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Les Bangladais manifestent contre la mine à ciel ouvert de Phulbari

Catégories: Asie du Sud, Bangladesh, Catastrophe naturelle/attentat, Développement, Droits humains, Environnement, Gouvernance, Manifestations, Médias citoyens, Santé

A Phulbari, ville située à 350 kilomètres au nord-ouest de Dhaka, capitale du bangladesh, les communautés locales se sont rassemblées pour faire entendre leur voix contre la proposition du projet d'exploitation des mines de charbon à ciel ouvert. Le 23 novembre dernier, les autorités ont mis en application la loi 144 [1] [anglais], qui interdit les rassemblements publics de plus de quatre personnes, pour une durée indéterminée et avec pour but de mettre un terme aux manifestations. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue, défiant ouvertement cette interdiction, et c'est aujourd'hui la seconde journée [2] [bangladais] de grève générale à Phulbari.

Le Bangladesh possède d'importantes réserves de charbon et de gaz, et en 1997, la découverte des réserves de charbon de Phulbari [3][bengali] (572 millions de tonnes) a attiré l'attention de nombreuses personnes. Le projet de licence d'exploitation des mines par Asia Energy PLC, société basée en Grande Bretagne, a choisi la méthode à ciel ouvert [4] [anglais], technique très polluante d'exploitation minière en surface qui assurerait un rendement de 80 %. Si ce projet est mis en place tel quel, il concernera plus de 100 villages dans les 59 kilomètres carrés à la ronde et provoquera la délocalisation de centaines de milliers d'habitants.

[5]

Manifestations à Phulbari, sous surveillance policière. Photo Mizanur Rahman.

Les mouvements de contestation contre le projet ont commencé [6] [anglais] en 2006. Les  forces de sécurité ont ouvert le feu sur les habitants de Phulbari, soi disant dans un état « d'agitation incontrôlable » [7] [bengali], provoquant ainsi la mort de trois personnes et en blessant plusieurs autres. Le gouvernement servit de médiateur et de communiquant sur la situation, promettant que les victimes seraient indemnisées et que la licence révoquée. Le projet était encore en suspens quand le pays connut un changement de gouvernement et, qu'au début de 2007, une loi d'état d'urgence fut décrétée au Bangladesh.

En 2011, il apparut [8] [bengali] que la Global Coal Management (GCM) Resources [9] [anglais], anciennement Asia Energy, engagea des pourparlers avec le gouvernement bangladais sur la question du projet d'exploitation de mines à ciel ouvert. Les voilà donc de retour [10] [anglais] dans la zone d'exploitation minière de Phulbari avec une enquête à mener sur deux ans.

[11]

En Grande-Bretagne, des manifestants brandissent panneaux et banderoles devant le siège de la Global Coal Resources AGM à Londres pour protester contre le projet de mines à ciel ouvert prévu à Phulbari. Photo James Melik. Copyright Demotix (6 Dec 2010).

Prabir Kumar Sarker [12] [bengali], journaliste et blogueur, explique pourquoi ce projet peut nuire à la population :

ফেব্রুয়ারির ২৮ তারিখে জাতিসঙ্ঘের মানবাধিকার বিশেষজ্ঞরা ফুলবাড়িতে উন্মুক্ত কয়লা খনির পরিকল্পনায় আশংকা প্রকাশ করেন। এই প্রকল্প শুরু না করতে তারা সরকারকে অনুরোধ জানায়।

Le 28 février 2012, des experts indépendants des Nations Unies, spécialisés dans les droits de l'homme, ont mis en garde contre les dangers d'une éventuelle construction de mine à ciel ouvert à Phulbhari. Ils ont demandé au gouvernement bangladais de ne pas démarrer les opérations.

Selon le rapport d'expertise [13] [anglais] :

La mine telle qu'elle est prévue provoquerait immédiatement le déplacement de 50 000 à 130 000 personnes, avec plus de 220 000 personnes susceptibles d'être directement touchées par les systèmes d’irrigation et l'assèchement des puits.

