GV Face : L'aide aux survivants du typhon Haiyan aux Philippines

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Le typhon Haiyan, l'un des plus violents jamais enregistrés, a fait des milliers de morts dans le centre des Philippines.

Selon nos auteurs philippins, de nombreuses autres victimes se retrouvent bloquées sans nourriture, sans eau ni aide, dans une zone dévastée où se dressaient leurs maisons peu auparavant. L'aide aux survivants d'Haiyan, appelé Yolanda aux Philippines, n'arrive tout simplement pas assez rapidement.

Une semaine après le passage du super typhon dans les provinces de Leyte et de Samar, dans les îles Visayas, nous nous sommes entretenus avec nos auteurs philippins et un secouriste pour savoir comment le pays fait face à la catastrophe, à quel rythme les opérations de secours progressent et quelle aide nous (la communauté internationale concernée par ce désastre) pouvons apporter.

Dans l'épisode de GV Face de cette semaine, notre éditeur d'Asie du Sud-Est Mong Palatino (@mongster) nous contacte depuis Manille, ainsi que la vidéojournaliste et activiste Chantal Eco (@chantaleco), qui coordonne les secours à Manille pour ses compatriotes de Leyte.

Voici quelques passages de cette conversation :

Mong Palatino (05:00 – 07:30) : 

La nuit précédant l'arrivée du typhon aux Philippines, le président a fait une apparition à la télévision et promis qu'aucune victime ne serait à déplorer. Il a averti la population de l'arrivée de la tempête et déclaré que le gouvernement y était préparé et avait pour objectif zéro décès. Un agent de la police locale a fait état de 10 000 morts et a été depuis relevé de ses fonctions en raison de cette estimation. Le président a rapidement revu ce chiffre à la baisse annonçant 2 000 décès. Ensuite, d'autres responsables ont déclaré qu'il y en avait 4 000. Que les estimations officielles s'élèvent à 2 000, 4 000 ou 10 000 morts, le bilan pourrait bien s'alourdir, car nous ne savons pas quelle est réellement la situation dans de nombreuses zones. 

Le typhon a frappé les régions les plus pauvres des Philippines, là où la plupart des habitants sont des agriculteurs ou des pêcheurs appartenant à la couche sociale la plus défavorisée du pays. Beaucoup d'entre eux restent hors d'atteinte à cause des routes impraticables et de l'éloignement des lieux où ils se trouvent. On peut donc affirmer sans crainte que le nombre de victimes pourrait vraiment être supérieur à 10 000. Et si ce n'est pas le cas, cette catastrophe est bien la pire que les Philippines aient jamais connue. Même si cette région subit de nombreuses tempêtes chaque année, ce désastre est le plus lourd en termes de victimes, de dégâts et d'efforts nécessaires pour remettre en état les villes touchées. 

Chantal Eco (14:14 – 15:00)

Ceux qui ont de la famille loin de Tacloban (l'épicentre de la catastrophe) et des zones sinistrées, ont vu les plus courageux, et ceux qui en avaient les moyens, venir à Tacloban pour s'enquérir du sort de leurs proches. Ils ont recueilli les noms des survivants et publié leurs informations en ligne pour rassurer les familles qui tentaient de les localiser.

Nos collègues à Tacloban nous ont régulièrement tenu au courant via des SMS, car la plupart des zones n'ont plus accès à Internet et le réseau mobile est instable.

Le gouvernement local de Tacloban a aménagé dans la mairie un espace (disposant d'un  accès Internet par le biais d'un téléphone satellite) où les habitants peuvent appeler leurs proches pour les informer qu'ils vont bien et publier des messages sur Facebook, chacun ayant droit à une minute de connexion. 

Mong (19:00 – 21:00) :

C'est ce qu'on appelle une injustice climatique. Nous contribuons très peu à la pollution mondiale, mais nous faisons partie des plus vulnérables en termes de catastrophes dues au changement climatique… Chaque année, plus de 20 typhons s'abattent sur notre pays et la plupart d'entre eux sont dévastateurs. En fait, la catastrophe mondiale la plus meurtrière en 2012 a eu lieu sur l'île Mindanao dans le sud des Philippines. Cette année, c'est le centre qui est touché et, ce qui est vraiment tragique, c'est que les îles Visayas ont également été secouées récemment par un fort séisme dont nous avons parlé sur Global Voices. Alors même que nous nous remettons de ce tremblement de terre meurtrier, ce super typhon s'est abattu sur nous et a généré une onde de tempête. Nous n'y étions pas du tout préparés… Certains disent que s'ils avaient été prévenus de l'imminence d'un tsunami, ils se seraient rendus dans un centre d'évacuation situé plus en hauteur. La leçon à retenir ici est que le changement climatique est une réalité pour les Philippins, et en particulier ses conséquences dévastatrices. Cela doit alerter la communauté internationale et l'inciter à lutter plus énergiquement contre ce problème, car il cause des morts inutiles et de nombreux dégâts dans les petits groupes d'îles comme les Philippines.

Chantal (21:10 – 23:00)

Nous lançons un appel pour aider les habitants des provinces de Leyte et de Samar, dans la partie occidentale des îles Visayas, en particulier ceux qui se trouvent dans des zones isolées… Au vu des typhons ou des catastrophes que nous avons connus par le passé, l'aide apportée par les autorités ne peut vraiment pas répondre à une catastrophe d'une telle ampleur. Après la phase des premiers secours, nous devons reconstruire les villages. En particulier ceux des pêcheurs situés le long de la côte et qui ont été emportés par l'onde de tempête. Ils ont besoin d'aide pour se reconstruire et de matériaux pour rebâtir leurs maisons et leurs bateaux, et pouvoir ainsi reprendre le cours de leur vie.

Voir aussi notre dossier spécial sur les dégâts du typhon Haiyan aux Philippines.

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