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Les noces de l'Infante Cristina et du champion Iñaki Urdangarín avaient tout du conte de fées. Les Espagnols ont sympathisé nombreux avec cet homme, version masculine de Cendrillon, amoureux d'une princesse séduite par ses buts remportés avec l'équipe olympique de handball.
Quelques années plus tard, le sportif beau garçon qui a conquis la princesse ne voit plus son nom dans la presse que lié aux scandales et à la corruption [français]. Iñaki Urdangarín, Duc de Palma, accusé de détournement de fonds publics, fraude, abus de confiance/prévarication et faux depuis 2012, a un parcours judiciaire d'une fréquence peu enviable. Récemment, un mandat contre Urdangarín a été émis pour appropriation indue de fonds publics. Le juge a imposé une caution de 8,1 million d'euros aux deux suspects, Urdangarín et son vieux comparse en affaires, Diego Torres.
Les délits qui lui sont reprochés remontent à 2004, l'année où Urdangarín est devenu président de l’ «Instituto Nóos de Estudios Estratégicos de Patrocinio y Mecenazgo» (Institut Nóos d'Etudes stratégiques pour le parrainage et le mécénat). D'après son site internet aujourd'hui disparu, la supposée association était sans but lucratif :
(…) es una asociación científica que tiene como misión promover la investigación sobre la gestión de actividades de mecenazgo, responsabilidad social y patrocinio.
(…) est une association scientifique dont la mission est de promouvoir la recherche sur la gestion d'activité de mécénat, de responsabilité sociale et de parrainage.
Le juge affirme en revanche dans un arrêt de 542 pages (p. 167-171), qu'il existe des indices évidents qu'en réalité :
El Sr. Urdangarín, aprovechándose de su condición de miembro de la casa Real española, contactó con diferentes personalidades políticas (…) para, después de proponer sus “proyectos”, conseguir que los mismos fueran aprobados (…) intentar dar una cobertura de aparente legalidad a una ilegalidad manifiesta que era la adjudicación directa y (…) conceder al Sr. Urdangarín todas sus peticiones, las cuales NO respondían a ningún interés o necesidad pública, sino sólo al interés del Sr. Urdangarín (…)
(…) [Urdangarín y Torres] pudieran haber cometido varios delitos de malversación, prevaricación, falsedad, fraude fiscal, blanqueo de capitales, tráfico de influencias, etc… (…)
(…) todo es una auténtica trama urdida por los imputados, para desviar fondos públicos en su beneficio (…)
M. Urdangarín, tirant avantage de sa condition de membre de la Maison Royale espagnole, a contacté différentes personnalités politiques (…) pour, après avoir proposé ses “projets,” garantir que ceux-ci seraient approuvés (…) dans l'intention de donner une couverture d'apparente légalité à une illégalité manifeste qu'était l'adjudication directe et (…) d'accorder à M. Urdangarín toutes ses requêtes, lesquelles ne répondaient PAS à un quelconque intérêt ou nécessité publicques, mais seulement à l'intérêt de M. Urdangarín. (…)
(…) [Urdangarín et Torres] pourraient avoir commis divers délits de malversation, prévarication, faux, fraude fiscale, blanchiment de capitaux, trafic d'influence, etc… (…)
(…) tout ceci est une véritable trame ourdie par les prévenus, pour détourner des fonds publics à leur profit. (…)
La trame complexe, qui a nécessité plusieurs années d'enquête, a été mise au jour pendant les investigations sur un autre scandale de corruption, l’affaire Palma Arena. Le site d'information 20minutos.es a créé une chronologie de l’affaire Nóos. Les faits remontent à aussi loin que relevés dans cet article d'El Siglo, daté de mai 2006, où se font déjà jour les préoccupations de la famille royale devant les affaires opaques d'Urdangarín.
Bien que l'Infante Cristina ait figuré au conseil de direction de l'Instituto Nóos, elle n'a jamais été inquiétée. En revanche, Ana María Tejeiro, l'épouse de Diego Torres, a été mise en examen bien qu'elle n'ait pas participé à la gestion de l'institut. Cette inégalité de traitement a mis en rage Diego Torres, qui a mouillé la monarchie en rendant publics plusieurs courriels compromettant des personnes très proches de la famille royale.
