Les blogueurs de Global Voices ont été invités à couvrir en direct par leurs billets de blog le Forum Mondial de l'OCDE sur le Développement, qui s'est tenu à Paris, du 4 au 5 avril 2013. A la veille de cette rencontre, notre équipe a publié des billets sur des thématiques liées au développement, qui alimenteront les sujets des discussions en ligne débattus sur leur site Web (#OECDgfd)
(Billet d'origine publié en anglais le 5 avril 2013 – liens en anglais)
Les progrès soutenus enregistrés dans l'utilisation d'Internet et des téléphones mobiles constituent une chance afin de permettre à un nombre plus important de citoyens de s'impliquer sur la question de la gouvernance. La technologie peut contribuer à améliorer la participation des citoyens dans la prise de décisions et donner un nouvel élan à la participation à la vie publique. La transparence et la responsabilité deviennent ainsi un champ d'exploration caractérisé par sa diversité et son dynamisme dans le monde entier.
L'ouverture des données produites par les administrations publiques constitue un élément visant à lutter efficacement contre la pauvreté. Des volumes incroyables de données sont produits quotidiennement par un large éventail d'acteurs : gouvernements, médias, opérateurs mobiles, sans oublier les citoyens eux-mêmes. Malgré l'énorme potentiel que représente, dans l'intérêt public, l'utilisation des données en relation avec une société ou un gouvernement, ces données sont rarement diffusées et partagées afin de les mettre à la disposition du public. Par ailleurs, il peut être difficile d'accéder à des statistiques fiables, qui restent parfois détenues exclusivement par les responsables gouvernementaux ou d'organisations.
Les avantages tirés de la participation des citoyens sont nombreux, extrêmement divers et pertinents pour tous les acteurs, comme le souligne Striking Poverty, une initiative de la Banque mondiale :
Pour les laissés pour compte de la société, les mécanismes participatifs peuvent fournir des canaux permettant de dessiner des solutions et de rappeler la responsabilité des gouvernements en ce qui concerne les politiques et les services assurés. Pour les organisations, les gouvernements et les bailleurs de fonds, l'implication des communautés est profitable dans la mesure où les citoyens ont un rôle central dans le soutien, l'adoption, la promotion ainsi que, finalement le partage de l'appropriation et de la réussite des programmes.
Les données ouvertes ont-elles leur place dans les pays en développement ?
Les actions en faveur des données ouvertes – que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres – se heurtent souvent à un manque de compétences techniques et politiques préjudiciable à la participation active des citoyens. On observe souvent un décalage entre les objectifs des partisans des données ouvertes et la compréhension qu'en ont les citoyens. Malgré cela, un très large éventail d'approches créatives visant à collecter et à exploiter de manière sensée les données ayant trait à la vie publique montrent bien qu'il s'agit de la manière la plus simple de favoriser la mobilisation des citoyens.
L'initiative du Kenya en faveur des données ouvertes (Kenya Open Data Initiative, ou KODI), qui est le premier projet national de données ouvertes de l'Afrique sub-saharienne, a été lancée en 2011. Les ensembles de données publiés (dont le nombre est supérieur à 400) fournissent des données dans les domaines sociaux aussi divers que l'éducation ou l'assainissement. Le Kenya est de fait le premier pays en développement disposant d'un portail de données ouvertes. Dans l'ensemble de l'Afrique, le Maroc a été le premier pays à lancer une plateforme de données ouvertes. La Tunisie a suivi, avec le lancement, en 2011, du projet Open Data Tunisia.
La Banque africaine de développement (BAD) a bien compris le potentiel des données ouvertes pour les pays en développement et le nombre croissant d'actions nationales, en lançant le portail Open Data for Africa, qui constitue un volet de l'initiative des autoroutes de l'information en Afrique. Il regroupe les plateformes de données ouvertes des 20 pays africains ci-après :
Algérie, Cameroun, Cap-Vert, République Démocratique du Congo, Éthiopie, Malawi, Maroc, Mozambique, Namibie, Nigeria, Ghana, Rwanda, République du Congo, Sénégal, Afrique du Sud, Sud-Soudan, Tanzanie, Tunisie, Zambie et Zimbabwe.
