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A Porto Alegre, le dimanche 27 janvier 2013 s'annonçait comme un jour ordinaire. Près du quartier de Vila Liberdade, la ferveur du Championnat de football Gaúcho (“Campeonato Gaúcho de Futebol”) s'emparait de l'Etat du Rio Grande do Sul (situé au sud du Brésil et dont les habitants sont appelés “gaúchos”), tandis qu'à Santa Maria les étudiants admis aux différents concours célébraient la fin d'une dure période de révisions. En somme, en ce début d'année semblable à tous les autres, tout paraissait aller pour le mieux. Mais dans ce climat dominical, c'est la pire tragédie de l'histoire de l'Etat du Rio Grande do Sul qui a fait l'ouverture des journaux télévisés.
Dans la ville de Santa Maria, l’incendie de la boite de nuit Kiss a mis fin à la vie et aux rêves de plus de 230 jeunes. Comme le dit l'éditorialiste Juremir Machado da Silva du journal Correio do Povo : “[ces jeunes gens] voulaient seulement s'amuser“.
Après le choc initial dans l'intérieur gaúcho, la solidarité s'est vite mise en place.
Les principaux réseaux sociaux ont été utilisés comme moyens à la fois de collecte d'information sur l'événement et pour demander de l'aide pour les victimes. Il manquait de médecins et de psychologues, d'eau et de nourriture. Les blessés avaient besoin de transfusion sanguine.
Lundi 28 janvier 2013, l'hôpital Clínicas de Porto Alegre a émis un communiqué sur Facebook pour que les volontaires ne cherchent plus à donner leur sang, car les stocks de la banque du sang étaient déjà remplis en moins d'une semaine.
L'hôpital Clínicas de Porto Alegre tient à préciser qu'il ne sollicite plus de dons de sang pour ce lundi. Des centaines de personnes se sont mobilisées par solidarité avec les victimes de Santa Maria et la banque de sang de l'hôpital a reçu, ces seuls lundi et mardi, plus de 500 dons de sang. L'hôpital remercie la disponibilité de tout le monde et peut compter sur la compréhension des donateurs pour qu'ils s'organisent afin de revenir à la banque de sang dans les semaines à venir.
Ce tweet de Nathalia Guarezi (@naguarezi), éditrice du blog De Chaleira, comptait parmi les nombreux posts demandant de l'aide pour retrouver les disparus :
@luanamag a demandé de l'aide pour retrouver cette jeune fille figurant sur une liste de blessés de Santa Maria. http://facebook.com/faccoferreira. Aidons-la à la retrouver!
La couverture internationale de l'évément s'est aussi amplifiée. La nouvelle a figuré en une du New York Times [en anglais] du 28 janvier 2013. Simon Romero (@viaSimonRomero), chef du bureau du New York Times au Brésil, a cité sur Twitter le 29 janvier l'un des articles du New York Times sur cet événement.
L'Observatoire de la presse (Observatório de Imprensa), l'un des pricipaux acteurs brésiliens de la critique des médias, a commenté le 28 janvier la couverture de l'événement par les grands titres de la presse. Pour Luciano Martins Costa, qui a publié un article sur cette affaire [intitulé “L'horreur et les limites du language”, “O horror e o o limite da linguagem“], “le nombre [de morts et de blessés] donne à l'événement la dimension d'une tragédie, le cumul d'éléments qui aggravèrent les conséquences de l'incident conduit à l'indignation, mais avec cela seul nous serions encore loin de la pleine compréhension de la portée de l'événement”.
Costa poursuit :
Les journaux du lundi (28/01) ont cherché à dépasser le sentiment initial de perplexité, mais c'est précisément l'expression qui convient pour définir les limites de la spécialisation du récit : plus les mots et les images s'approchent de la vérité, moins celle-ci devient acceptable.
Le quartier de Vila Liberdade en flammes
En début de soirée, le dimanche 27 janvier, l'alerte a sonné dans le quartier de Vila Liberdade, dans la zone nord de la ville de Porto Alegre. Le quartier se situait à quelques mètres de l'Arène du Grêmio récemment inaugurée. La richesse du stade contrastait avec la misère de l'endroit. Selon le portail internet Sul 21, 90 des 150 maisons furent consumées par les flammes. Au moins 50 maisons furent totalement détruites.
Selon la police civile et la population locale, le feu aurait été déclenché après une dispute dans un couple du quartier. Le reportage de Samir Oliveira du 29 janvier raconte :
Valéria est une des dizaines d'habitantes du quartier Vila Liberdade qui s'extrayaient des décombres de l'incendie (…) Parmi les bris de verre, les briques cassées, les bouts de fer tordus, les cadavres de réfrigirateurs et les carcasses carbonisées de cochons, de chats, de poules et de chiens, les habitants cherchent à récupérer des objets qui aient pu résister aux flammes.
Tandis que les médias traditionnels s'employaient à couvrir une catastrophe supplémentaire dans un laps de temps si court, la force de mobilisation de l'événement à Santa Maria s'est immédiatement étendue pour aider les victimes de Vila Liberdade. Le lendemain, entre les protestations contre le stade et les sentiments d'amertume, les demandes de vêtements et de nourriture se multiplièrent sur internet.
Ce dimanche ne sera jamais oublié, ni la solidarité mise en oeuvre.