Pris dans les hauts et les bas de la vie, Chanphal Sok a été ballotté, enfant, d'un endroit à un autre avec sa mère à la recherche de leur subsistance. Décrivant sa rude existence entre les provinces de Kampong Cham et de Kratie, Chanphal a utilisé son blog, en langue khmère, pour traiter surtout de littérature, écrire de brefs récits, des nouvelles et aussi s'intéresser à l'histoire khmère. Il se raconte aussi parfois, avec l'humour pudique des Khmers. En 2009, un troisième prix de littérature Nou Hach lui a été décerné pour sa nouvelle de 10 pages ‘Kaboub Luy’ ou “Le portefeuille”.
Diplômé de littérature anglaise, mais plus largement connu comme parolier d'un grand nombre des chansons contemporaines khmères les plus connues, et blogueur prolifique, il travaille actuellement, à 28 ans, pour les productions Hang Meas, une des compagnies de production musicale les plus populaires du Cambodge.
“La vie est un compromis. Après avoir écrit l'histoire de ma vie dans ce blog, j'ai vu jusqu'où j'avais cheminé. La vie est un voyage, et même si ce n'est pas une éternité, elle est assez longue pour vivre comme il faut désormais,” dit-il. Kounila Keo, auteur pour Global Voices, a pu s'entretenir par courriel avec Chanphal.
1. Je crois savoir que vous êtes lié au prix littéraire Nou Hach. Combien d'autres prix avez-vous reçu ? Que pensez-vous de la situation des écrivains au Cambodge ?
L'écriture me vient naturellement. J'aime écrire, et ce talent, je ne l'exerce pas si facilement, car je dois constamment le polir. Depuis que j'ai découvert que je sais écrire, j'ai commencé à le mettre en usage. Depuis lors, je reçois beaucoup de soutien des auditoires qui écoutent les chansons que j'écris. J'ai tenté de nombreuses fois le prix littéraire Nou Hach, et ai finalement obtenu un troisième prix pour ma nouvelle “Le portefeuille” en 2009, mais plusieurs autres récompenses n'étaient que des certificats d'excellence. Je crois que très peu de gens au Cambodge s'intéressent à écrire des romans, il y a plus de journalistes que de romanciers ou nouvellistes. Si vous me demandez de dénombrer les romanciers khmers, cela me sera très difficile. Malheureusement, les Khmers ne lisent pas beaucoup ; peu nombreux sont donc ceux qui veulent écrire. Comparé aux pays voisins, le Cambodge ne produit pas beaucoup de livres ou de films locaux, et même nos cinémas sont très calmes.
2. J'ai constaté que vous utilisiez Facebook et d'autre plate-formes en ligne pour publier votre travail ? Que représente le cyberespace pour un professionnel comme vous ?
Bien que je n'aie pas gagné un sou en publiant mes récits sur Facebook ou d'autres plate-formes en ligne comme issuu.com, je n'en suis pas moins heureux d'avoir le soutien de lecteurs khmers. C'est pour cela que j'écris. Pour mon public. J'ai déjà rencontré en ligne quantité de lecteurs khmers, et je suis ravi de pouvoir partager beaucoup de choses avec eux sur Internet.
3. Que pensez-vous des coûts d'impressions des livres papier au Cambodge ? Une plate-forme en ligne telle qu'un blog (wordpress/blogspot) et Issuu sont-ils utiles aux écrivains ici ?
Certainement. Jusqu'à présent, j'ai publié plusieurs livres qui n'ont pas coûté cher, mais ils ont été difficiles à vendre. La distribution dans les petites librairies n'a pas fonctionné, et ceux qui ont voulu les acheter ont donc eu du mal à le faire. Au final, j'ai perdu beaucoup d'argent dans l'impression. Quand je publie mes textes sur l'Internet, je n'ai pas à dépenser le moindre dollar, mais je ne gagne rien non plus.
4. A votre avis, l'internet deviendra-t-il bientôt une ressource importante de publication pour des écrivains comme vous ?
Depuis que j'étais petit j'ai toujours voulu être écrivain. Devenu adulte, je veux seulement partager mes pensées avec le reste du monde, aussi la plate-forme en ligne est mon meilleur choix pour publier tout texte. On en arrive à ce qu'il n'est pas besoin d'être un écrivain professionnel pour publier ses textes. L'Internet fournit un moyen très aisé de publier vos articles, histoires ou romans et gagner un grand nombre d'adeptes. Les Cambodgiens sont de plus en plus nombreux en ligne, un indicateur positif de la croissance du lectorat en ligne. Avant Internet, dans le passé, il nous fallait implorer chez les imprimeurs la publication de nos livres, mais à présent l'Internet peut suppléer les imprimeurs de certaines façons. De nos jours, chacun veut juste écrire et partager. Pourtant, j'aime toujours les livres “papier”, mais le fait est que notre pays n'a que peu de lecteurs de livres. Certains qui essaient de publier des livres échouent souvent, mais si j'ai beaucoup d'argent j'essaierai de publier des livres et de les placer dans des librairies. Nous devons trouver un équilibre.
5. Conseilleriez-vous cela à d'autres écrivains ?
Cela fait plusieurs années que j'utilise l'Internet, et je ne cherche pas à dire que publier des livres n'est pas à conseiller. Mon conseil est que les écrivains se mettent à réfléchir à la publication de leurs oeuvres en ligne s'ils n'ont pas d'argent pour payer les frais d'impression. Quand j'ai commencé à utiliser WordPress, J'ai immédiatement publié mes récits sur le blog. Ceci dit, j'ai toujours un vif amour pour les livres papier, parce qu'ils sont comme des souvenirs que je peux mettre dans ma bibliothèque, sur ma table de nuit. Ce n'est pas la même chose que les livres électroniques, qui existent par millions, sont faciles à télécharger et à lire, modernes et pas du tout encombrants, mais qui n'ont pas la valeur sentimentale des livres.