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Bangladesh : les femmes rejoignent en masse les manifestations de Shahbag

Catégories: Bangladesh, Droits humains, Femmes et genre, Histoire, Jeunesse, Manifestations, Médias citoyens

(Tous les liens sont en anglais et bengali sauf mention contraire)

On ne trouve pas que des hommes parmi les manifestants qui occupent la place Shahbag [1] dans la capitale du Bangladesh Dhaka, réclamant la peine capitale pour les criminels de guerre [2] [en français].

La participation des femmes à ces manifestations a été très importante. Des étudiantes, des femmes actives, des mères accompagnées de leurs jeunes enfants, toutes ont prêté leur voix aux manifestations de Shahbag, un mouvement dirigé par ceux qui demandent la peine de mort [ndr, en vigueur au Bangladesh] à l'encontre des auteurs de crimes contre l'humanité lors de la guerre de l'Indépendance en 1971 [3].

Les estimations du nombre de victimes vont de 200 000 à 3 millions [4] de personnes. Elles ont été tuées par l'armée pakistanaise et un nombre estimé de 250 000 femmes auraient été violées durant la guerre. Les milices locales politiques et religieuses tels que les Razakar [5]Al Badr [6], et Al-Shams [7], dont nombreux étaient aussi membres du parti politique islamiste la Jamaat-e-Islami, ont aidé les soldats pakistanais à commettre leurs massacres, en ciblant particulièrement la communauté hindoue.

Le Tribunal Pénal International du Bangladesh [8] a été formé 42 ans après la guerre pour amener les auteurs de ces crimes de guerre devant la justice. Les premiers jugements du tribunal ont été rendus contre Abul Kalam Azad, aussi connu sous le nom de “Bachchu Razakar”, qui a été condamné à mort [9] le mois dernier, et Abdul Quader Mollah [10], appelé le “Boucher” par les Bengladais de Dhaka, qui a été condamné à l'emprisonnement à perpétuité pour meurtres, viols, torture et autres crimes.

Le peuple est descendu dans les rues pour réclamer que Mollah et les autres criminels de guerre soient condamnés à mort, craignant que s'ils sont emprisonnés, ils pourraient être libérés après un changement de gouvernement.

L'engagement des femmes et des enfants dans ces manifestations est à souligner. Mahabub Bhuiyan [11] [bn] a écrit sur le blog Somewherein [bn, bengali] :

মায়ের কোলে কিংবা বাবার হাত ধরে চলে আসছে শিশুরাও। গৃহবধূরাও আজ রাজপথে নেমে গেছেন। বৃদ্ধ-বৃদ্ধারা এই তারুণ্যেও মিছিলে পা ফেলছেন যৌবনের বীর্যে বলীয়ান হয়ে।

Même les enfants viennent dans les bras de leur mère ou en tenant la main de leur père. Même les femmes au foyer sont aujourd'hui descendues dans les rues. Même les personnes âgées ont rejoint la cause en joignant leurs pas aux côtés de la jeunesse.

Pavel Mohitul Alam [12]  a écrit sur Facebook au sujet de la solidarité exprimée par quelques lycéennes en faveur de ces manifestations :

ভিকারুননিসার একদল মেয়ে এসেছিলো আজ সংহতি প্রকাশ করতে। তাদের মধ্যে কারো কারো আবার পরীক্ষা। পরীক্ষার পড়ার জন্য আন্দোলন কিংবা আন্দোলনের জন্য পড়া– কোনোটাই বাদ দেয়নি তারা। প্রজন্ম চত্বরেই তারা বসে পড়ে বই-খাতা নিয়ে। চলে পড়াশোনা, সেই সংগে চলে শ্লোগানও।

Quelques élèves du lycée Viqarunnisa sont arrivées pour montrer leur solidarité. Certaines avaient des examens. Mais elles n'ont laissé personne entrer, elles ont commencé un sit-in de protestation et ont ouvert leur livre pour étudier. Elles étudiaient et criaient des slogans de temps en temps.

L'écrivain et journaliste Abu Hasan Shahriar [13] [bn] a partagé sur son statut Facebook sa visite des manifestations de Shahbag le deuxième jour :

রাত তখন দেড়টার বেশি। এক কিশোরীকে দেখলাম, মায়ের হাত ধরে প্রজন্ম চত্বরের দিকে এগিয়ে আসছে। মাইক থেকে ‘কাদের মোল্লার ফাঁসি চাই’ স্লোগান ভেসে আসতেই কিশোরীটি সমবেত জনতার সঙ্গে গলা মিলিয়ে বলছে– ‘ফাঁসি চাই ফাঁসি চাই’।

II était 1h30 du matin. J'ai vu une jeune fille marcher vers la place en tenant la main de sa mère. Des slogans provenaient du haut-parleur. “Nous voulons la peine capitale pour Quader Mollah” et la fille les a rejoint en disant “Nous voulons… Nous voulons…”

Ci-dessous, quelques photographies de femmes et d'enfants qui ont rejoint les manifestations. Les images proviennent de l'album d'International Crime Strategy Forum intitulé “‘Shahbag Square’ Uprising: Justice for the Victims of '71 [14]” (Soulèvement à la place Shahbag : Justice pour les Victimes de 1971) et ont été utilisées avec leurs permissions.