En plus de cela, le projet prévoit l'extraction de 572 millions de tonnes de charbon pour les 36 années à venir sur un site de 6000 hectares, ce qui provoquerait la destruction de 12 000 hectares de terres agricoles fertiles.

[14]

Des femmes aux foyer manifestent dans la rue pour défendre leur lieu de vie. Photo Mizanur Rahman.

Le 22 février 2012, le London Mining Network et le International Accountability Project ont mentionné dans un rapport [15] [anglais] que:

Les tentatives pour mettre en place et approuver une nouvelle politique nationale du charbon au Bangladesh ont régulièrement été entravées par la controverse liée à l'interdiction de l'exploitation minière à ciel ouvert. Les partisans de l'interdiction insistent sur le fait que les réserves nationales de charbon se trouvent situées dans une zone particulièrement peuplée, ce qui signifie que l'exploitation minière à ciel ouvert aura des conséquences humaines importantes.

Ce rapport explique également que les pays en voie de développement ne gagnent rien à réduire les impôts et redevances pour attirer les investissements étrangers qui bénéficient de vacances fiscales et d'exonérations.

Le International Accountability project [16] [anglais] fait le compte-rendu des derniers évènements qui ont eu lieu à Phulbari:

Le 7 mai 2012: les manifestants, qui appellent le gouvernement à cesser les activités minières de Phulbari et à développer les énergies renouvelables, sont attaqués et frappés par la police, avec pour résultat 15 blessés…Lire la suite>>> [17]

Le 26 aout 2012: des milliers de gens se rallient à la cause de Phulbari Lire la suite>>> [18]

Le 9 novembre 2012: le comité national de Protection du Pétrole, du Gaz, des Ressources Minérales, de l'Electricité et des Ports (C.N.P.P.G.R.M.E.P) a demandé au gouvernement d'interdire l'exploitation à ciel ouvert et de mettre en oeuvre un accord qui prévoit l'expulsion de GCM du Bangladesh. Lire la suite>>> [19]

13 novembre 2012: des milliers de personnes marchent dans Phulbari, demandant l'annulation d'un ordre donné par le ministère de l'intérieur aux administrations locales et aux autorités policières d'aider Asia Energy, la filiale de GCM, à mener ses enquêtes sur les gisements de charbon à Phulbari…Lire la suite>>> [20]

[21]

Des milliers d'habitants de Phulbari se sont réunis pour manifester. Photo Mizanur Rahman.

23 novembre 2012: des milliers de personnes bravent les barricades des services de l'ordre pour manifester à Phulbari, défiant l'interdiction gouvernementale sur les rassemblements publiques de personnes, et le C.N.P.P.G.R.M.E.P a annoncé qu'une journée entière de grève était prévue à Phulbari le samedi 24 novembre Lire la suite>>> [22]

Le 24 novembre 2012: plusieurs milliers de personnes passent les barrières de surveillance installées par la police et envahissent les rues de Phulbari pour protester contre l'interdiction faite par le gouvernement de se rassembler.Lire la suite>>> [23]

Le 24 novembre 2012: des manifestants se rallient au mouvement à Phulbari ; des trains sont arrêtés, des routes sont bloquées, des écoles et des commerces sont fermés. La grève générale continuera demain Lire la suite>>> [24]

Les activistes déplorent le peu de couverture médiatique accordée par les médias traditionnels. Dans un interview sur le site Unmochon.com, le professeur Anu Muhammad [25] [bengali] regrette que, malgré la conférence de presse tenue par le C.N.P.P.G.R.M.E.P, les journalistes ne commentent pas plus la situation.

Ils sont également révoltés par les recommandations faites par un comité gouvernemental d'experts qui estime que “les mines à ciel ouvert” ne peuvent être évitées [26] [anglais]. Sur le site bangladais de la BBC [27] [bangladais], on rapporte que le gouvernement se dit prêt à discuter avec les contestataires qui entament leur deuxième journée de grève aujourd'hui.

pour plus d'informations, merci de lire ce document [28] (pdf).