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Nawaat Leaks, la plate-forme tunisienne des lanceurs d'alerte

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Tunisie, Cyber-activisme, Gouvernance, Liberté d'expression, Média et journalisme, Médias citoyens

Le blog collectif tunisien Nawaat a lancé sa propre plate-forme pour lanceurs d'alerte : Nawaat Leaks [1].

Cette plate-forme sécurisée a été créée en collaboration avec GlobaLeaks [2], un logiciel open source et anonyme de lancement d'alertes. GlobaLeaks a annoncé l'opération par un tweet du 27 mars :

Le premier “Leaksite” du monde arabe est né : #nawaatleaks par @nawaat en arabe et français !

Nawaat Leaks Logo [7]

Le logo de Nawaat Leaks

Pour dévoiler sur Nawaat Leaks des informations classifiées, il faudra d'abord télécharger le programme d'anonymisation en ligne Tor.

Sami Ben Gharbia, co-fondateur de Nawaat, explique [7] [arabe] les mesures de sécurité internet prises pour protéger les utilisateurs de la plate-forme :

قام فريق نواة بالتعاون مع مبادرة جلوبال ليكس بإنشاء صفحة خاصة تستخدم حزمة من التطبيقات و التقنيات المفتوحة المصدر التي تحمي مسربي الوثائق و الملفات السرية. هذه البرمجية تحمي المُسربين حتى من فريق نواة نفسه الذي لن يتعرف بفضل هذه التقنيات على هوية الأشخاص الذين سيقومون بعملية التسريب، لا عن طريق بريدهم الإلكتروني و لا عن طريق معرفهم الألكتروني و لا عن طريق إسمهم أو موقعهم الجغرافي.

و من أجل توفير حماية أكثر للمسربين سيعمل فريق نواة كعادته، قبل نشر أي وثيقة سرية مسربة، على فسخ كل البيانات الوصفية (Metadata) التي تزيد من إمكانية الكشف عن المصدر الإلكتروني للوثائق سواءا كانت ملفات صوتية، مقاطع فيديو، صور أو وثائق نصية.

En collaboration avec GlobaLeaks, l'équipe de Nawaat a créé une page spéciale qui déploie un certain nombre d'applications et de techniques open source protégeant ceux qui révèleront des documents et fichiers confidentiels. Ce logiciel protège même des lanceurs d'alerte de l'équipe Nawaat elle-même, qui grâce à ces techniques ne seront pas en mesure de retracer au moyen de leurs adresses mails, adresses IP, noms ou localisations géographiques l'identité de ceux qui révèleront [de l'information]. Pour leur assurer une protection supplémentaire, l'équipe de Nawaat, comme à l'ordinaire et avant la publication de toute fuite de document confidentiel, détruira toutes les métadonnées accroissant la possibilité d'identification de la source électronique de documents sous différents formats : audio, clips vidéo, photos ou textes.

En 2011, les autorités provisoires tunisiennes avaient adopté le décret-loi 41 garantissant l'accès aux documents administratifs. Mais en pratique, la législation n'est guère appliquée. Dans un communiqué [8] publié le 27mars, Article 19 a condamné la négligence des autorités en la matière.

ARTICLE 19 “note également que les mesures existantes visant à assurer la transparence du gouvernement ne sont pas effectivement appliquées” écrit l'organisation.

Sami Ben Gharbia décrit [7] [arabe] la carence de mise en oeuvre du décret-loi :

بالرغم من المرسوم عدد 41 لسنة 2011 الذي يضمن، نظريا، حق المواطن في النفاذ إلى الوثائق الإدارية للمنشئات العمومية، و بالرغم من كثرة الحديث عن مقاومة الفساد و محاسبة الفاسدين و ضرورة تأسيس حوكمة رشيدة قائمة على الشفافية، إلا إننا لم ننعم بعد لا بحق النفاذ إلى المعلومة و لا بمقاومة جادة للفساد. بل على العكس، رأينا كيف يُحاكم و يتبع عدليا كل من حاول كشف المستور من فساد و محابات واستغلال للنفوذ و غيرها من المظاهر التي لا تزال تنخر عوالم السياسة و الإدارة و الأعمال

Malgré le décret-loi 41 de 2011, qui garantit en théorie le droit des citoyens à accéder aux documents administratifs détenus par les institutions publiques et malgré les multiples discours sur la lutte contre la corruption, les comptes à rendre par les corrompus et la nécessité d'instaurer une gouvernance transparente, nous attendons toujours de pouvoir exercer le droit d'accès à l'information et un combat anti-corruption réel. Au contraire, nous avons vu comment ceux qui veulent mettre au jour la corruption cachée, le favoritisme, les abus de pouvoir et autres méfaits qui continuent à consumer les mondes de la politique, de l'administration et des affaires, sont traînés en justice et poursuivis.