Les Russes et la tourmente ukrainienne : entre espoir et crainte

Iron Maiden's "Eddie the Head" gets a Ukrainian restyling. Anonymous image found online.

La mascotte du groupe heavy metal “Eddie the Head” rhabillée à l'ukrainienne. Mème anonyme trouvé sur internet.

Dernier développement en date du long face-à-face entre gouvernement ukrainien et opposition, des affrontements mortels entre manifestants et police anti-émeute ont éclaté [anglais] près de la place de l'Indépendance à Kiev mardi 18 février. Alors que se déroulaient ces événements, les autorités ont fermé le métro, barré les accès et coupé la principale télévision d'opposition, Channel 5 Ukraine [ukrainien]. Selon les derniers chiffres, pas moins de 25 manifestants et policiers sont morts dans les violences [NdT : plus de 100 à ce jour, jeudi 20], plus de 200 personnes ont été hospitalisées, et un millier blessées à divers degrés. Dans ce bilan figurent aussi des journalistes et des badauds.

Les blogueurs russes suivent attentivement les événements, au point que de nombreux internautes en Russie ont déplacé leur intérêt [Global Voices] des J.O. d'hiver de Sotchi vers le mouvement de protestation de Maïdan. Les commentaires positifs s'échelonnent de l'expression de sympathie pour les protestataires à l'exigence que la Russie ne s'ingère pas dans les affaires intérieures ukrainiennes. En même temps, les blogueurs pro-Kremlin et les médias financés par le pouvoir étrillent les manifestants traités d'extrémistes

Comme d'habitude, les opposants russes ont donné leur analyse transposée de la situation. Le journaliste Sergueï Smirnov, un ancien membre du parti radical interdit National Bolchevik, a tweeté :

Sérieusement, 13 flics à flingues blessés c'est de la guerre de rue. Ça veut dire que l'opposition a plusieurs fois autant de blessés.

L'homme politique d'opposition Boris Nemtsov a fait la même comparaison, et déploré les violences [russe] :

В Киеве продолжаются уличные бои. 9 убитых. 7- гражданских и два милиционера. И все потому что Янукович цепляется за власть и не хочет объявить досрочные выборы.

La guerre de rue se poursuit à Kiev. 9 tués. 7 policiers et 2 policiers. Et tout cela parce que Ianoukovitch s'agrippe au pouvoir et ne veut pas annoncer des  élections anticipées.

Le lieutenant de Vladimir Milov au parti DemVybor party, Kirill Choulika a écrit [russe] :

Виноват, естественно, Янукович со своим маниакальным желанием удержать у власти группировку донецких бандитов. Да, можно говорить о вине оппозиции, но есть президент, который просто обязан не допускать этого. А если он уже не в состоянии контролировать ситуацию, ему надо уходить.

Le coupable est naturellement Ianoukovitch, avec son désir maniaque de maintenir au pouvoir un groupuscule de bandits de Donetsk. Certes, on peut aussi parler de faute de l'opposition, mais il y a un président qui ne peut simplement pas permettre cela [les violences]. Et s'il n'est plus en mesure de contrôler la situation, il doit partir.

Des Ukrainiens ont également tweeté en russe. La chanteuse Oleksandra Koltsova a tweeté à propos de la fracture souvent discutée qui séparerait l'Ukraine orientale russophone et l'ouest orienté vers l'UE :

Les gens à l'Est ne sont pas “pour Ianoukovitch.” Ils se sont aussi fait voler. Eux aussi sont prêts à l'échanger contre un meilleur candidat, mais il leur faut du concret et d'autres visages [à la tête de l'opposition.]

Pour finir, les discussions sur RuNet du “problème” ukrainien devraient se cantonner au net, pense l'écrivain russe Maxim Kantor [russe] :

Началась украинская гражданская война. […] Россия не должна участвовать в этой войне. Сегодняшнее украинское правительство дискредитировано, и его призыв о помощи (если будет) нельзя рассматривать как призыв народа. А народ ни о чем не просил.

La guerre civile ukrainienne a commencé. […] La Russie ne doit pas participer à cette guerre. L'actuel gouvernement ukrainien est discrédité, et son appel à l'aide (s'il y en a un) ne doit pas être considéré comme un appel du peuple. Le peuple n'a rien demandé.

Vladimir Poutine, qui aurait refusé de prendre au téléphone le président Ianoukovitch, paraît sur la même longueur d'onde.

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