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Un souffle nouveau sur la Guinée-Bissau

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Guinée-Bissau, Développement, Médias citoyens

Cet article de Silvia Arjona Martín, a été d'abord publié sur le site AECOS [1] [lien en espagnol comme les suivants sauf indication contraire] sous le titre “un souffle nouveau sur la Guinée-Bissau” [2] (en portugais) le 26 août 2013; 

Pendant la période de transition qui a suivi le dernier coup d'Etat [3] (en anglais) du 22 avril 2012, la Guinée-Bissau s'est révélée incapable  de subvenir aux nécessités de ses 1,6 millions d'habitants et cette précarité a rendu difficile leur vie quotidienne.

Cadija Mané, sociologue, spécialiste des droits humains, décrit, au bord des larmes, la voix tremblante, le vécu des gens en Guinée-Bissau : 

Il est honteux, misérable et lamentable qu'après 40 ans d'indépendance nous vivions encore dans un pays qu'on ne peut même pas imaginer!

Il n'est pas facile de vivre dans un pays où les services élémentaires comme l'électricité et l'eau potable manquent dans presque toutes les maisons. On peut s'en rendre compte partout : des hôpitaux sans le matériel technique et le personnel nécessaire, des écoles sans enseignants, une sous-alimentation généralisée dans les campagnes, la violation du droit des femmes, les intimidations, la suppression de la liberté d'expression, des trafics de drogue, l'absence de système de communication, etc. 

Le  Programme de développement des Nations unies (PNUD) [4] [en anglais] situe la Guinée-Bissau, un petit pays placé entre le Sénégal et la Guinée Conakry, au 176e rang sur 186 pays. Si l'on ajoute à cela une espérance de vie d'environ 48 ans, un PIB par personne de 1042 dollars, (dollar international [5][en anglais] constant de 2005, et un taux d'abandon dans les écoles primaires de 88 % …. on commence à se faire une certaine idée des conditions de vie dans ce pays.

C'est un peu moins visible dans la capitale Bissau, si l'on ne regarde pas les nids-de-poule dans l'asphalte, les rues en terre, les tas de détritus abandonnés à chaque carrefour jusqu'aux alentours du palais de la présidence et l'obscurité complète qui tombe sur la ville dès la chute du jour. C'est beaucoup plus évident dans les campagnes où les carences sont majeures et où les difficultés pour se procurer à manger ont commencé à augmenter significativement surtout cette année avec la chute du prix des anacardes ( noix de cajou), produit clé de l'économie locale et principale source de revenus.

 

One of the streets in the centre of Bissau. Photo by Silvia Arjona [2]

Une rue dans le centre de la capitale, Bissau. Photo Silvia Arjona

Selon la FAO [6][en anglais], la Guinée-Bissau est actuellement dans une période de graves carences liées à la faible production agricole et à l'instabilité politique et qui pourraient concerner environ 260 000 personnes dans le pays.

C'est évidemment pour cela que Fernando Delfín da Silva, ministre des affaires extérieures, de la coopération et de la communauté dans l'actuel gouvernement de transition, a fait de la garantie de la sécurité alimentaire pour tous une priorité politique. Dans son grand bureau près du palais du gouvernement à Bissau, Da Silva s'est montré préoccupé alors qu'il décrivait la situation, s'adressant d'une certaine façon à la communauté internationale :

Quand nous avons commencé il y a bien des années la culture de la noix de cajou, 1 kg de riz était équivalent à 1 kg de cajou. Aujourd'hui, bien au contraire, avec 1 kg de riz on a 3 kg de cajou, ce qui montre bien la détérioration de la valeur du change, un problème très sérieux pour lequel nous avons besoin d'aide.

L'insuffisance d'activité des entreprises impliquées dans le le traitement des noix de cajou (près de 200 000 tonnes sont exportées chaque année) mais aussi d'autres productions agricoles ou minières est la cause principale du développement limité de ce pays. Da Silva souligne que le noeud du problème est réellement le développement des industries de  transformation.

Nous devons transformer nos produits agricoles. Sinon nous n'aurons pas de routes décentes, d'écoles décentes, d'hôpitaux décents et d'institutions publiques décentes. Il est urgent que nous changions et transformions notre modèle économique qui a créé la pauvreté au lieu de la combattre. Et ce n'est pas si difficile que ça, en quatre ou cinq ans, la Guinée-Bissau pourrait réduire significativement son niveau de pauvreté et créer au moins 20 000 postes de travail. Tout cela sans avoir besoin d'une technologie compliquée et sophistiquée…

Il est convaincu que tel est le changement nécessaire que le pays doit poursuivre pour rejoindre un niveau de développement économique social et humain à même de garantir une meilleure qualité de vie pour ses habitants.

Dans la seconde partie de cet article nous en saurons plus sur les ambitions des jeunes membres du mouvement collectif pour l'action   des citoyens créé l'année dernière pour élaborer une réponse à l'indignation populaire.