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Deuxième tour de l'élection présidentielle à Madagascar

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Madagascar, Élections, Médias citoyens, Politique
Ballot Collecting in one polling station via Andrimaso with permission  [1]

Ouverture de l'urne dans un bureau de vote via Andrimaso avec permission

Les électeurs de Madagascar sont retournés aux urnes hier pour choisir leur prochain président. A l'issue du premier tour, deux candidats se sont retrouvés au coude à coude pour le compte de l'ex-président en exil Marc Ravalomanana et d'Andry Rajoelina, le tombeur de Ravalomanana dans un coup d'Etat appuyé par l'armée. Brian Klaas propose un bon raccourci de la situation sur le blog DemocracyinAfrica [2][anglais] :

Ce vendredi, Madagascar se rend aux urnes pour élire un nouveau président et un nouveau parlement. Le scrutin est le premier pas important vers la sortie de l'interminable ‘transition’ qui a débuté en 2009 lorsqu'Andry Rajoelina, un DJ de radio devenu maire, a renversé Marc Ravalomanana, un magnat de l'industrie laitière devenu président, dans un coup d'Etat militaire.

Ces deux personnages dominent la politique malgache, mais aucun des deux ne brigue la présidence—au moins pas directement. Au lieu de quoi, ils se sont substitué des candidats par procuration dans le cadre d'un accord marchandé à l'international pour mettre fin à l'impasse. Le Dr. Jean-Louis Robinson, un ancien ministre de Ravalomanana et fonctionnaire de l'OMS, concourt à la place de son ancien patron. Hery Rajaonarimampianina, ministre du Budget et des Finances dans le gouvernement d'après-putsch, le fait en lieu et place du Président de la Transition, A. Rajoelina.

Les électeurs malgaches ont suivi les deux candidats dans une suite de trois débats télévisés. Le premier n'a pas enthousiasmé, comme le raconte un article de Madagascar Tribune [3], car les deux candidats n'ont pas pris de risque et ont démontré leur absence d'idées originales :

Nous devons nous demander si les candidats ont vraiment la conviction que leurs idées seraient la solution à nos problèmes ou s’ils se contentent de répéter des solutions génériques que la communauté internationale et autres bailleurs de fond aiment entendre. (Pour être juste, les débats présidentiels peuvent aussi être utilisés pour envoyer des signaux forts pour attirer des partenaires potentiels, ou même des sponsors.) À certains moments, les candidats avaient l’air de répéter les mêmes programmes arrachés de placards à idées – il n’est pas juste de resservir le même vieux « tambavy » repackagé dans de nouvelles bouteilles et puis de clamer que « cette fois-ci c’est différent ». Pour les vingt millions et quelque de citoyens malagasy, cette fois-ci, ça devrait vraiment être différent. Lançons un défi aux candidats de sortir des sentiers battus et de montrer aux électeurs qu’ils sont aussi différents.

Le second débat, mené en français, s'est centré sur les dossiers internationaux. C'est lors du troisième débat que les candidats ont montré les dents. Mais les idées sont restées singulièrement absentes, la plupart des attaques étaient personnelles, de même que pendant toute la campagne, dont le ton était plus au carnaval qu'à la bataille d'idées. Récit, à nouveau, de Brian Klaas : [2]

La campagne n'est guère allée plus loin que les duels mis en scène. La politique malgache ne repose pas sur des programmes, et peu pourraient prétendre voter à partir d'autre chose que le clientélisme et la personnalité. Les emblèmes actuels de la stratégie politique : ballons, danse et musique assourdissante, sont drôles, mais hélas la comédie peut devenir tragédie si Madagascar ne réussit pas à s'extraire de la misère par la construction de la démocratie et le développement.

Le spectacle continue, à voir comment les alliances se sont conclues entre les politiciens – d'anciens ennemis se sont promptement ralliés à l'un ou l'autre candidat- et comment Andry Rajoelina, supposé neutre, a apporté un soutien flagrant à son ex-ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina :

Pendant le scrutin, des irrégularités ont été rapportées sur Twitter.

Le camp du candidat à la présidence Jean Louis Robinson accuse l'équipe de son principal adversaire d'avoir acheté des votes dans le bureau de vote. Sur notre chemin.

Espérons que 2014 apporte paix et changement à Madagascar, dont les citoyens devront attendre janvier pour connaître les résultats du deuxième tour.

Elections de Madagascar : 7,6 millions d'électeurs ; 20.115 bureaux de vote ; résultats publiés en janvier