On se souvient de lui essentiellement comme l'architecte qui a conçu la ville de Brasilia [fr], capitale du Brésil, mais aussi pour avoir été fidèle à ses idéaux communistes pendant plus d'un siècle. Oscar Niemeyer [fr] est décédé à 104 ans, dans la nuit du 5 au 6 décembre 2012, à Rio de Janeiro, des suites d'une infection respiratoire.
Comme en témoignent les nombreux hommages posthumes à travers le monde [pt] Niemeyer a révolutionné l'architecture moderne, en introduisant des courbes et de la légèreté à ses constructions, dans des centaines de projets au Brésil et à l'étranger. Lors de son centième anniversaire, le 15 décembre 2007, Global Voices avait passé en revue [pt] les étapes importantes de son œuvre.
Mais les nombreux hommages rendent compte aussi du fait que Niemeyer s'est toujours fait l'ardent défenseur non seulement de son architecture innovante, mais aussi du communisme, imprégné d'une vision humaniste et athée du monde. Cette posture n'a pas toujours été facile pour l'architecte, qui a été témoin des plus grands bouleversements historiques du XXe siècle, comme les deux guerres mondiales, la dictature militaire au Brésil et la Guerre Froide. Ses positions idéologiques lui ont ainsi coûté des refus de visa pour les États-Unis, et un exil vers l'Europe, en raison de l'absence de commandes dans un Brésil dirigé par les militaires.
Une carrière réussie, ça n'a jamais eu beaucoup de sens pour Niemeyer, qui croyait qu’ “être prêt à manifester et à descendre dans la rue est plus important que l'architecture”, comme il l'a affirmé dans le documentaire “A vida é um sopro” [“La vie n'est qu'un souffle”] (2007), réalisé par Fabiano Maciel.
La longévité de Niemeyer était aussi une des caractéristiques les plus présentes dans l'imaginaire populaire. Le tumblr “Coisas mais novas que Oscar Niemeyer” [“Choses plus jeunes qu'Oscar Niemeyer”] dresse la liste des objets du quotidien inventés après la naissance de l'architecte, en 1907 à Rio de Janeiro. Hier, pour marquer la date de son décès, le blog a publié un dessin de Niemeyer, avec la légende : “Et maintenant, la seule chose qu'il nous reste, c'est le futur”.
Un compte Twitter [pt] rendant grâce à la longévité de Niemeyer témoigne de sa présence dans les réseaux sociaux. Sur Twitter, divers utilisateurs du monde entier lui ont rendu hommage.
Tiago Bicalho (@TiagoMG13) rappelle les idées de l'architecte [en faisant une référence à son athéisme et à son style, tout en courbes] :
Niemeyer dessinait bien avec des lignes tordues [Ndt: un proverbe chrétien brésilien dit que “Dieu peut dessiner une ligne droite avec des lignes tordues”]. Il voulait un pays plus égalitaire. Il a vécu assez longtemps pour voir le Brésil se transformer entre les mains de Lula et de Dilma.
Gracynha Lóppez (@GracynhaLoppez) met en évidence sa pensée avant-gardiste :
Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares – Un des plus grands Brésiliens ! Même ses lignes de pensée étaient des perspectives vers le futur.
Já Dougal Marwick (@dougalm), d'Edimbourg, associe les bâtiments de Niemeyer à de bons souvenirs personnels :
Walking past this with my wife en route to Le Parc des Buttes Chaumont is one of my happiest memories. RIP Mr Niemeyer. http://www.flickr.com/photos/atelier_flir/3671978939/
Passer devant cet immeuble avec mon épouse en allant vers le parc des Buttes Chaumont est l'un de mes souvenirs les plus heureux. Reposez en paix, Monsieur Niemeyer. http://www.flickr.com/photos/atelier_flir/3671978939/
Gunar Almeida (@gunaralmeida) quant à elle s'est montrée sceptique face à l'annonce de la mort de l'architecte centenaire :
Les émissions de télé en parlent tellement, que je commence à croire qu'Oscar Niemeyer est vraiment mort.
Enfin, Rafa Peres (@red_bird) indique le meilleur hommage à rendre à Oscar Niemeyer :
Aux personnes qui rendent hommage à Niemeyer… Ce type était simple. Un conseil : aidez à construire un monde plus juste, comme il l'aurait souhaité.
Pour l'Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (Unesco) Niemeyer méritait aussi le titre d'”artiste universel” comme l'a déclaré sa directrice générale Irina Bokova :
passionné de travail [il était] convaincu que l'architecture, avant d'être un des beaux-arts, doit contribuer concrètement au mieux vivre ensemble dans la cité et incarner des valeurs d'inclusion, de solidarité et de coopération.