Espagne : 2013 en 10 informations et 10 images

1. La princesse Cristina de Bourbon, en accusation 

Princess Cristina. Image from Diego Armario's blog.

La princesse Cristina. Image issue du blog de Diego Armario.

En avril, la princesse Cristina était citée à comparaître par le juge concernant son audition dans l'affaire du Palma Arena. La population espagnole a assisté à la première mise en accusation d'un membre de la famille royale dans une affaire de corruption avec un mélange de surprise et d'incrédulité. Leur incrédulité [espagnol] est née de la levée quasi-immédiate des charges contre la princesse. Le procureur pour la lutte contre la corruption, Pedro Horrach lui -même, était, ironiquement, le meilleur avocat de Cristina de Bourbon [espagnol]. L'affaire a éclaboussé irrémédiablement la famille royale, de plus en plus isolée face à la population qui observe encore une fois que les déclarations du roi à Noël dernier, “la justice est la même pour tous”, étaient vides de sens. 

2. La catastrophe du Prestige, l'impunité

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Marée noire sur une plage de Galice. Photo de Wikimedia Commons sous licence CC par SA 3.0

Le naufrage du pétrolier le Prestige sur la côte de la Galicie et la flaque d'huile qui a suivi ont causé la pire catastrophe écologique jamais vue en Espagne et ont provoqué les plus grandes mobilisations populaires dans l'histoire du pays mais s'est réglé sans condamnation après dix ans de procédure judiciaire et un long procès de neuf mois. Les politiciens impliqués dans l'affaire, dont les décisions ont été largement critiquées, n'ont même pas atteint le banc des accusés. Les citoyens espagnols doivent payer la facture de 4 328 millions d'euros que cette catastrophe a coûté – jusqu'à présent.

3. La doctrine Parot, abrogée

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Vue de la Plaza Colón à Madrid occupée par la manifestation organisée par l'Association des Victimes du Terrorisme. Photo publiée sur Twitter par Isabel Durán (@IsabelDuran_).

La Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg a rendu le 21 octobre sa décision sur la “Doctrine Parot” [espagnol], statuant que l'allongement des peines de prison ne pouvait pas être appliqué rétroactivement. Cette décision a eu pour effet immédiat la libération de plusieurs terroristes de l'ETA et de dangereux criminels, ce qui a rapidement déclenché de furieuses réactions sur les réseaux sociaux à la fois pour et contre. L'association des Victimes du Terrorisme (ATV) a organisé une manifestation [espagnol] le 27 octobre. 

4. La loi de sécurité citoyenne

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Des militants de Greenpeace déroulent une banderole depuis le toit d'un bâtiment de la Place d'Espagne à Madrid. Photo publiée sur Twitter par @thomsh1.

La fin du mois de novembre a vu apparaître la nouvelle loi de Sécurité citoyenne que le gouvernement a l'intention de passer. Cette loi requalifie certains délits mineurs en infractions, autorisant l'administration à verbaliser des citoyens directement, sans les emmener devant un tribunal, évitant de ce fait une procédure qui décide fréquemment en faveur de l'accusé. Si la loi est adoptée, la participation à certaines manifestations non autorisées serait soumise à une amende allant jusqu'à 600 000 €  et les « offenses » à l'encontre de l'Espagne seraient punies d'une amende de 30 000 €. Les divers partis politiques et associations d'avocats ont remis en cause la constitutionnalité de cette nouvelle loi.

5. Les “escraches”

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Escrache du PAH à Zaragoza. Photo du blog El ventano.

En mars et en avril, la Plateforme des Personnes Touchées par les Prêts Immobiliers (PAH) a mené une campagne d’ “escraches” [un type de manifestations publiques ciblées] visant les politiciens, les banques et les sièges de partis politiques alors que la loi sur les prêts immobiliers était débattue au Parlement. Les escraches étaient vivement critiquées par le Parti Populaire (PP) et les médias, qui ont été jusqu'à accuser le PAH d'être des “Nazis” et des “pro-ETA”. Cependant, en juin, le Parlement Européen a récompensé le PAH du Prix européen pour l'aide aux victimes 2013. 

6. Wert, contre le reste du monde

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Le ministre espagnol de l'Education, José Ignacio Wert. Photo from the blog Cinereverso.org.

