Dans le cadre d'une petite célébration pour les 10 ans du réseau social Facebook, le maire de la ville d'Almaty, Akhmetjan Essimov, a rencontré quelques internautes du “KazNet” [l'Internet kazakh], “les meilleurs du pays”, ainsi que les ont intronisés les médias locaux. L'entrevue se déroulait dans un restaurant “cher”, la liste des invités était plutôt réduite, et le choix du format “questions-réponses” de l'entretien, censé apporter quelques lumières aux autorités comme aux simples citoyens, s'avéra assez peu pertinent. A noter que la conversation entre le gouverneur et les internautes “élus” était à suivre sur Twitter sous le hashtag #Есімовсәті [EssimovRéseauxSociaux].
Malgré la bienveillance et les bonnes intentions démontrées par la mairie, par A. Essimov lui-même et les internautes invités qui avaient préparé une longue liste de questions compilée [russe] auprès des utilisateurs les plus assidus des réseaux sociaux, les avis furent partagés. Le groupe dont faisaient partie les “élus” a jugé favorablement le résultat dans un premier bilan qui se voulait objectif. Un second groupe, celui des blogueurs qui n'ont pas été conviés à ce dîner et se sont fait interpeller par la police, juge de manière peu flatteuse tant le maire lui-même que son initiative. Une telle prise de contact entre l'administration et les internautes ne peut qu'aider à déterminer la place des autorités sur la Toile – et à résoudre au passage certains problèmes urgents.
Au nombre des invités, le blogueur Yakov Fiodorov, qui a remporté récemment le titre de « Blogueur de l'année », a abordé [russe] la question de la corruption dans les sphères de l’éducation et de l'administration de la ville :
Я поднял вопрос о коррупции в школьном образовании, который я подробно освещал в своём посте. Аким дал поручение рассмотреть этот вопрос и я надеюсь, что будет уже более детальная встреча с замакима, которая курирует вопросы образования. В любом случае, я надеюсь, что в ближайшем месяце мы сможем получить в свободном доступе схемы микроучастков города, а затем и предлагать рациональное изменение их границ.
Большая часть моих читателей спрашивала о прозрачности градоустройства, снегоочистных работ, уборки мусора, озеленения и т. д. Я спросил касательно того, можно ли выкладывать в открытом доступе все сведения о бюджетах и подрядчиках. Ответ был: “Легко”. Думаю, скоро сможем оценить, насколько легко.
По проблемам смены бордюров, многократного ремонта дорог вопрос задавал Vladislav Evlaman, можете адресовать все вопросы ему, он как раз собирает фактаж, чтобы передать его в акимат.
Un autre blogueur, Vladislav Evlaman, a attiré l'attention [ru] sur les routes, les transports en commun et les infrastructures piétonnes. La liste des questions était relativement longue et se terminait par des recommandations:
Необходимо пересмотреть долгосрочное планирование городской инфраструктуры с выделением приоритетов для пешеходов, велосипедистов, общественного транспорта, личных автомобилей, именно в такой последовательности, т.е. с точностью до наоборот той ситуации, которая есть сейчас.
Перераспределить бюджетные средства в первую очередь на восстановление пешеходной инфраструктуры, во вторую очередь на проектирование и строительство линий LRT и BRT, в третью на создание мест рекреации и отдыха на свежем воздуха (воздухе – С.П.).
Les questions de Duman Kapassov, qui dirige la communauté des cyclistes du Kazakhstan, se limitaient [ru] au cadre de ses activités :
Вопрос: Будут ли, в этом году развивать вело инфраструктуру, делать дорожки и парковки.
Ответ: Будем. Но нужно больше велосипедистов. В этом году с банком будет (будем – С.П.) запускать социальный вело прокат.
Caïrat Nurmunambetov, de son côté, a déjà fourni un article complet à l'”Esquire” local [ru].