Parmi celles-ci, le secrétaire personnel des enfants royaux, Carlos García Revenga, qui était trésorier de Nóos, aussi mis en cause officiellement par le juge. Malgré l’affirmation par le secrétaire qu'il n'avait aucun «pouvoir de décision dans la gestion des [comptes de Nóos] ou sa comptabilité», les courriels que lui envoyait le Duc de Palma semblent établir qu'il se consultait avec García Revenga sur les propositions reçues. La signature par Urdangarín de certains de ces messages comme “El duque em…Palma…do» [jeu de mots sur son titre et “raccordé”] atteste de la familiarité entre les deux hommes.
Avec l'inculpation de García Revenga, c'est tout le conseil de direction de l'Instituto Nóos qui est suspecté dans cette affaire, à l'exception de la fille du roi. Le fait, qui n'est pas passé inaperçu, est un nouveau coup à la situation déjà mal en point de la monarchie, qui traverse ses pires moments depuis sa restauration en 1975, comme le montre le commentaire de Mª Antonia sur 20minutos.es à propos du message de Noël du roi :
Ya vemos que la justicia es igual para todos, verdad, su majestad? #ReferendumYa!
Nous voyons maintenant que la justice est égale pour tous, pas vrai, votre majesté ? #ReferendumMaintenant !
Le sentiment que l'infante Cristina est protégée par sa famille s'est installée dans l'esprit des Espagnols, dont la confiance en la couronne est allée diminuant ces dernières années. Davesanders a remarqué en 2011 dans un article sur público.es :
Por favor, que estamos en el siglo XXI, los reyes, elfos, unicornios y demás seres mitológicos están bien para el cine pero para nada mas. Esta institución es un insulto para la inteligencia (…) SUPEREMOS DE UNA VEZ LA EDAD MEDIA !!!!!
S'il vous plaît, on est au XXIème siiècle, les rois, elfes, licornes et autre êtres mythologiques c'est bon pour le cinéma mais rien d'autre. Cette institution est une insulte à l'intelligence (…) DÉPASSONS POUR UNE FOIS LE MOYEN-ÂGE !!!!!
Cette désaffection croissante pour la monarchie a été accentuée par la molle réaction de la famille royale à ces faits. A ce jour, elle s'est contentée de retirer Urdangarín de son site internet officiel. D'autre part, dans un communiqué de presse, la maison royale indique qu'elle “ne prendra aucune décision dans son champ de responsabilité sans avoir au préalable entendu et évalué la déposition de Don Carlos García Revenga devant l'honorable juge-magistrat le 23 février prochain.”
joseluis47 commente cette information sur publico.es :
¿Y asi la Casa Real pretende dar imagen de transparencia y buenas practicas? ¿asi piensa recuperar la poca imagen que le queda? ¿no tiene bastantes indicios de las actuaciones del secretario? La mujer del Cesar, ademas de ser honrada. tiene que parecerlo, y no dejar ninguna duda
Et c'est ainsi que la famille royale prétend donner une image de transparence et de bonnes pratiques ? qu'elle pense récupérer le peu d'image qui lui reste ? n'a-t-elle pas assez d'indices des agissements du secrétaire ? La femme de César ne doit pas seulement être honnête, elle doit le paraître et ne pas laisser le moindre doute.
Sur Twitter beaucoup doutent que l'on voie jamais vraiment la fin de cette lamentable histoire :
@kurioso: En junio prescriben los delitos contra la Hacienda pública de Urdangarín….¿Adivináis la prisa que se van a dar en formalizar acusaciones?
@kurioso: En juin les délits contre le Trésor Public de Urdangarín seront prescrits….Devinez la bousculade pour formaliser les accusations ?
@SuperFalete: Ya no está Urdangarín en las fotos. Ahora vendrán los Men in Black a borrarnos la memoria y a otra cosa.
@SuperFalete: Urdangarín n'est plus sur les photos. Maintenant les Men in Black vont venir nous effacer la mémoire et on passe à autre chose.