Malgré de nombreux défis, les succès se multiplient et montrent que la clé dans l'utilisation de la technologie pour les efforts de transparence et de responsabilité constitue à utiliser une approche collaborative et à s'assurer que les outils sont conviviaux et offrent des résultats rapides.
Un rapport réalisé dans le cadre de l'initiative ‘Technology for Transparency’ de Global Voices présentant des initiatives de citoyens en faveur de la transparence et de la responsabilité dans le monde entier a fait le constat suivant :
Les outils de visualisation des données et de navigation constituent un élément clé dans plus de la moitié des projets que nous avons documentés, au même titre que les différentes formes de collecte de données par les citoyens. Près d'un tiers des projets utilisent à des degrés divers des téléphones portables, généralement en permettant aux citoyens de publier ou de recevoir des informations par messages texte (SMS).
Ces observations illustrent le fait que les initiatives citoyennes ne se bornent pas à collecter des données mais qu'elles s'emploient à leur donner du sens pour la communauté plus large. Les projets constituent une chance remarquable pour les données bien gérées et les statistiques associées diffusées par le biais de programmes de données gouvernementaux. L'étape suivante pour les gouvernements dans les pays en développement portera sur les solutions à apporter à la question de la qualité et de la disponibilité des données, ainsi que sur les compétences techniques et statistiques des équipes et des institutions.
L'ouverture de la gouvernance
Le partenariat en faveur d'une gouvernance ouverte (Open Government Partnership, OGP) a été lancé en septembre 2011 alors que les gouvernements du Brésil, d'Indonésie, du Mexique, de la Norvège, des Philippines, d'Afrique du Sud, du Royaume-Uni, des États-Unis d'Amérique s'exprimaient en faveur d'une gouvernance plus transparente en signant la Déclaration sur l'ouverture gouvernementale :
Le Partenariat pour un gouvernement transparent est un effort global visant à améliorer les gouvernements. Nous souhaitons tous des gouvernements plus transparents, efficaces et responsables — dotés d'institutions qui renforcent le pouvoir des citoyens et soient à l'écoute de leurs aspirations. Une tâche qui est tout sauf facile.
Ceci implique un engagement politique. Ceci implique une expertise technique. Ceci implique un effort et un investissement soutenus. Ceci implique une collaboration entre les gouvernements et la société civile.
Peu après, la Banque mondiale a reconnu l'importance des principes fondateurs du Partenariat et a déclaré qu'elle apportait son soutien à l'initiative “en facilitant les échanges de connaissances contribuant à développer les capacités des pays membres de l'OGP afin d'élaborer et de mettre en place leurs plans en vue de devenir plus ouverts et réceptifs.”
L'OGP compte 50 membres à ce jour. Même si plusieurs pays africains ont présenté leurs plans d'actions et que trois d'entre eux — l'Afrique du Sud, la Tanzanie et le Kenya — ont déjà transmis leurs engagements, l'Afrique reste parmi les régions les moins impliquées.
La dernière rencontre OGP africaine indique que les progrès accomplis sont lents, le Ghana et le Liberia développant leurs ‘Plans d'action’ respectifs afin de présenter leur candidature au partenariat Open Government Partnership.
De nouvelles approches à la veille de nouveaux défis
La technologie est-elle la panacée pour les pays en développement ? En aucun cas. Malgré cela, elle ouvre la voie à des réponses ouvertes, pertinentes socialement et politiquement. Malgré l’impact limité de l'initiative KODI pour les Kenyans, et le nombre extrêmement réduit de pays africains disposés à rejoindre l'OGP, ces dynamiques sont irréversibles. La simple existence des actions dont il vient d'être question constitue une étape solide qui va dans le bon sens.
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