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Inde : absence de législation, faibles salaires et autres abus pour les employés de maison

Catégories: Asie du Sud, Inde, Développement, Droits humains, Economie et entreprises, Gouvernance, Médias citoyens, Travail
Nari Shakti Manch, a  women's organisation,  celebrates International Workers day 2013 with oppressed domestic workers of Gurgaon. Image by Rajeev R Singh. Copyright Demotix (8/3/2013) [1]

Nari Shakti Manch, une association de femmes, célèbre la Journée Internationale du Travail 2013 avec des domestiques exploitées de Gurgaon. Photo Rajeev R Singh. Copyright Demotix (8/3/2013)

[Sauf indication contraire les liens dirigent vers des sites en anglais]

L'arrestation spectaculaire de Devyani Khobragade [2], la consule générale adjointe de l'Inde en poste à New York, soupçonnée d'avoir falsifié le visa de son employée domestique en déclarant un salaire plus élevé qu'en réalité, a porté le sort des employés domestiques en Inde sous les feux de l'actualité.

Devvani Khobragade aurait menti sur les documents concernant son employée domestique, déclarant qu'elle la payait 9,75 dollars US de l'heure alors qu'en réalité, elle ne touchait qu'approximativement 3 dollars, très en dessous du salaire minimum. Son arrestation a provoqué un refroidissement des relations entre l'Inde et les Etats-Unis causé par le traitement deDevvani  Khobragade, qui a été déshabillée et a subi une fouille corporelle lors de son arrestation. 

L'employée, Sangeeta Richard, accuse Mme Khobragade de l'avoir fait travailler de longues heures [3] sept jours sur sept, jusqu'au jour où elle s'est enfuie. Officiellement, l'Inde et Mme Khobragade soutiennent que l'employée domestique a tenté de faire chanter [4] la diplomate. Durant les premiers jours après la révélation des faits, l'essentiel des média s'est largement concentré sur le calvaire de la consule, consacrant peu d'attention à l'employée. 

Intéressant de voir comment l'Inde est indignée sur le traitement d'une diplomate et non sur le salaire d'une employée domestique

La soi-disant mise à nu de la diplomate de l’#Inde [6] lors de sa fouille a soulevé des inquiétudes sur la préservation de sa dignité et de son intimité. Mais parlons donc aussi des droits des employés de maison

Quelles que soit les versions de l'affaire, l'histoire reste familière. L'Inde compte plus de quatre vingt dix millions [8] d’employés domestiques [9], soit 20% de la population active, qui constituent une main d'oeuvre vitale pour le développement du pays mais qui disposent de très peu de droits. Les avantages tels que le salaire minimum fixe, le paiement des heures supplémentaires,  le congé maternité, les soins médicaux et d'autres droits de base demeurent illusoires pour eux [10], en l'absence d'une législation nationale. Ils sont vulnérables face aux abus et à la pauvreté. La nature de leur travail, la relation informelle employé-employeur et leur lieu de travail demeurant un foyer privé, tous ces éléments font qu'ils ne sont concernés par aucune des lois du droit du travail indien. 

En 2012, un Projet de politique nationale pour les employés domestiques [11] avait été préparé par le ministre du Travail, pour accorder aux employés domestiques le droit à un salaire minimum, à des congés payés et à des heures régulées de travail. Il avait été envoyé au Cabinet du Gouvernement d'Union. A l'origine, la proposition avait été recommandée par le Conseil Consultatif National (National Advisory Council, NAC) en avril 2009, dans le but de protéger les employés domestiques par les lois existantes du droit du travail. Cependant, en mai 2013, le gouvernement indien a reporté la décision [12], rendant incertain l'avenir de ce projet.

Une employée domestique terrorisée, exploitée et faussement accusée par #Khobragade de vouloir sauver sa peau. Gouvernement de l’#Inde [6], prenez en main vos responsabilités envers les employés domestiques.

Vidyut [15] a souligné sur AamJanata que les droits des employés domestiques en Inde sont ignorés de tous les côtés :

Le travail domestique est probablement le seul “secteur de travail” en Inde où la révolution industrielle n'entrera pas, car cela augmenterait la facture d'électricité que d'utiliser quotidiennement un aspirateur, un lave-linge ou un lave-vaisselle plutôt que d'utiliser une femme de ménage qui ferait le travail encore mieux. [..]

Le travail domestique est probablement le seul “secteur de travail” en Inde où la révolution industrielle n'entrera pas, car cela augmenterait la facture d'électricité que d'utiliser quotidiennement un aspirateur, un lave-linge ou un lave-vaisselle plutôt que d'utiliser une femme de ménage qui ferait le travail encore mieux.

L'Inde a signé en 2011 la Convention pour les droits des employés domestiques [de l'Organisation Internationale du Travail] mais ne l'a pas encore ratifiée. Les appels à fixer le salaire minimum d'un employé domestique à 30 roupies par heure sont tombés dans les oreilles d'un sourd.
Gayatri Jayaraman, l'éditeur de India Today, a défendu la profession d'employé domestique :

Le métier d'employé domestique est un véritable métier. La majorité des Indiens ont des domestiques. La majorité des employés domestiques à Mumbai sont des femmes indépendantes qui dirigent leur propre foyer.

Kamayani Bali Mahabal [17] à Kracktvist a rapporté que le mois dernier, des représentants de 42 pays, dont l'Inde, s'étaient réunis pour créer le Réseau International des Employés Domestiques (International Domestic Workers Network, IDWN), la toute première fédération officielle d'employés domestiques. 

Dans le blog Mowing the Law, Shashank Sahay [18] a discuté des possibilités de garantir les droits des employés domestiques, suggérant une législation qui inclurait les employés domestiques dans le droit du travail indien.