Я не езжу по городу на велосипеде. Общественный транспорт избегаю – предпочитаю заказывать такси. Прошлую зиму провел в Астане, поэтому отсутствие снегоуборочных машин меня не успело раздражить. Но я пешеход. Хожу много и часто. По большому счету мне плевать, чистые дороги для автомобилей или нет. Меня больше интересует, почему мои ноги утопают в каше из грязи, пока я жду зеленый свет на светофоре, а коляску с маленьким сыном мне приходится тащить на себе через горы снега. Я назвал это “адом” для пешеходов – аким согласился. “Дороги для автомобилистов мы расчищаем, для пешеходов тоже стараемся. Но многие вопросы упираются в ресурсы. Дороги чистят машины – тротуары приходится чистить людям”.
Je ne me déplace pas en ville à vélo. J'évite les transports en commun – je préfère prendre un taxi. J'ai passé l'hiver dernier [dans la capitale] Astana, c'est pourquoi je n'ai pas eu le temps de souffrir de l'absence ce de chasse-neige. Je suis un piéton. Je marche beaucoup et souvent. Dans une large mesure, la propreté des routes pour automobiles m'indiffère. Je me demande plutôt pourquoi je mets les pieds dans la gadoue ou la crasse quand j'attends que le feu soit vert pour traverser, et traîner la poussette de mon petit garçon à travers des monceaux de neige. J'appelle ça un “enfer” pour piétons, et le maire est bien d'accord : “Nous déblayons les routes pour les automobilistes, et nous essayons de le faire aussi pour les piétons. Mais c'est surtout une question de ressources. Nous avons des machines pour nettoyer les routes – ce sont des gens qu'il faut pour nettoyer les trottoirs.
Quant au commentaire [ru] du célèbre blogueur Ilya Varlamov, venu à Almaty pour la cérémonie de récompense des meilleurs blogueurs nationaux, où il s'exprime de manière assez négative sur le compte de la ville et du pays en général, Essimov, qui en avait pris connaissance, a dit qu’il n'y voyait aucun mal:
Казахстан теперь занимает первое место в моем личном рейтинге самодурства, среди всех 170 посещенных стран (Илья Варламов).
Le Kazakhstan est passé en tête de mon classement personnel des Etats despotiques, sur un total de 170 pays visités. (Ilia Varlamov)
Malheureusement, tout cela ne pouvait pas aller sans quelque scandale. Nurali Aïtlenov, plus quelques personnes du même avis , a tenté [ru] de s'exprimer :
Блогеры, выходите, мы такие же писатели!
Les blogueurs, sortez, nous sommes des auteurs aussi !
Et voici une autre vidéo, postée par l'utilisateur ErnarNur [dans laquelle les blogueurs non invités apostrophent les participants à la réunion et se font interpeller par la police (en russe)]
Un certain Bek Datuly s'est depuis répandu sur le thème des blogueurs vendus dans un post peu amène intitulé “Si je vois Essimov, je lui crache à la figure” (ici en langue kazakhe), (ici en langue russe). La raison en est que le maire n'a invité que des blogueurs russophones, écartant ceux de langue kazakhe.
Казахоязычные блогеры в обиде на главу города за то, что он пригласил на встречу только русскоязычных блогеров. В поиске информации, на тему, что едят и пьют избранные блогеры с акимом, мы наткнулись на сообщения, где Есимов плюнул в лицо не только блогерам, но и всем казахоязычным журналистам. Он заявил, что не читает казахскую прессу, аким Алматы не просто плюнул нам в лицо, он сровнял нас с землей, сказав, практически, что не признает казахские СМИ, они для него, оказывается, не годятся даже в качестве туалетной бумаги.
Les blogueurs kazakhophones sont en colère contre la mairie, qui n'a invité que des russophones. En cherchant des informations sur ce qu'ont pu manger et boire les heureux élus avec le maire, nous sommes tombés sur des posts où Essimov crache à la figure non seulement des blogueurs, mais aussi des journalistes kazakhophones. Il déclare qu'il ne lit pas la presse kazakhe ; le maire d'Almaty ne se contente pas de nous cracher dessus, il nous met plus bas que terre en disant en substance qu'il ne reconnaît pas les médias locaux – en fait, ils ne sont même pas bons à lui servir de papier toilette.
Les tweets les plus intéressants sont réunis sur le portail d'information zakon.kz. ceux qui concernent ce thème sont à rechercher sous les hashtags #есимовжги #блогерывыходите [#AbasEssimov #LesBlogueursSortez]