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Iran : Les moments les plus marquants en 2012 sur le web

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Iran, Droits humains, Gouvernance, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Technologie

Comme d'habitude, les internautes iraniens ont fait face à de nombreux défis en 2012. Ils ont vu la répression en ligne croître et devenir plus institutionnalisée avec le lancement d'une force de police officielle du web [1] [en persan]. D'autre part, ils ont défié le régime islamique de maintes façons tout au long de l'année, par exemple en filmant des manifestations dans la rue, en signalant les défaillances d'institutions gérées par le gouvernement, et en faisant campagne pour des prisonniers politiques et des questions environnementales.

Ci-dessous se trouvent quelques uns des moments les plus mémorables de l'année sur le web iranien en 2012. Le régime a poursuivi ses tactiques répressives et impitoyables contre les blogueurs et internautes toute l'année. Cela a débuté avec la répression de blogueurs et a fini avec l'assassinat de l'un d'entre eux.

Blogueurs enchaînés

[2]

Sattar Beheshti, un blogueur torturé à mort

L'Iran compte de nombreux courageux cyberactivistes, mais il y a un nom qui brille plus que les autres et a marqué 2012 : Sattar Beheshti [3], 35 ans, blogueur de Robat-Karim, au sud-ouest de Téhéran, qui a été arrêté pour avoir critiqué le gouvernement en octobre et torturé à mort dans la prison d'Evin.

Des internautes iraniens ont lancé une importante protestation en ligne [4] [en persan] après avoir appris la nouvelle choquante de la mort de Beheshti, et selon des officiels à Téhéran, le chef de la cyberpolice iranienne a été démis [5] [en anglais] de ses fonctions à la suite de cette mort.

En janvier, nous avons appris [6] qu'un blogueur iranien âgé de 50 ans, Mohammad Reza Pour Shajari (alias Seyamek Meher [7] [en persan]), avait été accusé d'“insulte envers le Prophète de l'Islam” et d'“inimitié envers Dieu” ou “de livrer une guerre contre Dieu”, accusations qui peuvent entraîner la peine de mort en Iran. Son procès, le 21 décembre 2011, n'avait duré que 15 minutes.

Selon [8] [en anglais] Reporters Sans Frontières, 18 internautes sont toujours emprisonnés en Iran et il semble qu'aucune activité virtuelle ne soit sûre dans le pays, car la cyberpolice a “fièrement” annoncé à plusieurs reprises qu'elle avait arrêté plusieurs administrateurs de pages Facebook [9] [en anglais]. Même un blogueur favorable au Président Mahmoud Ahmadinejad a purgé [10] [en anglais] une peine de prison, et plusieurs autres ont été censurés alors que les rivalités entre factions gouvernementales se sont accrues.

Grande nuit

Des blogueurs, comme des millions d'Iraniens, ont fait la fête lorsque le long-métrage de Asghar Farhadi, Une Séparation, a remporté le premier Oscar pour l'Iran. Des internautes ont participé à d'effervescentes réjouissances, et des fans ont également créé des posters [11] [en anglais] pour Une Séparation, pour tous les goûts. Ils ont aussi critiqué l'agence Fars News – pro-régime – quand celle-ci a ‘embelli’ le discours de Farhadi aux Oscars [12] et changé, durant la traduction en farsi, ses mots en : « Le peuple iranien respecte toutes les cultures malgré l'hostilité occidentale envers le programme nucléaire iranien. »

Histoire d'amour virtuelle Israël-Iran

Des Israéliens et des Iraniens échangeant des messages d'amour, cela sonne plus étrange que de la fiction en ces temps de tension, alors que les gouvernements iranien et israélien se menacent [13] [en anglais] l'un l'autre à coup de menaces nucléaires. Une campagne Facebook [14]  [15]en Israël qui dit « Nous ne bombarderons jamais votre pays. Nous vous aimons » aux Iraniens,a reçu une réponse [16] de la part d'Iraniens sous la forme d'une campagne Facebook analogue qui dit aux Israéliens « Nous sommes vos amis. »

