[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]
L’enquête sur une affaire de corruption politique, connue comme l’affaire « Gürtel », a révélé des faits plus graves, notamment le versement au noir d’importantes sommes d’argent aux politiciens à la tête du Parti populaire (PP), qui dirige actuellement l’Espagne. L’ex-trésorier du PP, Luis Bárcenas, qui disposait toujours il y a quelques semaines d’un bureau au siège du parti avec le soutien de ses dirigeants, fait actuellement l’objet d’une enquête suite à la découverte de 22 millions lui appartenant sur compte en Suisse et du versement de salaires au noir, durant de nombreuses années, à d’importants dirigeants politiques.
Il pourrait s’agir de la plus importante affaire de corruption de l’histoire de la démocratie espagnole. Malgré la gravité des faits, les personnes impliquées continuent à réfuter les accusations, se vantent de posséder des comptes transparents et continuent à demander à la population de se serrer la ceinture à cause de la crise que le pays traverse. Pour récupérer la confiance des citoyens et prouver leur innocence, des membres du parti ont proposé de solutions telles qu’un audit interne et des déclarations sous serment de leurs revenus, ce qui a irrité encore plus les citoyens.
Cette affaire a suscité de fortes réactions et donné lieu à des actions de protestation, aussi bien dans la rue que sur le Web. Bien que Twitter ait fonctionné par intermittence hier, les internautes ont réussi à convoquer une manifestation devant le siège du PP à Madrid. Comme cela s’était déjà passé, la police a fermé la rue Génova, où il se trouve, mais de chaque côté de la rue, une masse de citoyens scandait des slogans, tels que « Gouvernement, démission » , « Voilà la caverne d’Ali Baba » et même « Le président est un délinquant ».
Depuis la publication, par El País, des documents secrets qui pourraient apporter la preuve de rémunérations illégales à des membres du PP, les critiques de la population ont circulé via les réseaux sociaux. Sur le site Change.org, une pétition en ligne, toujours disponible, a récolté plus de 100 000 signatures en 10 heures demandant la démission du gouvernement espagnol. Une initiative appelle les Espagnols à envoyer des milliers de dessins d’enveloppes (il semblerait que l’argent ait été distribué dans des enveloppes), sur la page Facebook du parti. Les responsables de la communication du parti, n’arrivent pas à tenir le rythme pour faire disparaître ces commentaires publiés en masse.
Le mot-clic #lospapelesdebárcenas s’est placé parmi les plus utilisés dans le monde, comme l’ont rapporté différents médias, et d’autres mots-clic en lien avec cette affaire sont apparus sur Twitter. Par exemple, #pelisconbárcenas, a donné libre cours à l’imagination des internautes qui ont commenté la nouvelle via des titres de films connus, signalant ainsi que la réalité semble bien dépasser la fiction. #DondeestaRajoy [« Où est Rajoy »] est venu dénoncer le silence du président Mariano Rajoy qui n’a fait aucune déclaration concernant l’affaire ou son implication.
La presse internationale s’est fait l’écho de la grave situation que traverse l’Espagne et de nombreux internautes ont signalé que si l’image de la « marque Espagne » est mise à mal, c’est bien le gouvernement qui en est responsable et non les manifestants, se référant aux accusations que celui-ci avait prononcé.
@LivingInGreen : Quand nous manifestons, nous donnons une mauvaise image de l’Espagne. Quand le parti qui nous gouverne vole, non.#lospapelesdeBárcenas Il faut le voir pour y croire…
Les blogueurs espagnols n’ont pas manqué de donner leur opinion sur ce scandale. Principia Marsupia a publié un billet intitulé 4 modestas propuestas para una revolución en España [« 4 modestes propositions pour une révolution en Espagne »] qui appelle les membres des différents partis, les citoyens disposant d’un compte en banque et les fonctionnaires de l’administration et des secteurs stratégiques à dénoncer les irrégularités et à se mobiliser pour tenter de mettre fin à ces scandales financiers. Il semblerait qu’enfin certains réagissent puisque des élus et des affiliés au parti ont présenté leur démission et abandonné le gouvernement.
Certains sont de droite, d’autres de gauche. Espérons que cela ne change pas : la confrontation des idées et le débat rigoureux sont des conditions fondamentales pour qu’une société aille de l’avant. Toutefois, je crois que beaucoup d’entre vous s’accorderont sur le fait que le niveau de putréfaction de notre système politique a atteint une limite et que nous pouvons travailler ensemble sur ce projet.
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