Le Code du travail suscite le débat sur ​​la sexualité et le racisme à Cuba

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Le projet de Code cubain du travail est en cours de discussion aussi bien sur les lieux de travail que dans les espaces numériques basés sur l'île. La proposition de loi, approuvée par l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire en décembre 2012, a été lancée le 10 juillet, pour être débattue dans chaque lieu de travail du pays.

blogpaquitoDepuis la publication du projet du code dans les médias officiels cubains, le document a également attiré l'attention de divers blogueurs résidant sur l'île. Le journaliste Francisco Rodríguez a formulé deux observations sur projet susmentionné dans son blog PaquitoeldeCuba.

Dans le premier, Rodríguez, en plus de faire des propositions concrètes sur les modifications à la formulation de la loi, invite également les communautés de la diversité sexuelle à participer au débat :

El reconocimiento del derecho al trabajo con independencia de la orientación sexual o la identidad de género de las personas podría incluirse en una nueva ley, si todos los trabajadores y las trabajadoras que somos homosexuales, bisexuales o trans proponemos en nuestras secciones sindicales una adición al anteproyecto de Código de Trabajo que actualmente se discute en Cuba mediante consulta popular.

La reconnaissance du droit à l'emploi indépendamment de l'orientation sexuelle de la personne ou de l'identité de genre pourrait être incluse dans une nouvelle loi, si nous, tous les travailleurs, qui sommes homosexuels, bisexuels ou transsexuels proposions un ajout au projet de Code du travail dans nos sections syndicales, ce qui est actuellement examiné par la voie du référendum.

La principale préoccupation de Cruz, exposée dans son second billet, concerne la nécessité d'une volonté politique dans les discussions des décideurs du pays, de sorte que ces suggestions et d'autres sur l'inclusion des homosexuels, transsexuels, etc soient prises en compte dans cette loi.

Los expertos que redactaron la propuesta de ley no solo obviaron cualquier mención explícita a la discriminación por orientación sexual e identidad de género en el entorno laboral, sino que tampoco pusieron en blanco y negro el derecho al trabajo para las personas discapacitadas y seropositivas, aunque en este último caso sí se mantiene una protección salarial cuando asistan a las consultas médicas programadas.

Non seulement les experts qui ont rédigé la proposition de loi évitent toute mention explicite concernant la discrimination basée sur l'orientation sexuelle et le genre dans le milieu de travail, mais ils n'ont pas non plus établi explicitement le droit à l'emploi pour les handicapés et les séropositifs, même si dans ce dernier cas, il y a effectivement une protection salariale pour les consultations médicales qui sont prévues.

Entre-temps, le 10 août le docteur Alberto Roque a publié une lettre ouverte au président de l'Assemblée nationale, Esteban Lazo, sur son blog, dans laquelle il met en évidence “la preuve des actes discriminatoires qui persistent dans l'environnement du travail de notre pays.”

blogroqueEn outre, dans la missive, Roque révèle que des concepts discriminatoires sont utilisés dans le texte, certains d'entre eux dépassés par les sciences sociales, comme celui de race, tout en exigeant l'inclusion du harcèlement en milieu du travail dans le projet de loi en cours d'examen :

Considero necesario incluir en el Anteproyecto un artículo específico que defina el acoso moral en el trabajo, su identificación, así como hacer mención a las obligaciones de la administración y del Sindicato de crear espacios y ambientes seguros para los trabajadores víctimas de mobbing.

Je considère qu'il est nécessaire d'inclure un article spécifique dans le projet qui définisse le harcèlement psychologique au travail, son identification, et qui mentionne les obligations de l'administration et du syndicat pour créer des espaces et une ambiance sûrs pour les travailleurs qui ont été victimes de mobbing.

Le nouveau Code du travail a également provoqué une analyse sur la façon dont il contredit d'autres lois nationales déjà existantes, en particulier la Constitution de la République. Dans le billet Solavaya con este código, Rogelio Manuel Díaz Moreno, membre de l'Observatorio Crítico [Observatoire critique], avance que “le projet viole la laïcité et crée une discrimination entre les religions, étant donné qu'une d'elles bénéficie de deux jours de congé et les autres, d'aucune “.

Plus récemment, l'avocat Deyni Abreu, fondateur du projet Alianza Unidad raciale [Alliance Unité raciale], a publié ses remarques sur le Code du travail à travers le web, dont certaines sont plus générales tandis que d'autres sont spécifiquement liées au racisme et à la discrimination à Cuba. En ce qui concerne ce dernier point, elle pense :

Un inconveniente puntual en los centros de trabajo se observa en la inexistencia de herramientas legales que protejan al trabajador, si el empleador lo humilla o comete maltrato, irrespeto, desde su jerarquía, proveyéndose de acepciones racistas o si otro trabajador origina un conflicto desde el imperativo del color de piel.

On observe un inconvénient ponctuel dans les lieux de travail avec l'absence d'outils juridiques qui protègent le travailleur si un employeur l'humiliait, le maltraitait ou lui manquait de respect, profitant de sa position hiérarchique, en utilisant des termes racistes, ou si un autre travailleur provoquait un conflit découlant de la couleur de la peau.

Abreu considère insuffisantes les dispositions du Code pénal cubain concernant la discrimination raciale, et recommande que le présent projet de loi insiste fortement sur ce sujet. De même, elle estime que toutes les formes possibles de discrimination doivent être spécifiées.

La période de discussion du projet de code du travail se termine le 15 octobre; un débat a été organisé conjointement par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale avec le Syndicat des travailleurs de Cuba, la seule organisation de ce type existant dans le pays.

2 commentaires

  • […] Global Voices. Informations transmises par Libres Amériques […]

  • J’espère que le gouvernement cubain tiendra compte de recommandations de la société civile, dont ces exemples cités par Sandra. Malheureusement, le harcèlement des représentants d’Observatorio Crítico nous poussent à attendre plutôt le contraire.

    Ce débat sur le Code du travail a eu les mêmes limitations que des autres discussions menées par l’État auparavant. Les frontières sont toujours assez claires, donc les propositions ne peuvent jamais mettre en question les piliers du système politique.

    Pourtant, on ne peut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’appel du gouvernement a réveillé l’intérêt d’une partie de la société pour les droits de travailleurs et travailleuses. Si certaines suggestions étaient finalement écartées, ça n’empêcherait pas la suite des réflexions sur un sujet négligé jusqu’à présent.

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