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Chanda Chimba III, un réalisateur zambien indépendant qui avait tourné des documentaires dénonçant l'actuel président Michael Sata avant qu'il n'entre en fonction (pendant qu'il était encore le dirigeant du parti d'opposition, le Front Patriotique) a été arrêté.
Il est inculpé d'impression et de publication illégales et de “recel de biens suspectés d'avoir été acquis par des actions frauduleuses”.
Ses critiques voient en lui un agent de propagande alors que ceux qui le soutiennent le considèrent comme un journaliste d'investigation. La série de documentaires “Stand Up For Zambia” (Défendez la Zambie) présentait Sata sous un mauvais jour et annonçait ce que serait la vie sous le gouvernement Sata s'il était élu. Ces films ont été diffusés sur la chaîne gouvernementale Zambia National Broadcasting Corporation TV dans les mois qui ont mené aux élections présidentielles du 20 septembre 2011.
Vilipendés à l'époque, les documentaires font maintenant un tabac sur YouTube tandis que la plupart des événements prédits par Chimba, comme l'arrestation des dirigeants de l'opposition et l'interdiction qui leur est faite de se réunir en public, se sont concrétisés.
Chimba, surnommé “le Prophète” par les internautes à cause de ses prédictions, a été arrêté en même temps que l'ancien ministre de l'Information et des Médias, le lieutenant-général Ronnie Shikapwasha, l'ancien directeur adjoint du Zambia Daily Mail, Davis Mataka, et le consultant en médias Ng'ande Mwanajiti, pour des délits liés à leurs publications avant les élections.
Voici la présentation de l'un des épisodes de “Stand Up For Zambia” par mpeachsata sur YouTube :
Stand Up For Zambia est une série de documentaires réalisés par le journaliste d'investigation Chanda Chimba pour ZNBC en 2010-2011. Depuis l'élection du Front Patriotique au pouvoir l'an dernier, M. Chimba a été menacé d'arrestation à plusieurs reprises et subi un harcèlement constant de la part du gouvernement. Ses films prédisent une grande partie les abus de pouvoir auxquels se livre actuellement le gouvernement de Sata en Zambie. Pour plus d'informations, veuillez écrire à impeachsata@gmail.com.
Sur les médias citoyens, les réactions à l'arrestation de Chimba ont été multiples. Sur le groupe Facebook public Zambia Peoples Pact, Nawa Mukwati Sibongo, commente ainsi l'événement :
J'attends de voir Fred Meembe [propriétaire et rédacteur en chef du Post Newspaper] soutenir Chanda Chimba III en tant que collègue. Ils ne s'accordent peut-être pas sur le contenu ou le style, mais ils devraient se battre pour la liberté d'expression et celle des médias. Je m'attends aussi à ce que les organisations médiatiques prêtent main forte au jeune homme.
En réponse à Sibongo, Emmanuel Khantafu Zulu dresse la liste des chefs d'inculpations sous lesquels Chimba a été arrêté :
Voici les détails des accusations contre Chanda Chimba III : impression et publication illégale des journaux “Stand up for Zambia” et “News of our times” qui n'étaient pas enregistrés auprès du bureau du Directeur national des archives de Zambie. Il était en possession ou disposait d'un total de 611 440 433,12 Kwacha [environ 86 323 euros]. Il utilisait ces fonds pour payer les médias privés et l'imprimerie de la Zambia National Broadcasting Services Corporation, Muvi Television et du Daily Mail Limited respectivement. Cette somme est raisonnablement suspectée d'avoir été acquise de manière frauduleuse.
Mbwantu a écrit en commentaire sur le site ZambianWatchdog [les commentaires sur ce site n'ont pas d'URL permanente]:
Franchement, Sata devrait juste revenir à la raison et prouver que Chanda Chimba est un menteur. Arrêter les gens qui disent la vérité pour le bien du pays ne va en aucune façon aider le “cobra”. S'il a accompli quoi que ce soit, c'est de confirmer ce que Chimba a dit de lui.
Après tout, ETRE SOUS LE REGIME DE SATA OU ETRE MORT OU EMPRISONNE, CELA NE FAIT AUCUNE DIFFERENCE. [en majuscules dans l'original]
Une lectrice a écrit ce commentaire sous le pseudonyme Margaret Thatcher :
Chanda Chimba se faisait un devoir de rappeler aux gens qui ont la mémoire courte, que [Sata] est un homme qui dit toujours des choses qu'il n'a pas l'intention de faire. Un homme qui dit ceci aujourd'hui, et change de discours quand ça l'arrange. Un homme qui pourrait dire un mensonge dangereux simplement pour s'assurer une victoire politique. Nous sommes vraiment faciles à berner! Et c'est peu de le dire.
Wanzelu ku Choma soutient les arrestations:
ça ne me dérange pas. Ce t ype doit répondre de ses actions en temps voulu.
Dans le journal Lusaka Times, Rocky prévient que les dirigeants du Front Patriotique pourraient subir le même sort :
C'est dans la nature de la politique africaine.
Sata et ses acolytes ne devraient pas oublier non plus qu'ils seront pareillement pourchassés et assignés en justice dès l'instant où le FP quittera le pouvoir.
Préoccupée par les événements politiques en Zambie, la Coalition pour la Défense des Droits Démocratiques (CDDR, acronyme anglais), cite un de ses membres, le juriste de droit international Robert Amsterdam, sur le site de l'organisation :
Le Président Michael Sata et le gouvernement du Front Patriotique doivent cesser immédiatement les arrestations illégales et les procès de journalistes et de leaders de l'opposition, selon la Coalition pour la Défense des Droits Démocratiques (CDDR).
Ces arrestations à caractère politique représentent une campagne d'intimidation qui bafoue les droits de tous les citoyens zambiens, notamment le droit de réunion et la liberté d'expression” affirme Robert Amsterdam, avocat international pour la CDDR. “C'est absolument inacceptable pour tout pays qui veut prétendre s'appeler une démocratie où règne l'état de droit, que de voir les dirigeants agir dans l'impunité, au mépris des lois locales et internationales, pour persécuter leurs opposants”.