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Zambie : enseignement primaire accessible à tous, et ensuite ?

Catégories: Zambie, Développement, Education, Jeunesse, Médias citoyens
Village school class in Zambia. Photo by Jurvetson on Flickr (CC [1]

Classe dans un village en Zambie. Photo de Jurvetson sur Flickr (CC BY 2.0)

[liens en anglais] Selon le classement du taux de lettrisme en Afrique publié par The African Economist [2] le mois dernier, 37 des 52 pays d'Afrique atteignent désormais plus de 50%, tandis que 17 pays sont actuellement au-dessus de 70%.

Pour un continent classé comme le plus pauvre, avoir de tels résultats donne l'espoir que les niveaux d'éducation et de lettrisme peuvent continuer de progresser grace à des efforts soutenus. L'échéance de 2015 arrive pour réaliser les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) [3] de l'ONU, parmi lesquels l’accès à tous à l'enseignement primaire [4].

La Zambie, qui se place 17ème en Afrique avec un peu plus de 80 % de personnes scolarisées, pourrait probablement élever son niveau si les efforts actuels du gouvernement, des organisation non-gouvernementales et des individus pour améliorer l'éducation portaient leurs fruits.

Malgré des avancées en matière d'enseignement et la croissance du nombre d'universités en Zambie, le faible niveau d'éducation est encore problématique, de nombreux élèves échouant à progresser dans le système éducatif.

L'école, et après ?

Un document de l'OCDE présentant ses recommandations sur l'éducation [5] pour un cadre de développement post-2015 [6] suggère que les objectifs et mesures éducatifs sont importants une fois atteint l'accès universel aux écoles primaires et secondaires. L'OCDE observe que malgré les progressions de la scolarisation et de l'assiduité à travers le monde depuis que les OMD ont été lancés en 2000, beaucoup de jeunes continuent de quitter l'école sans les connaissances et compétences dont ils ont besoin pour trouver un emploi et s'épanouir.

En Zambie l'an dernier, près de 60.000 élèves ont échoué à l'examen de fin du primaire [7] sur 337.706 candidats à l'examen.
Commentant un article du Musaka Times sur les résultats de cet examen, un lecteur, Chongo B.C, écrivait [8] :

Les résultats de l'examen de fin du primaire pour l'année 2012 ont été très impressionnants comparés aux années précédentes. Cela a été une amélioration formidable. Cependant, le gouvernement, à travers le Ministre de l'éducation, de la science, de la formation professionnelle et de la petite enfance devrait s'assurer que cela offre des classes adéquates à ces élèves pour apprendre efficacement. Par-dessus tout, cela devrait réduire la ratio d'élèves par professeur dans les salles de classe afin de garantir un environnement d'apprentissage propice. Cela assurera une éducation de qualité et des citoyens actifs qui seront utiles à la société.

Un autre lecteur, Xhoisan X questionnait [9] l'une des politiques les plus vantées par les gouvernements successifs :

S'il vous plaît, éduquez-moi. Je viens de comprendre que la Zambie a désormais une éducation obligatoire jusqu'à l'école secondaire. Aussi, que représentent ces résultats [donnés par le ministre de l'éducation] ?

Alors que le taux de progression de l'école primaire peut sembler mauvais, c'est le filtre de la cinquième qui envoie le plus d'élèves [10] dans la nature. D'après le Times of Zambia, seulement 100.824 candidats ont réussi sur 291.018 qui ont passé les examens en 2012.

Il y a de nombreux facteurs qui affectent la progression des élèves jusqu'à l'enseignement supérieur mais le problème le plus important semble être le manque de locaux scolaires dans les petites classes avec un ratio professeur/élèves en Zambie de 1 à 63 en 2011 d'après la Banque mondiale [11].

