La réforme de la loi sur les prêts immobiliers fait toujours débat au sein du parlement espagnol après la proposition de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca [Plateforme des Personnes Touchées par les Prêts Immobiliers, ou PAH], nommée l’Initiative Législative Populaire (ILP) [es] en défense de ceux dont les maisons ont été saisies.
La PAH s’est fait entendre récemment par des escraches [manifestations publiques ciblées] passives mais envahissantes dans les banques, au siège du Parti Populaire (PP), parti au gouvernement, et devant les résidences privées des membres du PP. Celui-ci dispose actuellement de la majorité absolue au Parlement ce qui en fait, dans un sens, le seul parti à détenir les pouvoirs législatifs en ce moment.
La PAH Madrid explique [es] :
(Se) informará a los Diputados de los partidos que pretenden rebajar sustancialmente el contenido de la ILP sobre la situación de los hipotecados. (…) se irá a informar a los Diputados presencialmente, por ejemplo en actos públicos. Puesto que muchos no conocen de primera mano el sufrimiento de la población, es necesario ir a llevar la realidad de los afectados allá donde estén los Diputados.
Ceci va apprendre aux politiciens qui essayent de réduire substantiellement les dispositions de l’ILP en ce qui concerne les prêts immobiliers. (…) Nous allons personnellement informer nos politiciens, une façon de le faire est par des manifestations publiques. Le problème, c’est que la plupart des politiciens ne connaissent pas directement la souffrance de la population, nous devons donc amener la réalité devant eux.
De telles manifestations ne sont pas bienvenues auprès de leurs cibles, les politiciens qui estiment que leur vie privée n’est pas respectée et que leur intimité est envahie. Maria Dolores de Cospedal, Secrétaire Générale du Parti Populaire, surnomme les 13 derniers jours d’escraches “du pur nazisme”:
[Cospedal] considera que las polémicas protestas domiciliarias (…) reflejan “un espíritu totalitario y sectario” y un intento de “tratar de violentar el voto” y las reglas de la representatividad democrática. Así, en su opinión, “por muy loable y defendible” que sea la causa de las víctimas de desahucios, “pierde todo el sentido” con estos “acosos”.
[Cospedal] pense que les manifestations polémiques à domicile en Espagne (…) reflètent « un esprit totalitaire et sectaire » qui vise à « violer le droit de vote » et les normes de la démocratie représentative. Selon elle, aussi « louable et justifiée » que soit la cause des victimes de saisies, elle « perd sa crédibilité » devant un tel « harcèlement. »
Les membres du PP ont demandé aux forces de l’ordre d’exiger que les manifestants respectent un périmètre de 300 mètres autour de leur réidence, d’identifier les manifestants et dans certains cas de stopper complètement les “escraches”. Cependant, certains juges et policiers refusent d’intervenir.
D’après Joaquim Bosh, membre des Juges pour la Démocratie [es] :
[las medidas] represivas y policiales no son la solución para resolver el conflicto (…) cualquier protesta que tenga un carácter pacífico no tiene por qué constituir delito. (…) mientras no haya un riesgo concreto, debe prevalecer el derecho de la libertad de expresión de los manifestantes.
Les mesures répressives et impliquant les forces de l’ordre ne résoudront pas ce problème (…), une manifestation passive ne constitue pas un crime. (…) tant qu’il n y a pas de véritable risque, nous devons préserver la liberté d’expression des manifestants.
Cependant, lors de récentes “escraches”, une importante présence des forces de l’ordre s’est fait sentir afin d’assurer que les manifestants se tiennent à distance de leurs cibles désignées. Dans certains cas, cette présence a résulté dans l’arrestation de manifestants. Certains membres du PP, dont Sigfrid Soria, membre du conseil, ont déclarés qu’ils ne pouvaient pas prendre la peine de s’inquiéter des manifestations. Le message suivant, tweeté par Soria récemment, a été dénoncé par ses collègues du PP et a résulté dans le retrait de ses responsabilités d’organisation au sein du parti :
SigfridSoria: Eso sí, como un perroflauta me acose por la calle, me intimide o agreda, la ostia que se lleva ni se la va a creer
Si ces fumeurs de pétards m’accostent dans la rue pour m’intimider ou être agressif envers moi, ils ne vont pas croire la réponse qu’ils vont avoir.
Pendant ce temps, l'adjointe au Secrétaire Général Du Parti Socialiste des Travailleurs (PSOE), Elena Valenciano, critique la force avec laquelle les membres du PP tentent d’étouffer les « escraches ». Elle remarque que les cliniques qui pratiquent des avortements légaux ont ont été l’objet de ces manifestations depuis des années et que le gouvernement n’a jamais arrêté ou limité la liberté d’expression de ces groupes. Pour appuyer son argument, Elena Valenciano a téléchargé une photo de l’une de ces manifestations sur sa page Facebook .
