Mexique : Florence Cassez, coupable d’enlèvement ou victime d’une machination ?

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]

La libération de la française Florence Cassez [FR], après sept ans de détention au Mexique pour enlèvement, possession illégale d’armes à feu et crime organisé, a été largement discutée sur le Web. Une révision complète de l’affaire effectuée par la Cour suprême a donné lieu à suffisamment de doutes sur sa culpabilité et démontré que Florence Cassez s’était retrouvée dans une situation complexe entre un département de police en mal de légitimité, deux ex-présidents aux intérêts opposés [FR], Felipe Calderón au Mexique et Nicolas Sarkozy en France, et une population en quête de justice.

Il y a un an, nous pouvions lire sur El blog de La_Morsa :

Une partie des difficultés commence avec le scénario, orchestré par García Luna, secrétaire à la Sécurité publique du gouvernement fédéral actuel, où la bande de kidnappeurs se faisait surprendre par une équipe d’opération spéciale, délivrant les victimes, toutes saines et sauves. Seulement, il y avait des journalistes et des caméras sur place. Tout était monté. Ils les avaient déjà arrêtés et ils n’ont rien trouvé de mieux que de monter tout cela pour prouver aux médias l’efficacité de la police.

Florence Cassez. Photo publiée librement sur Internet par plusieurs médias.

Les internautes sont divisés. Certains sont indignés par la libération de la Française et accusent les autorités de privilégier les droits de l’accusée sur ceux des victimes ; d’autres soutiennent la décision des autorités car les irrégularités du procès laissent planer le doute quant à la culpabilité de Florence Cassez. L’affaire, qui a mis en évidence sur la scène internationale les failles du système judiciaire mexicain, la manipulation médiatique, a dès le début fait l’objet de controverses.

Les personnes favorables à la libération citent, entre autres, la publication dans la revue Proceso du 13 mars 2012, d’un article intitulé 25 raisons pour libérer Florence Cassez. Nous pouvons y lire :

Parce que la mise en scène de son arrestation, ordonnée par Genaro García Luna, a violé sa présomption d’innocence. Elle est devenue présumée coupable.

Parce que lors de leur première déposition, les victimes Christian Ramírez et Cristina Ríos Valladares n’ont pas reconnu Florence Cassez, ni sa voix. Cristina Ríos a ajouté que l’AFI [Agence fédérale mexicaine d’investigation] l’avait informée de la participation de Florence Cassez à l’enlèvement.

Parce que la première déposition de Florence Cassez eut lieu sans que celle-ci puisse communiquer avec un fonctionnaire du consulat de son pays, ce qui représente une violation de la Convention de Vienne.

Certains internautes ont remis en question l’exception faite pour Florence Cassez, en comparaison avec d’autres affaires dont les procès avaient été douteux aussi. Par exemple celle de l’organisation Iluminemos México (@iluminemos):

@iluminemos : Les personnes actuellement détenues dans les prisons mexicaines ont bénéficié de procès équitables ? Ou #Cassez a-t-elle bénéficié d’un traitement préférentiel ?

Le journaliste et producteur Epigmenio Ibarra (@epigmenioibarra) a proposé de reconsidérer qui était coupable dans l’histoire :

@epigmenioibarra : Si #Cassez est libérée, le producteur de manipulations télévisées, Genaro García Luna, doit aller en prison, vous ne pensez-pas ?

L’activiste mexicaine Claudia (@ClauVillegasm) a condamné la libération :

@ClauVillegasm : Dans ce pays, les chiens tuent, mutilent et violent et les kidnappeurs restent libres. Et ils les libèrent car leurs droits n’ont pas été respectés #casocassez

De son côté, Rodimiro Trollotzin (@Dios_Tollotzin) s’interrogeait :

@Dios_Tollotzin : Si un(e) Mexicain(e) enlève et mutile qqn en France, ils le libéreraient uniquement à cause d’irrégularités dans le procès ? #CasoCassez#cassez

La journaliste Fernanda Familiar (@qtf) s’est exprimée en pensant aux victimes :

@qtf : Libérer #Cassez… Personne ne parle des victimes, du traumatisme, de la cicatrice qui restera dans leur vie. C’est criminel, comme elle.

Mónica Garza (@monicagarzag), comme beaucoup d’utilisateurs de Twitter, a fait part de son indignation :

@monicagarzag : Imaginer Florence Cassez confortablement assise dans un avion en direction de la France, c’est indignant et honteux.

D’autres, tels que le journaliste Julio Hernández L. (@julioastillero), soulignent le fait que le revirement de la justice coïncide avec le changement de président :

@julioastillero : Dans une République bananière, en quelques semaines, la Cour change diamétralement de position sur une affaire (Cassez) quand les dirigeants changent.

Certains ont imaginé l’existence d’un accord entre les nouveaux gouvernements français et mexicain, comme Diego Ayala (@elcincocuatro) :

@elcincocuatro : #Cassez, qui était coupable sans que cela fasse le moindre doute, sort de prison parce qu’ils ont monté un show et que le président veut être en bons termes avec la France, vive la France !

Le communicologue Alberto Velarde (@alberto_velarde) conclut :

@alberto_velarde : #OpinoEnLaJornada La résolution de la #SCJN ne déclare pas #Cassez innocente ou coupable, elle tranche quant aux immondices des autorités dans ce procès.

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