“Iraniens, nous ne bombarderons jamais votre pays. Nous vous aimons”

 

Grève à Téhéran

Manifestations et grèves furent rares en 2012 mais quand elles ont eu lieu, des cyberactivistes étaient sur place pour en rendre compte. Des commerçants se sont mis  en grève dans le Bazar de Téhéran début octobre pour dénoncer la détérioration de la situation financière de l'Iran en raison des sanctions internationales. Des protestataires ont affronté les forces de sécurité sur Istanbul Square à Téhéran et ont entonné “Ensemble avec la Syrie !”. Ce slogan était fort probablement inspiré par le fait que de nombreux Iraniens reprochent au gouvernement iranien de soutenir financièrement le régime syrien [17] [en anglais], à un moment où leur propre pays a besoin de liquidités.

Soutien aux prisonniers politiques

Des blogueurs ont fait campagne et ont soutenu plusieurs prisonniers politiques dont Nasrin Sotoudeh [18], activiste des droits de l'homme emprisonnée, lorsqu'elle a entamé une grève de la faim. Finalement, après 49 jours de grève de la faim, le gouvernement a levé l'interdiction de voyager imposée à la fille adolescente de Sotoudeh [19] [en anglais].

 

Contrôle d'Internet

L'État Islamique continue sa “croisade” pour contrôler de plus en plus le web iranien. Samedi 23 septembre 2012, le régime en <https://fr.globalvoicesonline.org/2012/09/25/122841/”>a surpris beaucoup en filtrant Google et Gmail pendant une courte période. Le régime avait pris sa décision suite à une demande exprimée par des Iraniens de s'opposer à un film anti-Islam sur YouTube [20] [en anglais].

Beaucoup ont interprété ce filtrage comme une nouvelle étape vers un contrôle d'internet ou le lancement d'un “internet propre” comme promis [21] par des officiels iraniens plus tôt cette année.

Posséder [22] [en anglais] les infrastructures pour le squelette d'un internet ‘seulement iranien’ donnerait au gouvernement iranien un plus grand pouvoir pour fermer l'accès à Internet pendant les périodes de troubles civils.

Au-delà de la politique

Les internautes iraniens ne se sont pas limités à des sujets d'ordre politique mais ont également couvert plusieurs questions environnementales et humanitaires :

Sauver un lac [23] 

 Le 21 mai 2012, une fois encore des militants à Ourmia et dans plusieurs autres villes dans la parite azerbaïdjanaise d'Iran ont appelé le gouvernement à sauver le Lac d'Ourmia [24] qui se meurt, l'un des plus grands lacs salés du monde.

Dons de sang [25] 

 Deux puissants tremblements de terre ont secoué [26] [en anglais] la région nord-ouest de l'Iran, province de l'Azerbaïdjan oriental [27] le 11 août, tuant 250 personnes et en blessant quelque 1 800 autres. Les séismes ont atteint 6,4 et 6,3 de magnitude, laissant destructions et souffrance dans leur sillage. Les Iraniens ont afflué sur internet pour pleurer les victimes et appeler à des dons de sang et à de l'aide.

Poches vides pour les soins médicaux [28] [en anglais]

 Arseh Sevom a décrit des conséquences des sanctions sans précédent sur la vie de millions de patients en Iran. “Il ne se passe pas un seul jour sans que l'on entende une nouvelle histoire à propos de pénuries de médicaments en Iran et comment ceci affecte défavorablement les Iraniens, en particulier ceux qui ont besoin d'un traitement continu,” écrit l'organisation des droits de l'homme.

Nous abordons 2013 comme une année de défis pour tous les Iraniens avec des élections présidentielles proches et un désespoir grandissant entraîné par les sanctions économiques. Les cyberactivistes iraniens ont joué un rôle crucial en rapportant des informations et en les commentant, transcendant à la fois le politiquement correct et la répression.