Le gouvernement s'est lancé dans la construction de plus de salles de classe de niveaux primaire, secondaire et supérieur pour accueillir le plus d'élèves et d'étudiants possibles. Inaugurant une école en zone rurale de Zambie l'année dernière, le Président Michael Sata disait [12] :

Notre objectif est d'édifier un système public d'éducation bien organisé, de valeur et fiable au moyen d'investissements conséquents dans l'infrastructure éducative. En tant que gouvernement, nous avons l'obligation d'organiser et façonner l'avenir de notre peuple en général, particulièrement des citoyens les plus jeunes, qui constituent une majorité de notre population.

Le Président Sata a aussi exposé les projets de son gouvernement pour construire les universités dans un discours inaugural devant le Parlement [13] en 2011, et il est jusqu'à présent engagé la construction de l’Université [14]Palabana [14], anciennement un institut de formation laitier, l’ Université [15]Chalimbana [15], qui était une école de formation continue d'enseignants, et l’Univesité [16]Robert Makasa [16], anciennement Mission Lubwa. Ces nouvelles universités s'ajouteront aux trois universités publiques existantes, l'Université de Zambie, l'Université Copperbelt et l'Université Mulungushi.

Bien que le gouvernement fasse des efforts, il y a de nombreux obstacles qui rendent l'accès à l'éducation impossible pour beaucoup de gens, parmi lesquels la pauvreté importante qui touche beaucoup de familles.

Regarder vers l'avenir

Comme le constate l'OCDE, pendant que l'importance de l'accès universel à l'enseignement primaire serait conservée, un objectif d'après 2015 lié à l'éducation consiste à intégrer le niveau de l'enseignement secondaire et inclure une attention plus forte sur les apprentissages. L'OCDE elle-même soutient le Programme d'évaluation des élèves au niveau international (PISA) où les pays peuvent comparer leurs résultats respectifs.

On peut se demander comment la Zambie compte atteindre de telles normes, mais un pas a au moins été franchi en matière d'infrastructure. La construction d'écoles primaires et secondaires correspondra idéalement au rythme de création des université publiques, couplée avec la formation et le recrutement de plus d'enseignants.

Au niveau individuel, prenant en compte la situation difficile des enfants issus de familles frappées par la pauvreté, une Zambienne vivant aux Etats-Unis, Isabella Mukanda Shamambo, a créé un centre éducatif dénommé “Au-delà des l'enseignement primaire universel pour tous”, dont l'acronyme est BUPE (signifiant “don” dans certaines langues zambiennes). Présentant le projet sur le site des Community Prayer Centers [17], elle écrit :

La réussite approximative de l'un des objectifs du millénaire pour le développement de l'ONU a abandonné une génération d'enfants avec un niveau de fin du primaire errer dans les rues de nombreuses grandes villes, notamment en Afrique sub-saharienne. Aujourd'hui, il y a besoin d'un enseignement universel secondaire que la plupart ne peuvent s'offrir. Les enfants errent dans les rues de Ndola [ville de Zambie] en vendant des sacs en plastique dans l'espoir de revenir en 6ème. Les autres errent dans les rues, espèrent un avenir meilleur complètement perdu.

La mesure la plus progressiste que le gouvernement zambien a annoncée en 2012 était la modernisation de 1.570 dénommées écoles communautaires [18] gérées pour la plupart par des ONG pour pourvoir aux besoins de groupes vulnérables issus des régions les régions les plus pauvres des aires urbaines et péri-urbaines. Cela vise à contribuer à atteindre les OMD et au-delà.

Pour parler de manière optimiste, avec la réalisation de l'enseignement primaire universel dans l'immédiat, en Zambie en particulier et en Afrique en général, nous devrions nous préparer à faire un saut assuré par-delà les Objectifs du millénaire pour le développement de 2015, pour nous intéresser à l'amélioration des programmes scolaires et promouvoir de plus hauts niveaux d'apprentissage.

Ce billet fait partie d'une série rédigée par des blogueurs de Global Voices pour l'OCDE concernant les idées pour le développement dans le monde entier après 2015 [19]. L'OCDE n'est pas responsable du contenu de ces billets.

Voir le portail Wikiprogress post-2015 [20] pour plus d'informations à ce sujet.