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Brésil : “Les vrais hommes ne battent pas les femmes”

Catégories: Amérique latine, Brésil, Droits humains, Femmes et genre, Idées, Liberté d'expression, Médias citoyens

Ce sont des statistiques confondantes : un cinquième des femmes brésiliennes vont être victimes de violences domestiques. Celles-ci comprennent des abus physiques, psychologiques et émotionnels, ainsi que le viol conjugal. L'agresseur est habituellement le petit ami, le mari, l'ex, ou un homme de la famille.

Face à ce problème, une campagne en ligne a été lancée en début d'année, et met au défi les “vrais hommes’ de témoigner leur solidarité, contre les violences domestiques.

La Banque Mondiale, avec la participation de l’Institut [1] [pt] Maria da Penha Fernandes parmi d'autres mouvements [2] et associations brésiliens pour les droits des femmes, ont lancé cette campagne [3] [pt] en mars 2013 : “Les vrais hommes ne battent pas les femmes” (Homem De Verdade Não Bate Em Mulher).

Des sportifs brésiliens, des acteurs et des personnalités de la société civile se sont joints à l'initiative sur la page Facebook [4] de la Banque Mondiale Brésil, pour encourager les Brésiliens à condamner publiquement la violence domestique. Sur  Facebook [5]Twitter [6] et Instagram [7] , ils ont publié des photos d'eux-mêmes tenant une pancarte avec le slogan de la campagne (qui est aussi un mot-clic #souhomemdeverdade), signifiant ‘Je suis un homme, un vrai” en portugais.

Real men don't beat women. Source: Banco Mundial Brasil on Facbook [8]

“Les vrais hommes ne battent pas les femmes”. Source: Banco Mundial Brasil sur Facebook

“Toutes les quatre minutes, une femme meurt de la violence domestique au Brésil”, selon les statistiques présentée [9]s durant un sommet d'Etat du bureau du procureur général de l'Etat du Rio Grande do Sul en mars 2013:

Os números assustam. (…) Esta é a principal causa da morte de mulheres entre 16 a 44 anos. Desses crimes, 99% são causados por ciúme e possessividade; 77% dos conflitos ocorrem depois da separação.

Ces chiffres sont terrifiants. (…) C'est la principale cause de décès pour les femmes entre 16 et 44 ans. Parmi ces crimes, 99% sont motivés par la jalousie et la possessivité. 77 pour cent des conflits ont lieu après une rupture.
"No woman looks good in purple". Domestic violence by pablobasile on Deviantart (CC BY-NC-ND 3.0) [10]

“Le violet ne va à aucune femme”. La violence domestique, photo depablobasile sur Deviantart (CC BY-NC-ND 3.0)

La Carte de la violence 2012 (Mapa da Violência de 2012 [11]) [pt, PDF] recense 91 930 femmes assassinées au Brésil entre 1980 et 2010. En moyenne, 4,5 femmes sur 100 000 sont assassinées.  Les Etats brésiliens de Espírito Santo, Alagoas et Paraná présentent les taux les plus élevés.

Une édition spéciale d'un rapport consacré au féminicide au Brésil [12] [pt, PDF], conclut que  “68,8 pour cent des meurtres de femmes ont lieu dans la sphère domestique”, dans le groupe d'âge des  20-49 ans, “65% des agressions sont commises par le partenaire, ou l'ex”. on peut aussi lire dans ce rapport :

entre os 84 países do mundo que conseguimos dados a partir do sistema de estatísticas da OMS o Brasil, com sua taxa de 4,4 homicídios para cada 100 mil mulheres ocupa a 7ª colocação, como um dos países de elevados níveis de feminicídio

Sur les 84 pays pour lesquels nous avons obtenu des données du service des statistiques de ll'OMS, le Brésil, avec son taux de  4,4 meurtres pour 100 000 femmes, se place au septième rang des pays les plus touchés par le féminicide.

Selon Wikigender [13]:

Murders of women rates (each 100 thousands women) Brazil 1980-2010. [14]

Nombre de morts violentes pour 100.000 femmes au Brésil (1980-2010.) Source: Map of Violence 2012 [14]

la violence domestique n'est entrée dans le Code pénal brésilien qu'en  2006, quand la loi 11 340 du 7 août 2006, connue aussi sous le nom de Loi Maria da Penha [15] [d'après Maria da Penha Fernandes [16] [pt], l'une des personnalités les plus connues du mouvement pour les droits des femmes au Brésil,  elle même victime de violences domestiques], a été adoptée. En dépit des efforts croissants accomplis récemment, non seulement sur le plan législatif, mais également aux niveaux social et institutionnel, les cas de violences sont toujours élevés et ils sont toujours peu déclarés auprès des autorités, en raison de la peur de représailles, peur de nouvelles violences et du stigmate social.

Malheureusement, ces statistiques ne sont pas à la baisse. Les appels au secours au Centre d'assistance des femmes brésiliennes ne diminuent pas, ils sont 16 fois plus nombreux ces dernières années [17].

“Les hommes qui battent les femmes ne sont pas bien dans la tête”

La Banque Mondiale, avec le Congrès National brésilien et Camara TV, ont aussi organisé un concours de documentaires courts [18]sur la Loi on Maria da Penha, qui a choisi cinq ‘histoires courtes’ illustrant les vies de :

Premier prix : un groupe de femmes qui se mobilisent contre la violence entre sexes à Sao Paulo [vidéo: Maria Maria [19]]

Deuxième prix : Dans un groupe de femmes artisans, Carmen a trouvé la force de quitter un homme qui abusait d'elle . [video: Divas - Female Voices [20]]

3ème prix : Lucilia, une femme autochtone, a à maintes reprises essayé de dénoncer à la police son ex-partenaire, mais la police n'a jamais rien fait. [vidéo: One Law for All [21]]

4ème prix : Siliva, une militante des droits des femmes a été assassinée par son gendre, qui battait sa fille [video: Sílvia [22]]

5ème place :  Veronica, Carmen, et Sara, qui ont réussi à échapper à des maris violents   [vidéo Life Stories Marked by Domestic Violence [23]]

La militante  Natasha Bake a écrit [24] sur son blog, après avoir découvert la vie et le travail de Maria da Penha que “L'un des grands bénéfices du réseautage est de découvrir d'autres organisations, entreprises et mouvement qui apportent de l'espoir dans ce monde”. Pour ceux qui veulent dénoncer des violences domestiques, ou toute violence entre les deux sexes, au Brésil, le numéro à composer est le 180 :

Les hommes qui battent les femmes ne sont pas bien dans leur tête”. Signalez-les en appelant le 180