La révolution ukrainienne ébranle les nationalistes russes

Photoshopped image of politician Yulia Timoshenko, released from jail by the opposition controlled Ukrainian parliament. Many view her as a strong candidate in the coming presidential elections. Anonymous image found online.

Image photoshopée de l'ancienne premier ministre Ioulia Timochenko, tout juste libérée de prison par le parlement ukrainien passé à l'opposition. Beaucoup voient en elle une candidate bien placée pour la prochaine élection présidentielle. Image anonyme trouvée en ligne.

Incroyablement, la prise de contrôle par l'opposition ukrainienne du processus politique du pays est maintenant un fait accompli. La perte de tous ses pouvoirs par le Président Ianoukovitch est pour une part non négligeable l'oeuvre des nationalistes radicaux qui constituaient le noyau des émeutiers au face-à-face depuis trois mois avec la police anti-émeute ukrainienne. Les partis nationalistes comme Svoboda, et les groupes radicaux comme le “Secteur de Droite” (voir sur cette vidéo de YouTube, déjà ancienne [russe], Yarosh, un chef de Secteur de Droite, parler de porter le combat aux terres “ukrainiennes” de Russie) ont contribué à la victoire finale du mouvement Maïdan, et apparaissent à présent dans une position parfaite pour influer sur les décisions politiques en Ukraine.

Du moins, telles sont les craintes des nationalistes russes : pas seulement que la nouvelle Ukraine délaisse la Russie pour l'Occident, mais aussi que la population russophone ukrainienne soit attaquée par des radicaux qui voudraient la “dérussifier”. La prédominance des nationalistes dans le mouvement d'opposition nourrit ces peurs. Un animateur de radio russe, Ilias Mercury, a ainsi tweeté sur les déclarations précédentes du chef du parti Svoboda Oleh Tyahnibok :

Tyahnibok a déclaré que la langue russe sera proclamée hors-la-loi. C'est clair ?

et 

Tyahnibok a déclaré que les Russes en Ukraine seront décrétés “non-citoyens d'Ukraine.” C'est clair ?

Peu importe que de telles mesures soient prises ou non. Le simple fait d'y penser épouvante les nationalistes, dont le sentiment est que les Ukrainiens russophones sont aussi russes.

Des Russes reprochent à Ianoukovitch le tour pris par les événements. Le blogueur et politologue Egor Holmogorov a écrit [russe] récemment :

Судьба Януковича – великолепный урок всем мелким тиранам, предающим русских. Он мог бы сделать русский язык государственным и править опираясь на русскую половину, которая постепенно стала бы русским большинством. Он предпочел прямо противоположный путь.

Le destin de Ianoukovitch est une grande leçon pour les tyrans au petit pied qui trahissent les Russes. Il aurait pu faire du russe la langue officielle d'Etat et gouverner en s'appuyant sur la moitié russe du pays, qui serait peu à peu devenue une majorité russe. Il a préféré la voie exactement inverse.

This language map by Kiev National Linguistic University shows the split between Russian speaking east and Ukrainian speaking west.

Cette carte des langues de l'Université Linguistique Nationale de Kiev National montre le fossé entre les russophones à l'est et les ukrainophones à l'ouest.

D'une façon générale, la langue apparaît le principal point de friction entre nationalistes des deux bords. En deux jours, la nouvelle Rada contrôlée par l'opposition a adopté plusieurs lois, dont l'une pour abroger un texte plus ancien donnant au russe le statut de deuxième langue officielle en Ukraine. Ce qui a conduit le philosophe nationaliste, fondateur de parti National Démocrate Konstantin Krylov à proclamer [russe] le nouveau régime “anti-russe.” Krylov affirme que ces lois réduisent les libertés politiques en Ukraine, et appelle à des mesures permettant aux Ukrainiens d'acquérir facilement la citoyenneté russe s'ils le désirent.

La publication nationaliste Spoutnik & Pogrom a également commenté cette abrogation, écrivant [russe] qu'elle confirme ses prédictions de nationalisme accru en Ukraine en cas de victoire de l'opposition. S&P a aussi critiqué Alexeï Navalny pour son soutien à l'oppostition ukrainienne, contraire semble-t-il à ses prétentions à défendre les intérêts des Russes. S&P a anfin publié un manifeste à “tous les Russes Ukrainiens,” [russe] les invitant à s'auto-organiser et à créer des “organisations nationales russes,” car “c'est la seule voie pour créer une Ukraine européenne.”

Le publiciste conservateur et présentateur de radio Dmitry Olshansky, pour sa part, a lancé un appel plus émotionnel [russe] :

Можно себе представить, что было бы, если бы не было 1941 года, и существовали бы те, кого убили, и их потомки, – а Рада отменила бы идиш в качестве регионального языка.

On peut imaginer comment ce serait s'il n'y avait pas eu 1941, et qu'étaient en vie ceux qui sont morts et leurs descendants, – et que la Rada ôtait au yiddish le statut de langue régionale.

A n'en pas douter, les nationalistes sont vent debout contre toute forme de discrimination ethnique — sauf, bien sûr, quand ils se trouvent aux manettes.

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