En fait, ce type de manifestations se produit depuis que l’Espagne a adopté sa Loi sur l’avortement en 1985. Des groupes comme Pro-Life [Pro-vie], Right to Live [Droit de Vivre], Youth for a Cause [Jeunesse pour une Cause] et Make You Listen organisent des manifestations devant les cliniques où se pratiquent des avortements le premier vendredi de chaque mois et tous les 28 décembre (Fête des Saints Innocents). Ces groupes assurent que ces manifestations sont passives, mais le contraire s’est produit a de nombreuses reprises ces dernières années.
En décembre 2007, la Fédération du Planning Familial (FPFE) a commencé à récolter des signatures pour une pétition :
(…) para apoyar a Victoria Virtudes, Vito, trabajadora de la Clínica CB Medical de Madrid por las agresiones físicas, verbales y las amenazas constantes a las que está siendo sometida por parte de grupos de extrema derecha, así como el acoso al que están siendo sometidas las clínicas autorizadas de Interrupción Voluntaria del Embarazo (IVE).
(…) pour soutenir l’employée de la clinique CB Medical Victoria Virtudes. Virtudes a été victime de violence physique et verbale et de menaces constantes par des groups d’extrême droite manifestant contre la pratique d’interruptions volontaires de grossesses (IVG) autorisées par la loi.
En 2009, Santiago Barambio, Président de l’Association de cliniques accréditées pour l’IVG (ACAI), a déclaré :
Todavía no nos han matado, pero un hombre prendió fuego en mi clínica hace 10 años y aún no se le ha juzgado.
Ils n’ont pas encore tué l’un d’entre nous, mais quelqu’un a mis le feu à la clinique il y a dix ans et il n’y a pas encore eu de procès.
Ces dernières années, les cliniques les plus contestées sont les cliniques Isadora et Dátor situées à Madrid. Empar Pineda, féministe et porte-parole de l’ACAI, a commenté sur ce sujet sur le site pensamientocritico.org :
(…) grupos ultras y nazis, que en un plazo de dos meses destrozaron en dos ocasiones los ventanales a pedradas, no repararon en que podía haber alguien dentro barriendo las consultas, por ejemplo.
(…) no es fácil entrar tranquilamente a trabajar después de haber visto las pintadas que embadurnan las paredes del edificio, tales como “Hitler asesinó menos inocentes que vosotros”. “Aquí se asesina, ¡impidámoslo (…) Ni tampoco reponerse con facilidad del impacto emocional que sienten las recepcionistas cuando por teléfono les dicen “¡Sois asesinas de niños!”, o cuando les preguntan “¿Dónde guardáis la trituradora?”
En deux mois, des groupes d’extrême droite et sympathisant néo-nazis ont lancé des pierres à travers la fenêtre de la façade de la clinique à deux reprises sans penser qu’ils pouvaient gravement blesser quelqu’un a l’intérieur.
(…) il n y a rien de facile ou de serein lorsque l’on se rend sur son lieu de travail pour y lire sur les portes des graffitis comme : « Hitler a assassiné moins d’innocents que vous tous » ou « Meurtres commis ici » (…) Vous ne pouvez pas non-plus imaginer le préjudice émotionnel subi par les réceptionnistes lorsqu’on leur dit par téléphone : « Tueur d’enfants ! » ou encore « Où cachez-vous le hachoir à bébés ? »
Le 28 décembre 2012, Luisa Torres, directrice de la communication pour la clinique Dátor, s’est adressée à des manifestants aux portes de la clinique et a déclaré :
No es tan fácil para las mujeres, que al acudir a sus citas se encuentran con un grupo de personas dispuestas a inmiscuirse en su vida privada. Al ver este despliegue algunas se dan la vuelta, otras llegan a la esquina y llaman por teléfono o anulan sus citas.
Ce n’est pas une chose facile pour une femme, surtout lorsqu’elle se trouve confrontée à un groupe aussi volatile qui n’hésite pas à envahir sa vie privée lorsqu’elle vient à la clinique. Un tel rassemblement pousse quelqu’un à tourner les talons et courir dans l’autre direction. D’autres tournent le coin de la rue et annulent leur rendez-vous.
Bien que le porte-parole du groupe “Right to Life” maintienne que le groupe se tient à distance des “escraches”, il se peut que les lieux qui bénéficieront le plus des efforts du PP pour interdire ou au moins réguler les “escraches” seront les cliniques d’avortements.
1 commentaire
La situation est pire que je ne le pensais. J’espère que le gouvernement saura gérer les différentes crises. Je suis bluffé en ce qui concerne l’avortement. Mon opinion est que l’avartoment est parfois la meilleure solution dans certains cas (viol, inceste) apr`s c’est un sujet houleux.