le mythe de la sûreté du nucléaire n'a plus le soutien de l'opinion publique japonaise et les manifestations de protestation ont réapparu dans tout le pays.

Alors que les médias nationaux prêtent rarement attention à ces dernières, les vidéos des manifestations de ces mêmes citoyens permettent de faire entendre l'opinion publique — mais révèlent aussi des indices utiles à la police pour identifier et poursuivre les manifestants.

Voici ci-dessous [3]un film tourné par Yuzuru Kaneko, le vendredi 9 novembre, sur la manifestation qui a eu lieu devant la compagnie KEPCO (Kansai Electric Power Company) et durant laquelle les manifestants ont demandé aux employés de bloquer les activités en lien avec la production électrique dans les installations nucléaires.

Cet événement fait partie des manifestations contre le nucléaire qui ont lieu depuis longtemps dans de nombreuses localités japonaises chaque vendredi.

La KEPCO, qui est responsable de la fourniture d'électricité dans la région de Kansai [4], dirige la seule centrale nucléaire encore en activité dans le pays. Le redémarrage de la centrale nucléaire [5] a provoqué de vives controverses en raison de sa localisation ; il est possible qu'il y ait une faille active sous celle-ci [6].

Ubicazione della centrale nucleare Ōi [7]

Localisation de la centrale nucléaire de OI. Image tirée de Wikipedia (CC BY-SA 3.0)

 

Yuzuru a donné à voir les activités anti-nucléaires du groupe citoyen local qui s'oppose au redémarrage de la centrale nucléaire de Ōi [5] dans la préfecture de Fukui. Il avait en particulier repris la manifestation où les citoyens et les militants avaient, le 30 juin dernier, bloqué la grille d'entrée pour empêcher que la centrale reprenne ses activités.

Un militant présent à cette manifestation de juin a été arrêté [8]le 20 septembre. Il est non seulement suspecté d'avoir dégradé des biens mais aussi d'être coupable de “coups et blessures, de menaces et de s'être attaqué aux grilles d'entrée”. C'est la raison pour laquelle la police a perquisitionné le domicile de Yuzuru à la recherche de vidéos pouvant contenir des preuves étayant ces accusations. Yuzuru a déclaré n'avoir rien à voir avec ceux-ci et s'être limité à filmer les manifestations. En dépit de cela, son ordinateur, son disque dur et ses cartes mémoire SD ont été confisqués par la police le 1er octobre.

Le 5 novembre, une a démarré  [9]pour demander à la police de lui restituer le matériel confisqué et le 8, cette dernière a informé Yuzuru que ce serait le cas très bientôt.

Ce billet fait partie de notre couverture spéciale Séisme au Japon 2011 [1]

Photo du titre : Installations 3 et 4 de la centrale nucléaire de Ōi, Photo reprise de Wikipedia [10] sous la licence  Creative Commons BY SA 3.0