« La Crimée est elle un bon modèle pour l'Afrique ? » demande Richard Dowden :
Les frontières arbitraires de l'Afrique, souvent dessinées par des individus n'ayant jamais mis le pied sur le continent, ont toujours été des cibles évidentes de renégociation. Mais les premiers dirigeants africains en écartèrent l'hypothèse, anticipant le chaos et la désintégration si les Etats-nations étaient reconfigurés. « Respect pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de chaque Etat » était l'un des principes fondateurs de L'Organisation de l'unité africaine (OUA), l'ancêtre de l'Union africaine. Malgré tous les conflits, internes et externes, ce principe a été plutôt respecté par les présidents et les populations.
La loyauté envers un Etat africain n'est pas toujours liée aux capacités de cet Etat à améliorer les conditions de vie de sa population. Le patriotisme, un phénomène émotionnel, ne prend pas en compte ces avantages, même dans les pays où la majorité des citoyens sont marginalisés et oppressés par le gouvernement. Même au cœur du récent et catastrophique effondrement du Soudan du Sud après seulement deux ans d'indépendance, personne ne préconise le retour à la gouvernance de Khartoum. Dans les derniers jours du Zaïre de Mobutu (maintenant la RDC) j'étais surpris en réalisant que les habitants trouvaient que c'était un pays merveilleux. J'ai demandé pourquoi le Katanga, la riche province du Sud-Est ne faisait pas sécession, comme elle l'avait fait en 1960, mais ma suggestion fut reçue avec réprobation et étonnement.