Le ministre de l'éducation est en train de mettre en place la pire campagne de coupes budgétaires que le pays ait jamais vu. Mais il arrive aussi à mettre en colère la population entière avec ses slogans, qui font les choux gras des réseaux sociaux. En octobre, le ministre était sur le point de laisser des centaines d'étudiants “échouer” en Europe” [anglais] lorsqu'il a réduit drastiquement le nombre de bourses d'étude Erasmus. Puis peu de temps après, il a été publiquement discrédité par la Commission Européenne, dont le rapporteur a qualifié “d'âneries” [espagnol] les déclarations de Wert dans lesquelles il affirmait que les fonds accordés par la CE à l'Espagne pour les bourses Erasmus seraient significativement réduits en 2014. 

7. Le droit à l'oubli

Eurobaromètre sur Vie privée et Internet. Image du site web du Parlement Européen, utilisée avec permission.

Eurobaromètre sur Vie privée et Internet. Image du site web du Parlement Européen, utilisée avec permission Source: European Parliament.

L'Espagne a emmené Google devant la Cour Européenne de Justice pour défendre le droit à l'oubli, qui donnerait aux citoyens européens la possibilité d'exiger que toute information personnelle qu'ils ne souhaitent pas rendre publique soit supprimée d'Internet. Ce droit à la vie privée se heurte souvent au droit à l'information, en créant une controverse entre ceux qui soutiennent l'accès à l'information et ceux qui soutiennent le droit à la vie privée. Finalement, la cour a tranché en faveur de Google. 

8. La percée de l'extrême-droite

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Manifestation d'extrême-droite en Espagne. Photo du blog de Xavier Casals

A l'approche des élections pour le Parlement Européen, de nombreux citoyens européens s'inquiètent de la recrudescence des groupes et partis politiques d'extrême droite, qui tirent profit de la crise économique pour donner libre cours à leur agressivité populiste et leurs discours xénophobe. Le groupe grec “Aube Dorée” a été dissous suite à la mort d'un jeune homme, supposément aux mains de ses membres, mais dans certains pays européens, les partis d'extrême droite ont atteint des niveaux de pouvoir jamais vus depuis la seconde Guerre Mondiale. En Espagne, le Parti Populaire au pouvoir justifie systématiquement le comportement de ses membres chaque fois que les média montrent qu'ils ont des liens avec l'extrême droite. 

9. Eurovegas

Protesta en contra del proyecto Eurovegas. Foto tomada por Valentin Sama-Rojo. Derechos de autor: Demotix.

Manifestation contre le projet Eurovegas. Photo prise par Valentin Sama-Rojo, datée du 26 Janvier 2013. Copyright: Demotix.

Dans un pays avec presque 5 millions de chômeurs, le projet trop ambitieux Eurovegas,  qui promettait la création de plus de 300 000 emplois, est arrivé à Madrid comme une vraie panacée. Mais la sonnette d'alarme a été tirée : Las Vegas Sands, la société détenue par Sheldon Adelson, l'architecte du projet, exigeait de nombreuses exonérations du droit du travail, des impôts, et même en matière de santé publique, en tentant de créer un bulle de non-droit sur le territoire espagnol. Bien que certains politiciens aient semblé prêts à satisfaire chacun des désirs de LVS, le blindage de l'investissement qu'Adelson a tenté d'imposer et les mauvaises anticipations par les agences de notation y ont mis fin définitivement en décembre. 

10. « A relaxing cup of café con leche »

Madrid avait posé sa candidature pour accueillir les Jeux Olympiques de 2020. A l'appui, une imposante délégation (plus de 200 personnes) a fait le déplacement jusqu'à Buenos Aires en septembre. Malgré cela, la candidature a été rejetée [espagnol] dès le premier tour, le niveau lamentable en anglais d'Ana Botella, maire de Madrid, et la nature très théâtrale de son discours a suscité une explosion de moqueries à travers le pays et laissé une citation à la postérité : « a relaxinging cup of café con leche in Plaza Mayor».

http://www.youtube.com/watch?v=aT0BqONBgNsAna Botella's speech to the IOC. Video uploaded to YouTube by BEGO DANGER

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