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#FreeBassel: un an après, l'internaute syrien est toujours en prison

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Syrie, Droits humains, Liberté d'expression, Médias citoyens, Technologie, Advox

[les liens renvoient vers des pages en anglais]

Il y a un an le 15 mars, Bassel Khartabil [1], développeur web syrien et défenseur de la technologie ouverte, était arrêté et incarcéré à Damas, où il se trouve toujours. Agé de 31 ans et connu par les défenseurs de la technologie ouverte sous le nom de Bassel Safadi, il a été à l'initiative de Creative Commons en Syrie et a travaillé sur un certain nombre de logiciels open source dont Mozilla Firefox et Fabricatorz.

Bassel Khartabil. Photo by Joi. (CC BY 2.0)

Bassel Khartabil. Photo de Joi. (CC BY 2.0)

Pendant des mois, la famille de Bassel n'a eu aucune information sur son sort. En juillet 2012, elle a appris qu'il était détenu sur une base du renseignement militaire du secteur de Kafr Suseh à Damas. Jusqu'à il y a peu, on ne savait pas grand chose sur son état. Des rumeurs de torture, de viol, et autres mauvais traitements sur la base ont fait craindre le pire à sa famille.

Quand la nouvelle de l'emprisonnement de Bassel est devenue publique, les défenseurs de Creative Commons [2] ont lancé une campagne et un site [3]#freebassel [3], qui sont devenus un espace essentiel de défense et de partage d'informations sur le sort de Bassel. Human Rights Watch [4], Amnesty International [5] [fr], Global Voices et d'autres sites de défense des droits humains dans le monde entier ont travaillé à faire connaître son cas et à demander sa libération.

En novembre, le magazine Foreign Policy [6] a élu Bassel parmi les 100 premiers penseurs globaux du monde, entraînant un énorme retentissement sur son cas de la part des médias internationaux. Peu de temps après, Bassel a été transféré dans une prison civile dans la banlieue de Damas.

Oussama Al Rifai, l'oncle de Bassel, a dit au Toronto Star [7] qu'il pensait que l'action de la politique étrangère avait été primordiale et avait facilité le transfert de Bassel. “Il était torturé tous les jours, après l'action de la politique étrangère tout a cessé.”

Depuis, il a obtenu un droit de visite et a pu rencontrer sa famille. Sa famille dit que sa santé mentale et physique se sont détériorées à cause de son incarcération.

Le travail de Bassel a eu une énorme influence sur les communautés de la technologie ouverte au Moyen Orient et en Afrique du Nord. @MoNajem, un ami de Bassel à Beyrouth, dit à Global Voices Advocacy que “les activités de Bassel manquent à la communauté arabe. Nous sommes tous les jours inspirés par son travail et sa passion pour un réseau internet ouvert.”

En tant que spécialiste de Creative Commons pour la Syrie, Bassel a également créé des liens très forts avec les innovateurs et défenseurs de droits du monde entier. Joi Ito [8] [fr], ancien Président de Creative Commons et directeur du Laboratoire des Médias du MIT, qui travaillait en étroite collaboration avec Bassel avant son arrestations, s'exprime sur le rôle de Bassel en tant que “ambassadeur” de culture :

Bassel est un ami très cher. Sa contribution à Mozilla et Creative Commons est extrêmement importante. Son travail pour favoriser l'accès à la connaissance et à la technologie dans son pays est une preuve de son amour pour la Syrie. Il a aussi beaucoup fait pour promouvoir la culture syrienne. Il m'a initié aux arts et aux artistes syriens – c'est de là que vient mon amour pour la Syrie.

Donatella della Ratta, coordinatrice régionale de Creative Commons pour le monde arabe, répond à GVA :

[Bassel] manque énormément à nos communautés, et pas seulement en raison de sa contribution de qualité à  l'ouverture et au partage. C'est un homme généreux qui sait ce que travail d'équipe et collaboration signifient. Il me manque personnellement, comme un ami très cher qui a toujours été là pour résoudre les problèmes et aider les autres.

De nombreux commentaires d'amis et collègues de Bassel font également état de son engagement déterminé pour le partage des connaissances et de la culture, et le développement des technologies qui rendent possibles ces échanges. Index on Censorship a récemment annoncé que Bassel avait été sélectionné pour les Digital Freedom Awards [9] [Prix de la Liberté Numérique] de son organisation qui doivent être attribués la semaine prochaine.

Dans une récente tribune dans le Wall Street Journal [10]Lawrence Lessig [11] [fr], co-fondateur de Creative Commons et sommité de l'internet ouvert, décrit la “menace” que Bassel fait peser sur le gouvernement syrien :

M. Khartabil n'est pas un homme de parti, qui défend une faction syrienne contre une autre. Il est l'avenir, et se bat contre contre un passé totalitaire… Le gouvernement souhaite fermer les logiciels libres, détruire le mouvement de la culture libre, d'une certaine manière faire ce que seul un régime totalitaire peut faire. La Syrie ne gagnera pas cette bataille à long terme… Elle apprendra aussi que l'avenir ne peut être arrêté, même s'ils réduisent au silence les hommes et les femmes qui le portent.

Global Voices Advocacy demande instamment aux lecteurs de soutenir la campagne #freebassel pour sa libération, en consultant le site internet [12], en tweetant pour le cas de Bassel (#freebassel), ou en assistant à un événement en son honneur.

Nasser Wedaddy a participé à la recherche et à la rédaction de ce billet.

Récents articles de Global Voices sur le cas de Bassel Khartabil:

#FastforBassel: Campaign Launched for Syrian Netizen Facing Military Trial [13]

#FreeBassel: Netizen Under Serious Threat [14]

Dossier La révolution en Syrie 2011-2013 [15]