Cet article fait partie de notre dossier spécial sur le procès des réformistes en Arabie Saoudite
Le jugement de Mohammad Al-Qahtani et Abdullah Al-Hamid, deux activistes saoudiens très influents dans le domaine des droits de l'homme, devait être rendu ce mercredi 15 janvier ; il sera finalement reporté à une date non définie.
Les deux activistes sont jugés pour divers faits, comme avoir « brisé le serment d'allégeance prêté leur souverain et son successeur » et « avoir tenté de nuire aux développement du pays ». C'est l'une des rares et premières fois qu'un procès d'activistes politiques est rendu public. Ce procès fait l'objet d'une attention considérable de la part des médias et des Saoudiens, ce qui a poussé les activistes à tenter leur chance en appelant à de véritables réformes ; ils ont également profité de l'occasion pour accuser le ministre de l'Intérieur d'être responsable de torture ainsi que de la détention arbitraire de dizaines de milliers de personnes. Le juge a aussi tenu le rôle de procureur de la république, en débattant avec les deux prévenus de ce que la religion dit du droit à manifester et du devoir religieux d'obéir à son souverain.
Al-Qahtani déclare sur Twitter :
@MFQata hni: le verdict du procès #acprahr a été repoussé à une date ultérieure et non communiquée. Le juge a promis de nous tenir informés. #Saudi
Leur jugement avait démarré en juin 2012, séparément et dans le plus grand secret. Après la première audience, le juge a réuni les deux procès pour n'en faire qu'un. Quelques dizaines d'activistes ont assisté à la deuxième audience, en la commentant en direct sur Twitter et en prenant également des photographies. Le juge a déclaré plus tard que cela perturbait l'ordre de la salle d'audience et a par conséquent décidé de rendre les audiences futures à nouveau privées. Au cours des audiences qui ont suivi, les activistes ont tous deux refusé d'être jugés en secret et ont menacé de ne plus parler. A la cinquième audience, le juge a finalement capitulé en rendant les audiences à nouveau publiques. De plus en plus de personnes se sont rendues au procès, attirant l'intérêt des médias internationaux et d'autres activistes.
L’Arabie Saoudite est une des dernières monarchies absolues encore existantes et détient le triste record d'avoir dans ses prisons 30 000 personnes qui n'ont jamais été jugées. Puisque le gouvernement impose (son interprétation de) la loi de la charia, les procès et les audiences sont souvent le lieu de débat sur ce que la charia représente.
Cet article fait partie de notre dossier spécial sur le procès des réformistes en Arabie Saoudite