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Graffitis à Téhéran

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Iran, Arts et Culture, Liberté d'expression, Médias citoyens

L'Iran n'est pas réputé pour la liberté d'expression ni pour les manifestations populaires dans le domaine public. Mais l'art urbain n'y est pas inexistant [1] ; si les fresques, mosaïques et autres peintures ‘approuvées’ ornent les murs de certaines villes, l'art clandestin, même s'il n'est pas aussi présent qu'en Europe, est visible : graffitis, tags et pochoirs s'insèrent discrètement [2] ou plus ouvertement dans les villes.

Graffiti à Téhéran. Photo : Melinda Legendre

Certains murs sont entièrement recouverts de peinture propagandiste, d'un martyr par exemple. Mais ce peut aussi être un dessin abstrait, simplement ornemental. Certains sont de véritables œuvres d'art.

Graffiti à Téhéran, novembre 2012. Photo : Issa

Il y a quelques semaines, un photographe de Téhéran a envoyé par e-mail à l'auteur ces deux photos d'un graffiti, avec ce commentaire :

Graffiti à Téhéran, novembre 2012. Photo : Issa

I took these in Tehran, near a bus stop.
I think someone is fighting with the municipality of Tehran. One day he or she draws a graffiti, the other day the municipality removes it. This goes on and on.

J'ai pris [ces photos] à Téhéran, près d'un arrêt de bus.
Je pense que quelqu'un se bat avec la municipalité de Téhéran. Un jour il ou elle dessine un graffiti, l'autre jour la municipalité l'efface. Ceci se répète.

Trois semaines plus tard, alors que je lui demandai la permission de le citer et de publier sa photo, il répondit que ce serait un honneur pour lui et voulut ajouter :

Now they painted something like a drawing or pattern on that wall to prevent that person to add another piece of graffiti. But before that this wall was really dirty. But now at least it's not dirty. So the enemy of the municipality is now a friend of people because that wall is not dirty anymore.

Maintenant, ils ont peint quelque chose comme un dessin ou un motif sur ce mur pour empêcher cette personne d'ajouter un autre graffiti. Mais avant ça, ce mur était vraiment sale. Mais maintenant au moins il n'est pas sale. Ainsi l'ennemi de la municipalité est maintenant un ami des gens parce que ce mur n'est plus sale.

Ceux qui s'expriment ainsi risquent beaucoup plus qu'en Europe. Aucune loi n'existe à l'heure actuelle en Iran, mais si les autorités considèrent l'œuvre comme subversive, alors elle deviendrait purement et simplement un crime.
L'art de rue émerge seulement en Iran. Souhaitons-lui de prospérer.