La diaspora cubaine commente la fin du visa de sortie

Après une longue attente, c'est finalement arrivé. Le gouvernement cubain a mis fin à la nécessité d'un visa de sortie – l'autorisation de l'État – pour quitter le pays. Des blogueurs, nombre d'entre eux membres de la diaspora cubaine, partagent leurs réflexions sur ce nouveau développement.

Havana Times (un blog insulaire) [anglais] en présente le contexte :

Les Cubains n'auront plus besoin de permission de sortie ni d'invitation en provenance de leur destination pour être autorisés à voyager.

Le gouvernement du Président cubain Raul Castro avait annoncé mi-février son intention de lever les restrictions de voyage, ce qui faisait partie des réformes les plus attendues des citoyens de ce pays communiste.

Depuis lundi, les Cubains n'ont plus besoin que d'un passeport valide et d'un visa en provenance de leur pays de destination pour pouvoir voyager temporairement à l'étranger.

Avec la nouvelle législation, les Cubains seront aussi autorisés à rester à l'étranger jusqu'à 24 mois, à comparer avec les 11 mois actuels.

De plus, les migrants qui ont quitté Cuba illégalement depuis 1994 seront également autorisés à rentrer.

On ne sait pas encore si les professionnels qualifiés, comme les médecins et les plus prestigieux athlètes, seront autorisés à voyager à l'étranger sans restrictions. Les mêmes doutes existent au sujet des dissidents.

De tels avertissements ont suscité des critiques de la part de blogueurs de la diaspora, même si la mesure pourrait signifier des visites facilitées entre membres de familles séparés par l'émigration ou l'exil. Babalu, par exemple, était sceptique [anglais] :

Les actualités cubaines de ce matin débordaient d'articles sur les supposées réformes migratoires de la dictature de Castro qui ont pris effet hier sur l'île. Pour la plupart, les journalistes traitent cet événement comme un tournant décisif dans l'histoire de plus de 50 ans de tyrannie à Cuba. Ceci en dépit du fait que le régime de Castro contrôle toujours complètement qui peut et qui ne peut pas quitter Cuba et il n'existe pas de réelles indications que les ‘réformes’ vont réformer grand chose. Néanmoins, les médias n'ont pas besoin d'être poussés lorsqu'il s'agit de vanter la magnanimité de la dictature de Raul Castro, et cette histoire douteuse est aussi bonne que toute autre histoire douteuse sur la dictature cubaine comme excuse pour festoyer.

Quoi qu'il en soit, comme on dit, l'arbre se jugera aux fruits.

Notes from the Cuban Exile Quarter [anglais] a exprimé son désaccord dans un communiqué de presse de John McAuliff (du Fonds pour la Réconciliation et du Développement, dont le blogueur décrit comme poussant “à une rencontre entre le gouvernement des États Unis et la dictature à Cuba”), dans lequel il a déclaré que “Cuba laisse maintenant plus de liberté de voyager à presque tous ses citoyens que les USA” :

Avec tout le respect dû à Mr. McAuliff, la déclaration ci-dessus n'est pas corroborée par les faits et lui vaudrait les moqueries de nombreux Cubains. Par exemple, Rosa María Payá ne fut pas autorisée par le gouvernement cubain à voyager entre le 8 et le 15 janvier à Santiago du Chili. Ce ne sont pas seulement les Cubains qui contredisent son affirmation.

Le gouvernement des États-Unis ne limite pas les voyages hors du pays des médecins et des athlètes. Ce n'est pas le première fois que la presse et les ‘spécialistes de Cuba’ ont sauté sur une déclaration du régime de Castro tout en ignorant les informations qui contredisent leur jugement optimiste.

L'article conclut :

Qu'il s'agisse de censure ou de liberté de voyager, le régime cubain a fait beaucoup de bruit mais la politique sous-jacente de contrôle et de répression reste intacte.

Les changements effectués par la dictature cubaine sont de nouvelles règles pour un même vieux jeu : s'accrocher au pouvoir.

Le blog Capitol Hill Cubans, pendant ce temps, dirigeait vers un article des médias classiques qui suggérait qu'il y avait des coûts imprévus – et fort probablement prohibitifs – associés à la nouvelle loi sur la migration. Along the Malecón, néanmoins, était plein d'espoir, et a utilisé un tweet de la dissidente renommée Yoani Sanchez (qui s'est vu refuser un visa de voyage à plusieurs reprises) comme justification de son optimisme :

Cuba évolue toujours si lentement – certainement pas assez rapidement pour certains – mais il change.
La dernière preuve :
La célèbre blogueuse cubaine Yoani Sánchez dit qu'elle sera autorisée à quitter le pays et à revenir, sous les nouvelles règles d'immigration qui prirent effet le 14 janvier.
Sánchez a tweeté sa joie :
Est-ce que ce sera notre chute du Mur de Berlin ? Je ne sais pas !

L'un des tweets auxquels la blogueuse faisait référence est sans nul doute celui-ci :

@yoanisanchez: #Cuba Calculo que en la 1ra semana de febrero tendre mi pasaporte y ya podre viajar… cruzo los dedos. Cuando este en el avion lo creere!

@yoanisanchez: #Cuba Je calcule que d'ici la 1ère semaine de février j'aurai mon passeport et pourrai voyager… je croise les doigts. J'y croirai quand je serai dans l'avion !

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