Ukraine : « Un jeune homme est mort dans mes bras » #EuroMaidan

From the roof of Globus shopping center

Vue sur la place de l’Indépendance, depuis le toit du centre commercial Globus à Kiev, 19 février 2014.
Photo d’Anastasia Vlasova © Copyright Demotix

À Kiev, une étudiante ukrainienne a tweeté toute la journée de mardi lors des violents affrontements entre les manifestants et la police qui ont fait au moins 25 morts et plusieurs centaines de blessés.

Ce 18 février 2014, le parlement ukrainien n’a pas réussi à restreindre le pouvoir du président Viktor Ianoukovitch, principale cible des manifestations qui ont débuté il y a déjà trois mois à Maidan Nezalezhnosti, la place de l’Indépendance à Kiev.

Nous vous présentons ci-dessous une sélection des tweets de @Mira_mp qui était en première ligne dans les manifestations et a offert son aide bénévolement dans un hôpital.

Ses réactions au début des affrontements de mardi :

Il semblerait que je vais encore respirer beaucoup de ce gaz.

Sur la rue Hrushevskogo, des pneus brûlent de nouveau.

Dans le parc Mariinsky, les gens crient « esclaves » aux titushki [voyous engagés par le gouvernement pour frapper et intimider les manifestants] et leur montrent de l’argent. Ça les embarrasse et ils tournent la tête.

Une tente brûle dans le parc Mariinsky. De manière générale, ce qu’il se passe là n’est pas clair. Presque pas de réseau mobile accessible.

Ensuite, ses tweets ont été envoyés sur le chemin vers l’hôpital. L’heure indique que c’est après le début de l’assaut mené par la police et les forces spéciales contre les manifestants près du Parlement.

Nous allons à l’hôpital. Deux amis de mon père sont grièvement blessés, à la tête et au bras. Cette révolution tourne à la guerre civile.

Elle est inquiète que la police puisse arrêter ceux qui dénoncent les blessures :

Peut-être que nous ne devrions pas aller à l’hôpital. Juste nous arrêter à la pharmacie, soigner leurs blessures et les faire rentrer chez eux.

Plus tard, elle retourne sur la place de l’Indépendance pour suivre le déroulement des événements au Parlement.

De retour à Maidan. J’espère que Bo reprenne conscience. Il est blessé à la tête.

Nous regardions une diffusion en direct de ce qui se passe au Parlement et une vieille dame a dit : « C’est pour eux que mes voisins ont voté ? Aujourd’hui, ils vont avoir des ennuis. » J’aime ces gens !

[Les gens] suivent les informations en direct sur la place. Les femmes et les hommes sans casque et tenue de protection ne sont pas autorisés à entrer.

Rybak [porte-parole du gouvernement] est sorti en ambulance. Réaction des manifestants : est-ce que quelqu’un sait quelle ambulance c’était ? On devrait lancer des cocktails molotov !

On parle de 3 morts. Les manifestations pacifiques tournent à l’émeute.

Berkut [unité des forces spéciales] tire [sur la foule] et lance des pierres depuis [un centre commercial de la place de l’Indépendance].

Une foule énorme est dans les rues. Le métro est arrêté, beaucoup marchent vers la place de l’Indépendance.

17 h 54 [heure à laquelle le gouvernement avait demandé que les manifestants soient partis de la place]. Je suis très fière de tous ceux qui sont restés sur la place. Il y a beaucoup de personnes âgées et de femmes !

Alors que les forces spéciales prennent Maidan d’assaut, chaque camp fait état de nombreux blessés. Les manifestants recommandent aux femmes et aux enfants de quitter le lieu des affrontements.

Je ne peux pas rester à la maison. Je vais à l’hôpital de la rue Shovkovycha.

Je ne peux pas mentir à mes parents et à Dan. Mais je ne peux pas me tenir éloignée des événements non plus. J’éteins mon téléphone et comme ça pas de questions.

Elle continue à tweeter depuis l’hôpital :

Les médecins ne disent rien à propos de l’état de Bo. Je ne peux pas lire ce qui se passe sur Twitter et ma batterie est en train de mourir. On se voit là-bas.

Nous sommes arrivés à l’hôpital N°17. Il y a beaucoup de blessés ! Venez chercher les blessés les plus légers et emmenez-les chez vous.

Beaucoup de sang et de morts. C’est la nuit la plus effrayante de ma vie.

Un jeune homme blessé par balles à la tête et au ventre est mort dans mes bras. Je n’oublierai jamais cette nuit.

Cet article fait partie de notre couverture spéciale des manifestations #EuroMaidan en Ukraine [dossier en anglais].

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