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Sur quels rythmes résonnent les rues en Espagne ?

Catégories: Europe de l'ouest, Espagne, Arts et Culture, Médias citoyens, Musique
el sonido de las calles [1]

“Le son des rues”

Sur quels rythmes résonnent les rues ? Cette interrogation introduit “Le son des rues [1]” [espagnol, comme tous les liens], un reportage qui relate le travail et la philosophie de vie de cinq musiciens de rue — Manuel Marcos, El Terraza de Jeréz, Pedro Queque Romero, Little Boy Kike, dont deux chanteurs, et un groupe, Los Milchakas, qui travaille en plein air.

Produit par BuenaWille [2], un espace qui promeut des projets culturels, le reportage a été réalisé en mai 2013 sous une licence Creative Commons. A vocation non lucrative, son but est de promouvoir la musique de la rue et porter les témoignages de ces musiciens auprès du public. 

“Je joue par amour de la musique et par nécessité”, dit Abdul Yabbar, chanteur et guitariste dans les rues de Grenade, qui après avoir perdu son emploi n'a pas vu d'autre perspective que d'utiliser son talent pour “s'en sortir”. Les protagonistes du film vivent et offrent leur art dans le sud de l'Espagne, où le temps est clément et les gens plus réceptifs, selon eux. La plupart d'entre eux citent les aspects les plus positifs de leur travail mais ils parlent aussi des difficultés inhérentes à ce mode de vie, telles que l'indifférence des passants, une faible tolérance de la part des autorités, l'insécurité économique et même des plaintes des voisins qui vont parfois jusqu'à leur jeter des objets et de la nourriture dessus parce qu'ils les jugent gênants, c'est ce qui est arrivé à Abdul. 

Voici le reportage entier [3] : 

Il y a aussi ceux qui apprécient les musiciens qui tentent d'égayer les rues. Un utilisateur de YouTube a publié une vidéo d'un groupe dénommé Milchakas [4], que l'on voit dans le reportage, comptabilisant plus de 7.000 visites. Le commentaire suivant fait dans la description : 

Ce merveilleux groupe à Grenade, en Espagne, apporte tant de gaieté et de bonheur à ce flux continu de touristes et résidents locaux qui les croisent sur le chemin de l'Alhambra ou peut-être, Sacromonte. Leur musique est un mélange d'espagnol, reggae et quelques autres genres.

Ces artistes sont unis par leur talent et l'amour de la musique, mais la plupart rêvent de se mettre en valeur, en gagnant de la visibilité et de pouvoir de jouer dans des bars. Les rues ne sont pas si faciles et y travailler semble de plus en plus difficile. C'est ainsi, par exemple, dans la capitale espagnole où le conseil municipal de Madrid a restreint leur travail. Quiconque veut jouer dans les rues de la capitale doit être auditionné pour obtenir une licence qui l'autorise à travailler dans le centre. Les activités artistiques de rue qui ont réussi le test continuent de faire face à une série de restrictions [5] quant aux horaires, la distancce entre les musiciens, la largeur des rues où ils sont autorisés à jouer et le niveau de pollution auditive, entre autres. 

Ces nouvelles mesures ont suscité des critiques, au-delà des artistes. En particulier, une vidéo dans laquelle deux musiciens critiquent les restrictions du conseil municipal. Tant les médias que les réseaux sociaux se sont saisis de la vidéo humoristique et critique qui a déjà reçu plus de 350.000 vues sur YouTube :

Voici une bribe de chanson mettant en vedette un groupe se dénommant lui-même Potato Omelette Band [Groupe de l'Omelette à la Pomme de terre] : 

Ay mi Madrid, pobre ciudad mía, que quitan artistas para poner policías, tú que eras toda alegría, ahora gris color ceniza, no hay mejor jurado que el de la gorra, a veces no hay nada, a veces te forras …pobre músico que no se ha vendido, esta ciudad no es para artistas.

Oh cher Madrid, ma pauvre ville qui ôte les artistes pour les remplacer par des policiers, toi qui était plein de joie tu as désormais la couleur de la cendre grise, il n'y a pas de meilleur jury que celui de la capitale, parfois il n'y a rien, parfois c'est une réussite… pauvre musicien qui ne s'est pas vendu, cette ville n'est pas pour les artistes.