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Le Mali espère un nouveau départ avec le premier tour de l'élection présidentielle

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Mali, Élections, Médias citoyens, Politique

Ce billet a été publié sur Global Voices en anglais [1] le 2 août (auteur :  [2]Rakotomolala [2]traduit par Claire Ulrich)

Un second tour [3] sera nécessaire pour départager les candidats à la présidentielle dans un Mali actuellement divisé en deux par une guerre avec les groupes rebelles au Nord.

Le second tour déterminera un vainqueur entre l'ancien premier ministre Ibrahima Boubacar Keita [4], qui a totalisé environ 40% des suffrages lors du premier tour, et Soumaïla Cissé [5], dont le score est d'environ 24% [mise à jour du 3 août : environ 20% [6]].

Le Mali est déchiré par un conflit avec différents groupes de rebelles [7] au nord depuis un an et demi, puis par un coup d'état d'une junte militaire conduite par le capitaine Amadou Sanogo qui a destitué l'ancien président Amadou Toumani Touré en 2012 [8] et s'est instituée gouvernement.

Affiliations politiques mises à part, le taux de participation des électeurs est déjà une raison de se réjouir. Cette élection est un premier pas vers un retour à la normale, pour un pays qui fait aussi face à une crise entraînée par l'afflux de réfugiés [9] et des pénuries alimentaire [10]s. Le second tour aura lieu le 11 août.

Les prétendants

Les résultats du premier tour indiquent que Ibrahim Boubacar Keita [4]  est favori pour devenir le prochain président, avec 55,93% des voix  [11]exprimées lors du premier tour en sa faveur au premier tour [Ndt : Taux de participation 51,54%] [12]  Ibrahim Keita a été premier ministre du Mali de 1994 à 2000 sous la présidence de Alpha Oumar Konaré. Il a été ensuite président de l'Assemblée nationale du Mali de 2002 à 2007. Il est également le leader du parti politique Rassemblement pour le Mali (RPM).

 

IBK [13]

Ibrahima Boubacar Keita,  photo de sa page Facebook – Domaine public

Ses principaux concurrents dans la course sont Soumaïla Cissé et Dramane Demblé, entre autres. Certains craignaient que ces élections ne surviennent trop tôt, car certaines zones du pays, au Nord, doivent encore être contrôlées par l’armée malienne et sont aux mains des rebelles.
Alors que quelques candidats ont déjà félicité Ibrahim Keita [14] pour son succès, d'autres ont signalé des irrégularités dans le processus électoral. Souamalia Cissé, qui fut également candidat à la présidentielle en 2002, assure que certaines urnes étaient remplies de bulletins de vote frauduleux. Sur le blog Koaci, le parti de Cissé a déclaré  [15]:

L’URD, Union pour la République et la démocratie, parti de Soumaila Cissé, est monté au créneau ce mercredi pour dénoncer “un bourrage des urnes”.

Le parti du candidat Cissé ajoute

Malgré ce bourrage, selon nos chiffres, un second tour est inévitable pour départager notre candidat, Soumaïla Cissé, et Ibrahim Boubacar Keïta [..] Le ministre a annoncé un taux de participation de 53% selon des résultats partiels. Cela donne à peu près 3 600 000 électeurs qui ont voté. Cela veut dire qu'il faudra au minimum 1 800 000 voix pour passer au premier tour, or, à ce jour, aucun candidat n'a plus d'un million de voix

 

Une étape importante pour le Mali
En raison du conflit avec les rebelles au Nord, beaucoup de Maliens ont été déplacés et ont trouvé refuge dans les pays voisins. Dans la vidéo suivante, disponible sur le compte YouTube du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (UNHCR), Jarrou Ag Ahmed, un réfugié malien au Burkina Faso, explique pourquoi l'élection présidentielle est un pas important pour le rétablissement du Mali

Nous voulons un président pour avoir la paix dans notre pays.

 

D'autres sont du même avis [16] comme Sean Gallagher, le représentant de Catholic Relief Services au Mali :

L’élection est vue comme une chance pour le Mali, et les gens espèrent que le nouveau président élu saisira cette chance et résoudra les problèmes profondément enracinés que connaît le pays pour travailler sur les problèmes des citoyens maliens. On sent également que l'élection éloignera le pays du coup d'état.

Christos Kyrou, un expert en maintien de la paix et résolution des conflits, n'est pas tout à fait aussi optimiste sur le nouveau départ que peuvent apporter ces élections au Mali. Il explique sur la plate forme d'informations The Fair Observer [anglais] ce qui attend le Mali, et les problèmes importants qu'il faut encore résoudre.

Les raisons à l'origine du conflit, dont la pauvreté, la corruption, et la sécheresse persistante de ces dernières années au Nord du Mali, sont les plus gros challenges à long terme qu'affronte le pays. Par ailleurs, le manque d'infrastructures élémentaires, d’opportunités de travail, d'eau et de modules microéconomiques de base comme la disponibilité de crédit laissent penser que, à moins que la communauté internationale réagisse rapidement et fournisse une aide ciblée sur ces questions inquiétantes, ce ne sera qu'une question de temps avant que survienne la prochaine rébellion.