L'écrivain et blogueuse Monika Rashid [20] [bn] n'a jamais scandé de slogan de protestation jusqu'aux manifestations de Shahbag. Elle a écrit sur son statut Facebook :

আমি কখনো মিছিলে গিয়ে স্লোগান দিয়েছি বলে মনে পড়ে না! কিন্তু শাহবাগ চত্তরের এই উত্তাল সময়ে চীৎকার করে স্লোগান দিতে কী যে অসাধারণ আনন্দ, তা বুঝিয়ে বলার ক্ষমতা রাখিনা। আজ আবার যাবো, স্লোগানও দেব

Je ne me souviens pas avoir déjà scandé de slogan lors d'une manifestation. Mais c'est une telle joie incroyable de crier des slogans à Shahbag en ce moment si important, que je n'ai pas le pouvoir de l'expliquer. J'irai aujourd'hui aussi, je crierai des slogans.

La blogueuse Lina Fardows [21] [bn] a aussi voulu venir à Shahbag rejoindre la procession aux bougies :

আজ রাত ১০টার পর শাহবাগ থাকবো। :) মোমের আলোয় পুড়িয়ে ফেলতে চাই ব্যর্থ প্রাণের আবর্জনা…

Ce soir j'irai à Shahbag après 22h. :) Je veux brûler toutes les difficultés de la vie à la lueur des bougies.

La banquière et blogueuse Nazmus Nupur [22] [bn] est venue à Shahbag avec l'espoir de créer un Bangladesh libéré de la milice religieuse Razakar pour son enfant. Elle a aussi élevé la voix et a écrit sur Facebook :

সারাদিন গলা ফাটিয়ে শ্লোগান দেয়ার সময় একবারো গলা কাঁপেনি, মনে হয়নি জীবনে প্রথম গলা ফাটাচ্ছি। ৭১-এ বাপ মা পথে নেমেছে, আজ আমরা নামলাম, জয় আমাদের হবেই। আমার সন্তানকে আমি রাজাকার মুক্ত বাংলাদেশ দিতে চাই। জয় বাংলা।

Scander des slogans toute la journée ne m'a pas cassé la voix. Je n'ai pas eu l'impression de le faire pour la première fois. En 1971, nos parents étaient descendus dans la rue. Aujourd'hui, c'est nous. Nous aurons la victoire. Je veux laisser à mon enfant un Bangladesh sans Razakar. Vive le Bangla.

L'utilisateur de Facebook Zeenat Zoardar Ripa [23] [bn] a écrit:

কোন এক সময়ে, নিজের সন্তানকে নিয়ে শাহবাগের রাস্তা দিয়ে যখন যাব তখন বলতে পারব- এই পথে নেমেছিলো তোর মা। রাজাকারের ফাঁসির দাবিতে।

Un jour je viendrai avec mon enfant à Shahbag et je lui dirai : voici la place où ta mère a manifesté, pour demander la peine capitale contre les Razakars.

A Shahbag, de nombreuses jeunes filles ont mené la manifestation des jeunes, l'une d'elles se nomme Lucky Akter. Ses slogans éloquents ont hypnotisé la foule, à l'exception des partisans du parti islamiste de la Jamaar-Shibir (auquel appartiennent les criminels de guerre) et qui font circuler de fausses  informations à son sujet sur Facebook. Elle a écrit sur son statut Facebook [24] [bn] :

যারা আমাদের নামে কুৎসা রটনা করেছেন। তাদের উদ্দেশ্যে বলছি, দেখুন আমরা যারা রাজপথে নেমেছি তারা কোন ধর্মের বিপক্ষে নই। তাই মাদ্রাসার ছাত্ররাও এই আন্দোলনে অংশ নিচ্ছে। ধর্ম যার যার, রাষ্ট্র সবার। জামাত শিবিরের ধর্ম ব্যাবসার রাজনীতি আইন করে বন্ধ করতে হবে।

Tous ceux qui disent du mal de nous, écoutez. Nous ne sommes pas dans la rue pour protester contre une religion. Même des étudiants de madrasa (école coranique) nous rejoignent. La religion est pour l'individu, l'état pour tous. Nous devons faire cesser la politique religieuse du Jamaat-Shibir.

Ekramul Haque Emon [25] a salué les femmes qui ont manifesté à Shahbag :

শাহবাগে সপরিবারে যারা যোগ দিয়েছেন তাদের লক্ষ কোটি স্যালুট, স্যালুট ওইসব অবুঝ শিশুদের যারা ভালভাবে ‘মা’ উচ্চারণ শেখার আগেই ‘তুই রাজাকার তুই রাজাকার‘ কিংবা ‘ফাঁসী চাই, ফাঁসী চাই’ গর্জনে নিজের কান তাতাল দিয়ে গেঁথে নিচ্ছে। স্যালুট সেইসব নারীদের, যারা দিনভর অফিসের কাজ ও সাংসারিক ঝামেলা মিটিয়ে রাতে যোগ দিচ্ছেন। আপনাদের প্রাণবন্ত উপস্থিতি ও চিৎকার আমাদের শক্তি ও সাহস তরান্বিত করছে প্রতিনিয়ত।

J'adresse des milliers de saluts aux femmes qui ont rejoint les manifestations de Shahbag. Je salue tous ces enfants qui, avant même de pouvoir dire ‘maman’ correctement, répétaient les slogans ‘Tu es un Razakar, tu es un Razakar’ ou ‘On veut qu'ils soient pendus ! On veut qu'ils soient pendus !’ . Je salue ces femmes qui travaillent dans leur bureau toute la journée et rejoignent les manifestations le soir, après avoir pris soin de leur famille. Votre présence et votre éloquence ont accru notre force et notre courage.