Un juge saoudien interdit aux femmes d'assister au procès d'un réformiste

Cet article fait partie de notre dossier central en anglais  Procès des réformistes en Arabie Saoudite

À peine dix jours après que la première femme saoudienne ait été habilitée à exercer la profession d’avocat, un juge a interdit aux femmes d'assister au procès public de l’activiste  Abdualkareem al-Khudar, membre fondateur de la plus importante organisation des droits de l’homme du royaume, l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ASDCP).

A cause des restrictions imposées par la loi saoudienne, il est très difficile pour des organisations comme ASDCP de fonctionner. La monarchie ne reconnait  pas des droits fondamentaux tels que la liberté d’expression ; elle interdit presque toute forme d’association et restreint la liberté de réunion.

Plus de 40 militants et militantes sont venus au tribunal de Buraidah pour assister à la quatrième audience du procès d'Abdualkareem al-Khudar, le 20 avril 2013, la dernière d’une série de représailles judiciaires contre les militants d’ASDCP.  En 2012, des dizaines de défenseurs des droits de l’Homme avaient été emprisonnés en Arabie Saoudite.

Abdualkareem al-Khudar a protesté contre cette mesure et a refusé d’entrer dans la salle d’audience. Alors qu'il se trouvait devant le tribunal, un policier l'a arrêté. Son avocat Abdulaziz Shubaily (@a_abdulaziz300) [arabe] a demandé au président de la Cour pénale de Buraidah pourquoi son client avait été détenu et a tweeté [ar]:

@ a_abdulaziz300 Je suis allé au tribunal et j’ai discuté avec le président de la Cour, Ali al-Omar. Il a dit que le juge Ibrahnim al-Hussni avait émis un ordre de placement en détention de quatre mois.

Le mois dernier, un jugement a été rendu après le procès long de 9 mois de deux autres membres fondateurs de ASDCP,  Mohammad al-Qahtani et Abdullah al-Hamid. Ils ont été condamnés respectivement à dix et onze ans de prison pour “rompre l'allégeance au souverain, et à son successeur” et “tentative d'entraver le progrès du pays”. L’ASDCP a révélé que le gouvernement avait affirmé qu’il renoncerait à l’action en justice si al-Qahtani et al-Hamed acceptaient de mettre fin à leurs revendications mais les deux hommes ont préféré aller en prison plutôt que se taire.

Les femmes avaient été autorisées à assister à ce procès, mais par la suite, le juge a cité un verset coranique pour les en empêcher.  Un membre de ACPRA, Abdullah al-Sied (@ abdulllah1406) a tweeté [ar] :

@ abdulllah1406: Le juge Ibrahim al-Hosni cite le verset du Coran “et demeurez dans vos maisons” pour interdire l'accès des femmes au procès d’ACPRA.

L'Arabie saoudite suit officiellement la charia. Le code pénal du pays ne repose pas sur des lois écrites mais sur des commentaires et des interprétations du Coran et d'autres écrits de la charia, souvent faites de façon arbitraire par des juges qui font partie du clergé et sont nommés par le gouvernement.

Le réformiste Bandar Shammari (@xalshammari) s'est rendu à Buraydah pour assister au procès, mais on ne lui a pas permis d’entrer dans la salle d’audience à cause de son apparence physique. Il a tweeté [ar] :

@ xalshammari: Les gardes de la Cour pénale de Buraydah ne m'ont pas permis d'entrer parce que je n’étais pas “assez saoudien”.

 

L'activiste Waleed Abualkair (@abualkhair) [ar]:

@abualkhair: Le régime politique dit aux étrangers qu'il défend le droit des femmes, mais la racine du problème réside dans cette société…

Lors d'une audience précédente, al-Khudar avait demandé que l'instruction soit confiée à un autre juge, en raison d'un conflit personnel qu'il a eu avec ce juge avant le procès. Mais ce dernier a refusé sa demande en disant que ce conflit n’influencerait aucunement son impartialité.

L'Arabie saoudite est l'une des rares monarchies absolues subsistant dans le monde et dispose d'un bilan accablant en matière des droits de l'Homme; elle détient arbitrairement plus de 30 000 personnes.

 

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