Cet article a été publié à l'origine sur El Diario, en espagnol. La version anglaise est d'Ellery Roberts Biddle.
[Les liens dirigent vers des pages en anglais] “Ceux qui vivent dans les sociétés occidentales ne comprennent pas l'importance de pouvoir critiquer les actions de leur gouvernement. C'est un droit que nous n'avons pas dans nos pays.”
C'est ainsi que Walid Al-Saqaf, fondateur du Portail Yemen, entama la discussion sur la censure et la surveillance numérique lors de la Rencontre des blogueurs Arabes #AB14 qui s'est tenue du 20 au 23 Janvier à Amman (Jordanie).
Le contexte politique de cet événement a radicalement changé depuis la dernière rencontre de septembre 2011, lorsque des blogueurs et des activistes de tous les pays arabes se sont rassemblés en Tunisie, réunis autour d'une bannière sur laquelle était inscrit: “Bienvenue à la Tunisie Libre.” Depuis cette période, la censure et la répression se sont poursuivies. Le sentiment d'espoir intense et notable de la dernière rencontre, alimenté par les révoltes contre les dictatures de la région, a mené à des transitions difficiles dans certains cas et à des conflits armés dans d'autres, toutes luttes que nous observons parfaitement dans le monde internet.
“Nous devons cesser de penser que la technologie va résoudre tous nos problèmes,” défendit Al-Saqaf. “La censure est là pour rester, quelque soient les outils, nous devons donc cesser d'être obsédés par ceux-ci et commencer à regarder le long terme.”
La rencontre s'est focalisée sur la poursuite stratégique de la protection contre la censure et la surveillance, et la préservation de liens dans un milieu qui se sent de plus en plus fragmenté chaque jour. Un projet photographique réalisé sur place met en relief un message de chaque participant.
Cette année, l'absence de deux participants aux réunions précédentes a été particulièrement remarquée: le blogueur égyptien Alaa Abd El Fattah et le développeur syrien Bassel Safadi. La rencontre leur a été dédiée, en tant que journalistes et activistes emprisonnés dans la région. Une déclaration appelle à la libération de l'avocat syrien Razan Zaitouneh, enlevé en décembre à Damas. Il est co-fondateur du Centre Syrien d'Information sur les Violations, un groupe qui dénonce les violations des droits de l'homme.
En tant que collectif, nous avons le devoir de manifester notre solidarité aux activistes défendant la liberté et exposant les violations des droits humains au service de notre humanité commune. Nous au AB14 demandons à l'ONU et à tous les pays impliqués dans la Conférence de Paix Genève II sur la Syrie d'établir de réels mécanismes de protection et de garantir la libération des prisonniers d'opinion et des otages en Syrie.
Ce n'était pas les seuls absents. Un Syrien membre de Enab Baladi, un projet de presse locale indépendante créé au début du soulèvement de mars 2011, a été renvoyé en Turquie à l'issue d'un interrogatoire de plusieurs heures à l'aéroport d'Amman. Deux participants irakiens se sont vus tous les deux refuser des visas d'entrée. Des entraves permanentes aux voyages des citoyens entre les pays de la région demeurent (à la dernière rencontre, les participants palestiniens n'ont pas pu entrer en Tunisie) une réalité en contradiction avec la supposée unité régionale.
“Je n'ai pas de mots, si ce n'est la honte, pour décrire la façon dont les régimes arabes traitent les citoyens des autres pays arabes , tandis qu'une personne détenant un passeport européen peut se déplacer librement sans visa à travers pratiquement toute la région ,” écrit Abir Kopty. Elle ajouta: “Nous continuerons à nous battre tant que nous serons séparés par des frontières ou des régimes autoritaires.”
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