[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]
Il y a quelques semaines, je rédigeais un statut sur Facebook, quand j’ai remarqué qu’un ami, qui avait été arrêté en Syrie avait “aimé” la page d’un assureur. J’ai été choquée et j’ai immédiatement regardé son profil pour voir s’il avait été relâché. La dernière mise à jour de son statut datait de plusieurs mois, pourtant, il semblait avoir cliqué sur le bouton « J’aime » d’une société à laquelle je doute qu’il s’intéresse de toute manière.
J’ai imaginé qu’il s’agissait d’une erreur et je n’ai pas fait plus de recherches à ce sujet, jusqu’à ce que je lise un article de Read Write Social s’intéressant aux anomalies des “j'aime” et annonces. Parmi les exemple cités, cet article mentionne des personnes libérales soutenant la page de Mitt Romney, un anarchiste engagé qui aime des marques commerciales et même une personne décédée qui “aime” des pages depuis l’au-delà.
Facebook a expliqué à Read Write Social que « les mentions J’aime des personnes décédées peuvent se produire lorsqu’un compte n’est pas “mémorialisé” », autrement dit que personne n’a informé Facebook du décès de son détenteur. Ceci laisse de nombreuses questions en suspens. Et si l’utilisateur n’a jamais « aimé » cette page en premier lieu ? Quelle est donc l’explication de cet étrange comportement de son compte ? Quelles peuvent être les conséquences pour une personne ayant prétendument aimé une page alors que ce n’est pas le cas ? Par le passé, des “j'aime” ont déjà été utilisés dans des procédures judiciaires.
L’équipe de Global Voices Advocacy est préoccupée par ces questions. Elle a donc pris contact avec Facebook à ce sujet et reçu un courrier électronique d’un porte-parole de la société, remerciant d’avoir attiré leur attention sur cette question, mais sans fournir d’explication pour le moment.
Elle a demandé aux collaborateurs de Global Voices s’ils avaient remarqué de tels procédés concernant les pages et les annonces Facebook. Parmi les 20 personnes ayant répondu, 12 ont fait état de fonctionnements suspects :
Effectivement, je l’ai constaté régulièrement. Des amis sans enfants qui aiment des publicités Pampers, un homme qui aime Falabella, un détaillant de bijoux, un média qui plairait à mon mari alors qu’il ne correspond pas à ses intérêts.
Ça se produit tous les jours. S’agit-il d’une campagne de publicité masquée ?
Ça m’est déjà arrivé. Je me souviens plus du nom exact de la page, mais elle était dédiée à un joueur de cricket indien.
Oui, j’ai remarqué ce genre de choses plusieurs fois. Dans mes fils d’actualité de pages, apparaissent des informations provenant de pages auxquelles je ne me suis jamais abonné. Je ne comprends pas sur quelles bases, car les pages n’ont rien en commun. Ça m’est arrivée avec la page Shawerma El Rim.
Le fait que les utilisateurs de Facebook puissent sembler intéressés par du contenu alors que ce n’est pas le cas signale un danger. Ce que les personnes aiment ou n’aiment pas, les informations qui les intéressent et les campagnes qu’elles soutiennent, sont des éléments liés à leur personnalité et de fausses informations à ce sujet peuvent compromettre leur image publique.
Voici une autre réponse à notre sondage réalisé parmi les collaborateurs de Global Voices :
J’ai récemment enregistré des captures d’écran où il était indiqué que mon ami « aimait » Mitt Romney et Lincoln Cars, pourtant, ni l’un ni l’autre ne s’affiche sur son profil. Il m’a confirmé qu’il n’avait jamais aimé ces pages. En plus, il est démocrate et ça lui a valu des messages haineux.
Les plaintes ne concernent pas uniquement les pages et les publicités, mais également les événements:
Une amie a créé un événement pour son anniversaire, invitant uniquement 6 personnes de sa classe. Son paramétrage de confidentialité pour l’événement était « Amis des amis ». J’ai vérifié, elle a vraiment invité seulement 6 personnes. J’ai donc été surprise de voir que ma cousine avec cliqué qu’elle assisterait peut-être à l’événement, ce qui signifie qu’elle a été invitée, puisqu’elle et mon amie ne sont pas amies. Une autre personne qui n’est pas mon ami, ni celui de celle qui a créé l’événement semble participer. Nous ne savons pas de qui il s’agit et il n’a évidemment pas été invité. Je trouve cela dangereux. Qu’allons-nous faire si cette personne débarque chez mon amie ?
Qui se cache derrière ces faux j'aime et fausses invitations ?
Selon l’auteur de l’article de Read Write Social, Bernard Meisler, « il est difficilement imaginable que Facebook commence à “aimer” des pages à la place des gens sans leur accord. Même pour Mark Zuckerberg, celui qui un jour a dit des utilisateurs du site “Ils me font confiance, ces idiots“, cela paraît exagéré ».
Toutefois, il est tout aussi difficile d’imaginer que les marques en question et les annonceurs de tierce partie agissent de la sorte sans que Facebook ne soit au courant. Quoi qu’il en soit, Facebook devrait se préoccuper de cette affaire et des conséquences pour la crédibilité et la fiabilité du site.