Inde : La violence contre les enfants est endémique au Kérala

Le Kérala, dans le sud-ouest de l'Inde, est sous le choc d'une nouvelle affaire cas de mauvais traitement d'enfant au milieu d'une abondance de cas de maltraitance infantile enregistrés dans l'Etat, avec des victimes torturées physiquement par leurs propres parents.

Shafiq, 5 ans, est en ce moment entre la vie et la mort dans un hôpital du Kerala, avec de graves lésions au cerveau et aux poumons, des membres cassés et des brûlures au premier degré. Les médecins estiment les chances de survie du petit garçon à 25% seulement [en anglais, comme les liens suivants]. Il a été torturé par son père biologique Sheriff et la nouvelle femme de celui-ci, qui ont été arrêtés par la police, informée des maltraitances.

Shafiq est originaire de Kumily, une région agricole dans le district d'Idukki au Kerala. Le journal The Hindu relate que Shafiq n'est pas un cas isolé et les registres de la ChildLine, la seule et très écoutée ligne téléphonique d'assistance et d'urgence gratuite pour enfants en détresse en Inde, disponible 24 heures sur 24, montre que la maltraitance infantile est endémique dans la région et des mauvais traitements régulièrement rapportés au sein des familles.

By Thorsten Vieth from Bangalore, India [CC-BY-SA-2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons

Photo de Thorsten Vieth à Bangalore, Inde [CC-BY-SA-2.0], via Wikimedia Commons

 Dans une affaire précédente, une enfant de 7 ans, Aditi, était torturée et est morte de faim sous la garde de son père biologique et de sa femme au Kerala. Le cas a fait des remous au-delà de l'Etat.

Il y a cinq ans, le cas de Aromal, une enfant enchaînée dans la cour de sa maison et forcée de partager sa nourriture avec un chien, choquait la société par l'étendue de la cruauté dont les parents sont capables à l'égard de leurs propres enfants.

Plusieurs cas d'exploitation sexuelle par des pères eux-mêmes ont choqué l'état du Kerala et l'Inde récemment.

En réponse à une vague de cas de maltraitance et d'abus sexuels contre les enfants, le Ministre d'Etat pour la Protection sociale M.K Muneer, a constitué des “comités de surveillance des enfants” qui sont supposés jouer un rôle plus rigoureux dans l'alerte et le signalement de tels incidents directement auprès des autorités concernées. La première mesure du gouvernement de Kerala a été d'ordonner à les écoles de signaler tout fait de maltraitance en tous lieux ; des mesures de suivi psychologique devaient être alors lancées. Il a été demandé aussi aux hôpitaux d'examiner les enfants si l'on soupçonne qu'ils sont victimes de mauvais traitement et torture.

Beaucoup en Inde ne sont pas conscients des droits des enfants, et beaucoup de parents biologiques semblent croire qu'ils ont un droit de propriété absolu sur leurs enfants. Beaucoup d'Indiens ont été choqués lorsque la Norvège a condamné des parents d'origine indienne pour maltraitance, l'année dernière, pour avoir brûlé et battu leur enfant de sept ans avec une ceinture.

L'Inde est partie-prenante de la Déclaration de l'ONU sur les Droits de l'enfant de 1959 et a signé la Déclaration mondiale sur  la protection et le développement des enfants. L'Inde a aussi adopté une Politique nationale sur les enfants en 1974, qui réaffirme les dispositions constitutionnelles quant aux services adéquats pour les enfants, à la fois avant et après la naissance et durant la période de croissance pour garantir leur entier développement physique, intellectuel et social. Des procédures de suivi appropriées doivent évaluer les progrès dans l'application des lois.

Cependant, dans cette société patriarcale, l'attitude à l'égard des enfants malgré ces platitudes est que les parents sont les uniques propriétaires de leurs enfants biologiques. Bien que les châtiments corporels soient interdits dans les écoles en Inde, une étude de 2009 du Centre de Recherche et de formation épidémiologique de Thiruvananthapuram au Kerala, montre que 50% des parents interrogés dans cet Etat continuent d'employer des châtiments physiques pour éduquer leurs enfants.

Sur les médias sociaux, cependant, les utilisateurs ont commencé à remettre en cause cette attitude.

Rejesh O P posait la question essentielle sur sa page Facebook : le droit de propriété des parents sur leurs enfants, une attitude de beaucoup de parents indiens :

കുട്ടികൾ മാതാപിതാക്കളുടെ സ്വകാര്യ സ്വത്താണോ ? എന്റെ മക്കളെ ഞാൻ തല്ലും കൊല്ലും നീയാരാ ചോദിക്കാൻ ഈ ചോദ്യത്തിന് ഒരു കുഴപ്പമുള്ളതായി സമൂഹത്തിനു ബോധ്യപെടാത്തിടത്തോളം ‘ഷഫീക്’ ആവർത്തിക്കപെടും

Les enfants sont-ils la propriété privée de leurs parents ? Si l'attitude est que je vais tuer ou torturer mes enfants, qui allez-vous appeler, lorsque des enfants comme Shafiq seront torturés.

Sonia Elizabeth Padamadan écrivait sur son compte Google Plus :

തനിക്കു താഴെ ഉള്ളവർ തന്നെ പോലെ തന്നെ ജീവിക്കാൻ അവകാശം ഉള്ളവർ ആണ്. തനിക്കു തോന്നും പോലെ എടുത്തു പെരുമാറാൻ ഉള്ളതല്ല എന്ന് ആണ്, തന്നെ പോലെ തന്നെ എല്ലാ അവകാശങ്ങൾ ഉള്ളവർ ആണെന്ന് നമ്മൾ എന്ന് മനസ്സിലാക്കും ആവോ ?

Quand les gens réaliseront-ils que tout le monde a un droit égal à vivre sa vie, même les enfants élevés par leurs parents ?

L'entrepreneur Boaz Chacko (@boazbchacko) publiait sur Twitter son soutien pour davantage de lois pour empêcher le mauvais traitement d'enfant :

#Kerala. Les législateurs de Kerala doivent prêter attention au maître. Shafeeq, il faut travailler sur la législation pour empêcher le mauvais traitement à enfant.

L'inspecteur général de police à la retraite Ramesh Chandra (@amoli09) appelait à l'arrestation des parents qui maltraitent leurs enfants :

Alors que les meilleurs soins sont souhaités pour le malheureux enfant de 5 ans, les coupables doivent être arrêtés.

Créatrice de la Fondation Go India, une ONG qui promeut le bien-être de la jeunesse urbaine et rurale, Alka Lamba (@alkalambaaicc) posait la question qui est désormais à l'esprit de tout le monde :

Est-ce un père et une mère ? Ils ont agi comme des démons :(“@ndtv: un garçon de 5 ans à Kerala sous respirateur suite à une maltraitance supposée par son père et sa belle-mère.

L'utilisateur Pavan (@pavankajhonka) moquait le taux très élevé d'alphabétisation vanté au Kerala :

“@ndtv: un garçon de 5 ans à Kerala sous respirateur suite à une maltraitance par son père et sa belle-mère http://t.co/7Ir9KwhKo8” Ça c'est de la haute alphabétisation @Baggad

Ces exemples horrifiants d'enfants torturés à mort montre le besoin urgent d'éducation et d'un changement de comportement à l'égard des enfants. Si la violence est employée pour élever les enfants dans une société, qu'est-ce que cela dit de cette société ?

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