Le 18 mars 2014, deux jours après le vote des Criméens au référendum qui a demandé leur rattachement à la Fédération de Russie, le Président Vladimir Poutine a annoncé dans un discours [russe] qu'il intégrait la Crimée et la cité portuaire de Sébastopol en qualité de deux nouveaux membres de la fédération. Jusqu'à cette déclaration, on pouvait se demander si la Russie allait annexer d'emblée ces nouveaux territoires, ou si elle les maintiendrait en région indépendante et contestée comme l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud ou la Transnistrie.
On peut penser ce qu'on veut de la question de Crimée, le discours fait date, et les blogueurs y ont réagi à leur manière habituelle sur Internet : avec des mèmes. En voici quelques-uns :
1.
Beaucoup de Russes ont jubilé. Après tout, même selon les sondages de l'opposition [russe] une majorité est en faveur du “recouvrement” de la pittoresque péninsule.
2.
Pour d'autres, le sentiment était plus mitigé. Si Poutine “a volé” la Crimée, est-ce encore une bonne chose ? C'est peut-être branché, comme un jeu vidéo.
3.
On peut compter sur le Premier Ministre Dmitri Medvedev pour assurer la stabilité et la constance du récit. Sa propension à s'assoupir pendant les cérémonies officielles est un fil directeur des deux derniers mois de la politique russe.
4.
“A partir d'aujourd'hui j'élimine tous les produits américains de ma vie. Amis, joignez-vous à moi ! #StopUSA” a tweeté Mikhaïl Dvorkovitch, un homme d'affaires russe et frère d'un conseiller de Medvedev, en riposte à la menace de sanctions [Global Voices] contre les hauts responsables russes. Beaucoup de gens ont relevé la contradiction qu'il y a à tweeter avec un iPhone, et, évidemment, à utiliser un service créé par les Américains pour s'adresser à son auditoire.
5.
Des blogueurs russes semblent voir dans la faiblesse des sanctions américaines le signe d'un soutien tacite des USA aux actes du Président Poutine. D'où ce portrait photoshopé plutôt subtil en uniforme des forces de sécurité russes. “Merci camarade Obama !”
6.
Sur l'autre bord, les Ukrainiens sont manifestement furieux du discours du Président Poutine. Cette réaction particulière paraît aussi véhémente que futile.7.
Les références au nazisme sont depuis quelques mois au centre des échanges verbaux entre Ukrainiens et Russes, alors parler de nouvel “Anschluss” reste dans la même veine.
8.
Un parallèle avec les nazis encore moins charitable, si c'est possible.
9.
Une image de jeunes Nord-Caucasiens dansant dans une rue russe. “Si vous n'y faites pas attention, [ce que sera] la Crimée,” dit l'auteur de l'image, “les minorités ethniques de Russie [vous] envahiront !” Ce qui ne manque pas de sel avec les accusations de nazisme qui volent à la ronde.
10.
Des Ukrainiens gardent espoir que les USA et l'UE prennent des mesures décisives pour punir Poutine et la Russie. Si la Fédération de Russie se fait éjecter du G8 cette année, qui mieux que l'Ukraine pour prendre sa place ?