Brésil : Une marche des jeunes pour la paix à Fortaleza

Des centaines de personnes ont défilé lors d'une marche pour la paix dans les rues du quartier de Canindezinho à Fortaleza [seconde ville du Nordeste brésilien] pour dénoncer à la fois les assassinats parmi la jeunesse, les mesures visant à la réduire celle-ci à néant  et les fragilités des infrastructures dans cette région connue sous le nom de Grande Bom Jardim couvrant cinq quartiers. En début d'après-midi du 18 avril 2013, sur la place de Canindezinho se sont rassemblés des jeunes, des étudiants, des professeurs, des responsables des différentes communautés, des artistes et des sympathisants. Quelques uns, arrivés plus tôt, ont confectionné leurs pancartes sur les bancs de la place, et d'autres y ont apporté leurs banderoles : ils voulaient parler de la jeunesse, de la paix et de la vie. En guise d'hommage, certains d'entre eux portaient des t-shirts arborant la photo de voisins ou de proches assassinés.

Une banderole pose la question : "Combien de jeunes devront encore mourir avant que la société et l'État ne réagissent ?". Une autre porte le titre "Manifeste pour la paix". Photo de Icaro Martins, publiée sur Facebook.

Une banderole pose la question : “Combien de jeunes devront encore mourir avant que la société et l'État ne réagissent ?”. Une autre porte le titre “Manifeste pour la paix”. Photo de Icaro Martins, publiée sur Facebook.

La marche a été organisée par le groupe des Jeunes Agents de la Paix (Jovens Agentes de Paz – JAP), un projet du Centre de Défense de la Vie – Herbert de Souza qui repose sur le partenariat avec les écoles, les associations communautaires, les organisations non-gouvernementales et les groupes artistiques et religieux. Selon les organisateurs, 1.500 personnes ont participé à la marche.

Donner de la voix pour défendre la vie

Marche pour la paix du Grande Bom Jardim. Image diffusée sur la page Face du projet Jovens Agentes de Paz.

Marche pour la paix du Grande Bom Jardim. Image diffusée sur la page Face du projet Jovens Agentes de Paz / Jeunes Agents de la paix.

D'après la lettre ouverte de la marche intitulée “Contre la violence de l'État et l'extermination annoncée : faisons entendre notre voix pour défendre la vie !” et en lecture sur le site du Centre de Défense de la vie – Herbert de Souza, 491 morts entre 2007 et 2010 au Grande Bom Jardim sont liées à la violence. Toujours selon cette lettre, ce chiffre comprend 186 jeunes de 15 et 29 ans, morts entre 2007 et 2009 ; pour la seule année 2012, 166 personnes ont été assassinées dans la région.

En mars 2013, le journal local O Povo a publié un article sur la montée de la violence à Fortaleza : en février, 142 personnes ont été tuées, dont 15 dans le quartier du Grand Bom Jardim. Sur les 59 premiers jours de 2013, ce quartier a été en tête des statistiques avec la saisie par la police de 22 armes à feu – en 2012, le quartier était troisième avec 88. Pour donner un ordre de grandeur, ces cinq quartiers comptent 204 281 personnes, dont 120 957 de moins de 30 ans, selon le recensement de 2010 de l'Institut brésilien de géographie et de statistiques (Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística – IBGE [en français]).

Pour les organisateurs de cette marche, nombreux sont les combats à mener contre la “chaîne de violations” [des droits de l'enfant], comme celui contre l'analphabétisme (la lettre indique que plus de 9 611 enfants, adolescents et jeunes adultes, sur une fourchette de 5 à 24 ans, ne savent ni lire ni écrire), la lutte contre les maladies résultantes de conditions sanitaires et d'infrastructures inappropriées et la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs, garçons et filles. La lettre, remise aux personnes en présence et distribuée dans la rue, adressait aussi une critique au débat concernant la baisse de l'âge de la majorité pénale au Brésil, fixée à 18 ans :

Et comme si la terrible situation en cours ne suffisait pas, les jeunes doivent dorénavant porter eux-mêmes la responsabilité de la violence croissante au Brésil, dans un processus de criminalisation de la jeunesse, s'articulant avec l'augmentation consécutive de l'incarcération des jeunes et le combat des milieux réactionnaires exigeant la diminution de la majorité pénale [à 16 ans, voire 14 ou 12 ans]. Ils ont même à subir jour et nuit la brusquerie des contrôles policiers et un traitement [médiatique] de la même teneur par les chaines de télévision dont les grilles comprennent des émissions policières criminalisant les pauvres et stigmatisant les quartiers.

Le groupe de percussion du projet Luthieria Cultural joue au beau milieu du défilé. Photo publiée sur Facebook via le profil du collectif Crítica Radical.

Le groupe de percussion du projet Luthieria Cultural joue au beau milieu du défilé. Photo publiée sur Facebook via le profil du collectif Crítica Radical.

Un des jeunes participants, Icaro Martins a suivi l'événement de près, muni de son appareil photo, et a créé un album sur Facebook afin de diffuser les photos de la marche.

Des citoyens portent la banderole "La jeunesse osant lutter vient avec nous marcher - La jeunesse a le droit de vivre". Photo publiée par Icaro Martins sur Facebook.

Des citoyens portent la banderole “La jeunesse osant lutter vient avec nous marcher – La jeunesse a le droit de vivre”. Photo publiée par Icaro Martins sur Facebook.

Isabel Forte a exprimé son soutien à la manifestation sur Facebook :

Esse é o Bom Jardim que vale a pena!!! E estas pessoas que se importam com o bem estar coletivo são mais que valiosas!!! Força, pessoas do bem!!!

Voilà le Bom Jardim qui vaut la peine !!! Ces gens qui se soucient du bien-être collectif sont plus que valeureux !!! Vivent ces gens de bien !!!

Défiler pour la paix

Le 16 mars 2013, les enfants et les jeunes du projet Luthieria Cultural ont aussi participé à un cortège pour la paix dans le parc São Vicente, situé dans le quartier de Canindezinho. Le projet Luthieria est une “initiative artistique, ludique et éducative” visant à “diminuer les situations de violence présentes dans le quartier” par le biais de la musique à percussion et de formations [des jeunes].

Peinture murale pendant le cortège : "Unissons nos mains pour la paix". Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Peinture murale pendant le cortège : “Unissons nos mains pour la paix”. Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Des participants au projet jouent des percussions au parc São Vicente, dans le quartier de Canindezinho. Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Des participants au projet jouent des percussions au parc São Vicente, dans le quartier de Canindezinho. Photo publiée sur le blog du projet Luthieria Cultural.

Plusieurs projets conduits dans ces endroits se sont appliqués à faire face aux situations de violences parmi les jeunes du Grande Bom Jardim. Pour Jair Soares, coordinateur du projet Luthieria, les actions culturelles constituent une issue importante :

Notre objectif principal a été de rappeler que les actions culturelles du quartier représentent un leviers de solution face aux situations d'inégalité et de violence que connaissent les banlieues de Fortaleza.

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