Solentiname, donne depuis le Costa Rica sur son blog Anchas Alamedas une réflexion approfondie à l'occasion du quarantième anniversaire du coup d'état au Chili.
Aujourd'hui ça fait quarante ans. On commémore aujourd'hui pas seulement l'anniversaire d'un coup d'état, mais aussi la mort d'un rêve fusillé, des milliers de prisonniers disparus, des milliers de familles exilées. Personne ne sait exactement, quarante ans après, combien ils étaient. Quarante ans après, si on prononce encore le nom de Salvator Allende, la colère monte, des larmes de douleur et de colère […]
Je ne peux pas, même si je le voulais, juger ces juges et ces avocats. Je regarde autour de moi et je me demande, de tout ceux que je connais, qui aurait risqué sa vie, celle de sa femme, de ses enfants pour tenter de sauver celle d'un prisonnier disparu […]
J'ai connu un homme qui s'enorgueillit de n'avoir jamais trahi un ami. Il avait 23 ans en 1973 lorsqu'il faisait la queue sous une couverture dans ce stade où il savait qu'on allait le torturer, il se répétait intérieurement que tout ce qui comptait c'était de ne pas trahir la cause […] Maintenant quand on me parle de quelqu'un qui a accepté de parler, je baisse les yeux et me dis que je ne pourrais pas l'accuser moi non plus, car il y a des situations limites, et la seule chose que je puisse faire pour ce compagnon, c'est l'embrasser, lui dire que cela ne compte plus, le laisser pleurer un moment pour qu'il cesse de se haïr […]