[Liens en anglais et en chinois] Lors de l’investiture de CY Leung, nouveau maire de Hong-Kong fraîchement élu, des milliards de pages d’archives de l'administration ont été détruites. Si la totalité des archives détruites devaient être empilées, leur longueur attendrait 40 fois la hauteur du Burj Khalifa à Dubaï, le plus haut bâtiment au monde (829,8 mètres).
Plus concrètement, selon l'article d'un journal local [chinois], si toutes les archives détruites entre mars et avril 2012 – période entre l’élection et l’investiture de CY Leung – étaient empilées, on atteindrait une hauteur de 9 738,63 mètres. Toujours selon le même article, si la hauteur de toutes les archives détruites depuis l’investiture – du 1er juillet à la fin de 2012 – devait être mesurée, on atteindrait alors les 23 189,31 mètres de haut.
Le précédent responsable du Service des archives, Simon Chu, a déclaré trouver ces chiffres excessivement impressionnants. Selon lui, il est impossible de trier et détruire tant de dossiers en si peu de temps.
L'accès aux informations publiques de Hong-Kong ainsi qu'à ses archives sont sur la sellette depuis déjà quelque temps. Suite à de nombreuses plaintes, le médiateur Alan Lai Nin a lancé une enquête et demandé que les normes modernes d’une administration efficace et transparente soient adoptées.
Hong Kong In-Media, une ONG qui œuvre en faveur du développement des médias citoyens et de la liberté de l’information a saisi cette opportunité afin de lancer une campagne [chinois] demandant la mise en place d’une loi qui protégerait les archives de l'administration et l’accès public à l’information. Voici le contenu de la lettre :
政府的透明度及公民獲取政府資訊的權利,早已成為國際社會落實民主參與、防止貪污、讓公民了解決策、保障公民權利、實踐新聞及資訊自由的重要手段。
La transparence d’un gouvernement et le droit d’accès aux informations publiques pour les citoyens sont des critères unanimement reconnus par la communauté internationale afin d’encourager la participation citoyenne, de combattre la corruption, de créer un environnement favorable à une presse libre et à la circulation de l’information. […]
香港至今仍沒有實行民主政制,公民沒有普選行政長官的權利,加上本身「畸型」的立法會分組點票機制,公眾難以向政府問責。政府內部決策文件及會議紀錄,是公眾監察官員的最後防線,也是政府政策取信於民的方法。
Jusqu’ici, le système politique de Hong-Kong n’est pas démocratique. Les citoyens n’ont pas le droit d’élire le chef de l’exécutif (en l’occurrence le maire de la ville). Ajoutons à cela qu’un système électoral, somme toute assez opaque basé sur la comptabilisation séparée des voix des « représentants catégoriels des électeurs » et des « représentants directement élus », a pour conséquence la perte de responsabilité du gouvernement par rapport à l'opinion. Les documents sur les délibérations ainsi que les procès-verbaux de réunions des autorités publiques sont le fondement du contrôle par l'opinion, et donc le seul moyen qu’a le gouvernement de gagner la confiance.
由於目前的《公開資料守則》不具法律效力,政府部門經常以「沒有相關資料提供」回覆市民及記者的查詢 […] 更荒謬的是,一些官員更公然刪改會議紀錄,(如唐英年曾要求刪改維港巨星匯的會議記錄),公然掩埋真相。一次又一次的政府醜聞告訴我們,香港需要明確的法例,確保妥善保存檔案,保持官方機構的透明度,讓公眾與媒體監察政府運作,使官員能受公眾問責。
Puisque la réglementation de l'accès n'est pas juridiquement contraignante, les services du gouvernement aiment prétexter qu’ils ne disposent pas des informations pertinentes pour répondre aux questions des citoyens et des journalistes. […]. Poussant plus loin le ridicule, certains hauts fonctionnaires ont tenté de modifier, voire de détruire des procès-verbaux de réunions du gouvernement. Par exemple, l’ancien ministre des finances, Henry Tang, a exigé que les comptes-rendus du Festival du Port soient détruits afin de cacher la vérité. Tout ces scandales politiques démontrent que Hong-Hong a besoin d’un cadre légal pour protéger les archives gouvernementales et garantir la transparence de ce dernier afin que les médias et la population puissent contrôler le gouvernement et s’assurer que les hauts-fonctionnaires puissent rendre des comptes aux yeux du public.
Cette lettre ouverte a reçu de nombreux échos sur la page de sa pétition [chinois], publiée sur change.org.
Filan Chua est outré de la destruction massive d’archives gouvernementales :
Cela fait 55 fois, en plus des 3 fois au sommet de la tour IFC 2, que des destructions ont lieu sans aucun tri correct préalable par un archiviste. Le droit d'accès ne sert à rien s'il ne reste pas de pièces. Elles appartiennent au peuple, pour l’histoire et la bonne gouvernance.
Stacy Belcher Gould, archiviste de métier, partage le même sentiment :
Je suis archiviste de profession, avec 20 ans de carrière dans le domaine de l’histoire publique à mon actif. J’affectionne particulièrement mon métier. Cependant, c’est en tant que résidente de Hong-Kong en passe de devenir résidente permanente que je suis inquiète. J’aime notre cité-Etat et je veux le meilleur pour notre communauté. Pour tous les citoyens et les résidents de cette magnifique cité-Etat, je ne veux pas d’un gouvernement qui n’est pas transparent et qui ne peut pas rendre de comptes. J’ai aussi beaucoup de peine pour notre histoire, que nous perdons à chaque fois que le gouvernement détruit des archives sans la vérification et l’approbation d’archivistes professionnels jouissant d’une autorité statutaire. Dans 50 ou 100 ans quand des historiens, sociologues, politologues, chercheurs dans le domaine de la santé publique, généalogistes et érudits en tout genre viendront à Hong-Kong étudier les premières décennies du HKSAR (acronyme anglais désignant la région administrative spéciale de Hong-Kong) il y aura de grands trous dans la connaissance, car soit les archives n’auront pas été créées et sauvegardées, soit elles auront été détruites dans l’ignorance de la valeur à long terme. Une fois ces archives disparues, on ne les retrouvera plus.
Lorraine Lui croit que les archives peuvent rendre le gouvernement plus propre :
La lumière du soleil est le meilleur désinfectant. Laissons entrer la lumière du soleil.
Hoi Lung Lau ajoute :
Un lieu sans histoire demeure une colonie.
[Note : Oiwan Lam (auteure de l’article original) est membre de Hong-Kong In-Media et a signé la lettre ouverte]
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