La monnaie zambienne se refait une beauté

[Billet d'origine publié le 17 novembre ; liens en anglais] La Zambie va réformer sa monnaie en enlevant trois zéros au Kwacha en début d'année prochaine

Les internautes ont jaugé ce projet de grande envergure pour lequel la Banque de Zambie a même proposé que le 31 Décembre 2012 soit férié afin de permettre une transition en douceur vers les nouveaux billets qui seront introduits à cette occasion.

Rebased Zambian Kwacha

Les nouveaux billets du Kwacha réévalué qui seront en circulation le jour de l’an. Crédit photo Zambian Watchdog.

Le débat a été intense sur le blog Zambia Economist où un certain nombre de personnes sont pour ou contre l'exercice. Un contributeur anonyme du blog écrit :

Les coûts de la refonte du Kwacha pour les entreprises sont de plus en plus clairs. Les avantages seront moins tangibles […] La Standard Chartered Bank Plc a dit  début octobre que la réévaluation coûterait 5 milliards de Kwachas [environ 800.000 €] pour remettre à niveau les systèmes et l'infrastructure. Une partie de cette somme servirait également à la formation du personnel afin d'assurer une transition sans heurt vers le nouveau Kwacha. La Caisse nationale d'épargne et de crédit (NATSAVE) a révélé fin Octobre avoir dépensé 1 milliard de Kwachas pour la préparation initiale de la réforme. L'argent aurait servi à la reconfiguration de la plate-forme informatique et à la mise en œuvre générale de la réforme dans ses 27 succursales à travers le pays.

Le contributeur était encore plus critique de la décision du gouvernement :

Ce qui est triste c’est qu'il s'agit d'une décision purement politique. Pas une seule évaluation économique n’été faite par le GRZ ! Bien sûr, cela est largement dû à la « foi aveugle » des Zambiens ordinaires en la capacité du gouvernement à réfléchir aux choses. Trop de Zambiens se contentent de dire simplement: « le gouvernement y a réfléchi, donc ça doit être vrai ». Nous sommes en 2012, c’est choquant de maintenir une posture qui ne peut être expliquée que par les effets psychologiques de l'héritage colonial.

Un commentaire sur le blog indiquait qui pourrait finalement supporter le coût de la refonte :

C’est vraiment simple. Je dépense 1 milliard en tant qu'entreprise en coûts résultant de la refonte du Kwacha, je vais devoir trouver un moyen de les récupérer et bien sûr je dois trouver la solution pour transférer mes coûts au consommateur ?? Quoi ?? Vous pensiez que j’allais dépenser autant de ma poche ? Cela n'a aucun sens en affaires …….

Dans un billet en réponse au billet ci-dessus, Francis Ilunga rejette l'argument de l'auteur anonyme, déclarant qu'il était employé par la Banque de Zambie, mais écrivait à titre personnel :

[…] L'auteur omet de mentionner les coûts que subissent la plupart des entreprises pour reconfigurer / re-personnaliser les progiciels standard (comptabilité/audit, etc.), qu'ils changent régulièrement. Vous prendrez en compte que les progiciels utilisés en Zambie sont développés dans des juridictions où les valeurs ont tendance à être, au maximum, en millions. La situation actuelle en Zambie, où certains organismes, en particulier les banques enregistrent les valeurs en milliards de Kwacha, nécessite une personnalisation plus poussée de ces progiciels afin d'élargir les champs de données, ce qui est très coûteux. Avec la réforme du Kwacha, les entreprises ne dépenseront plus d'argent en reconfiguration / personnalisation des progiciels nouvellement acquis.

Ilunga a également replacé dans le temps la décision de réévaluer le Kwacha, et écrit :

[…] L'idée de réévaluer le Kwacha est née en 2003, mais les fondamentaux macroéconomiques en vigueur à l'époque ne permettaient pas sa mise en œuvre. Par exemple, les taux élevés d'inflation aurait signifié le retour à des plus grandes valeurs de dénomination dans un court laps de temps, comme ce fut le cas au Zimbabwe. Dans un passé récent, l'inflation a ralenti pour tomber à un seul chiffre. Ce faible niveau de l'inflation, conjuguée aux conditions macroéconomiques favorables, a fourni un moment opportun pour réévaluer la monnaie zambienne. Par conséquent, la réforme du Kwacha n'a rien à voir avec la politique comme l'auteur l’écrit.

Il a expliqué ce que la Banque centrale faisait pour se préparer à la réévaluation:

Vous serez heureux de constater que les 3 derniers zéros sur les billets (en rouge) de 50.000, 20.000, 10.000, 5.000 et 1.000 Kwachas, sont de plus petite taille, la raison en est simple, la BOZ avait à l'esprit l'idée d’effacer ces petits zéros au moment opportun, et ce moment opportun c’est maintenant

En commentaire au billet d’Ilunga, un contributeur anonyme écrit :

Bravo, vous êtes bien économiste, nous avons besoin de ces informations exactes pour que les gens ne pensent pas que la réforme du Kwacha est juste un exercice académique [sic] et coûteux conçu pour bénéficier à quelques individus et institutions.

Un lecteur sur le site du Lusaka Times, Enka Rasha, qualifie les changements de cosmétiques :

Les coûts de cet habillage artificiel du Kwacha auraient pu construire quelques écoles. Après tout des pays comme le Vietnam échangent 1 dollar à 20.000, la Bolivie à 1 dollar pour 7.000 et 1 dollar US = 25.000 pesos cubains ; et pourtant ces pays ne sont pas pressés de faire des changements cosmétiques comme la Zambie. Améliorez l'économie, permettez de meilleurs revenus et niveaux de vie avant de vous précipiter dans des changements cosmétiques

Les Zambiens attentent que la nouvelle monnaie entre en vigueur ce qui se fera assez rapidement car le gouvernement a déjà présenté le projet de loi au Parlement.

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