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Le Pape François, un pape pas comme les autres

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Europe de l'ouest, Belgique, République Démocratique du Congo (RDC), Vatican, Droits humains, Good News, Médias citoyens, Religion
Avant de devenir Pape, le Cardinal Bergoglio emprentait les transports publics comme tout le monde. Photo extraite de sa page Facebook [1]

Avant de devenir Pape, le Cardinal Bergoglio empruntait les transports publics comme tout le monde. Photo extraite de sa page Facebook [1] – Domaine public

En un an de pontificat, Giorgio Bergoglio, l'ancien archevêque de Buenos Aires et maintenant devenu Pape François a surpris le monde entier. D'abord par sa provenance même, car c'est le premier latino-américain à accéder à ce statut en 2000 ans de vie de l’Église catholique. Ensuite, il a démontré une originalité et une énergie débordantes dans de nombreux domaines. Jusqu'à son élection, malgré l'importance de Saint François d'Assise dans l’Église, aucun pape n'avait choisi de porter son nom. Ensuite, il y a eu ces gestes spectaculaires, déjà indicatifs d'une personnalité peu commune que les pauvres des bidonvilles de Buenos-Aires connaissaient déjà.

Dans un billet publié sur adiac-congo.com intitulé “Pape François: l'an I d'un pontificat étonnant [2]“,  Lucien Mpama, de Kinshasa, RDC, écrit :

Pas de mules rouges de pape au pied mais des souliers à bouts arrondis, comme tout curé de campagne – surtout jésuite. Pas de luxueuses voitures de fonction, des limousines coûteuses entretenues à coups de millions mais une Ford Mondeo, presque ordinaire, en tout cas de celles que l’on croise à chaque coin de rue même en Afrique (héritage de son prédécesseur ; son secrétaire à lui circulant dans et hors du Vatican à vélo). Pas d’aide de camp portant sacoche et tout le nécessaire d’un chef d’État. Pas d’appartements pontificaux (de 500 m2) mais un logement spartiate dans la Maison Sainte Marthe, la maison des cardinaux de passage au Vatican, construite par Jean-Paul II. 

Sur le plan social, c'est comme si l’Église redécouvrait la théologie de la libération [3] des années '70. Jean-Thierry [4] Verhest [4] consultant en relations interculturelles à Bruxelles, expliquait ce que fut cette doctrine qui puisait sa source en Amérique latine, mais s'est développée aussi dans d'autres parties [5] du monde, notamment en Afrique du Sud, aux Philippines et en Corée du Sud, sur le site Trilogies:

Le monde actuel n’est donc pas plus civilisé, disent-ils, que quand les hommes réglaient leurs différends à coups de poings et de gourdins. Il est, au contraire, plus dangereux et plus cruel. La capitalisme, particulièrement sauvage dans les pays du Sud, en est la cause. Ils estiment que les masses du “tiers-monde” ont à recouvrer la dignité humaine que le Créateur leur a donnée.

Le Vatican ne cachait pas sa méfiance. Le site croire.com rappelle [6] les prises de positions de la Congrégation de propagation de la foi, dirigée par le Cardinal J. Ratzinger, futur Benoit XVI:

 La Congrégation pour la doctrine de la foi s'est prononcée à deux reprises sur la théologie de la libération. La première instruction, le 6 août 1984, met en garde contre les déviations dues à l'introduction d'éléments du marxisme et critique les lectures rationalisantes de la Bible qui réduisent l'histoire du Christ à celle d'un libérateur social et politique.
 La seconde instruction, le 22 mars 1986 est plus favorable et intègre cette théologie au magistère romain de l'Église. La théologie de la libération est relue de manière positive en y introduisant la dimension spirituelle d'une théologie de la liberté.

Pourtant, à son élection, Bergoglio n'avait pas suscité que de l'admiration [7]. Son rôle lors des dictatures militaires en Argentine avait provoqué des réactions plutôt défavorables. Il n'a pas fallu longtemps pour que le nouveau Pape se fasse entendre en matière de respect des droits humains et de défense des porte-paroles des militants. Une des premières personnalités à être reçues au Vatican fut le dominicain Gustavo Gutierrez [8], considéré comme l’un des fondateurs de la théologie de la libération.

Il tient aussi des propos surprenants. Ainsi, dans une interview publiée par plusieurs journaux [9], n'a-t-il pas traité de problèmes tels que l'homosexualité. Commentant une phrase que le souverain pontife avait prononcée dans l'avion le ramenant de Rio, Henri Tincq a écrit [10]sur slate.fr:

Le pape François ne met pas un terme à l’historique conflit entre l’Eglise et la population homosexuelle, mais sa déclaration dénote une bienveillance de ton et une compréhension inconnues, jusqu’à ce jour, à ce niveau de responsabilité dans l’Eglise. Ce n’est pas un changement de position, mais le souhait, qu’il faut saluer, d’une plus grande tolérance

Dans un billet d'Africeleb, publié par seneweb.com, le Pape François a donné une conception étonnante de l'enfer [11]:

À travers l’humilité, la recherche de l’âme, et la contemplation de la prière, nous avons acquis une nouvelle compréhension de certains dogmes. L’Église ne croit plus en un véritable enfer où les gens souffrent. Cette doctrine est incompatible avec l’amour infini de Dieu. Dieu n’est pas un Juge mais un ami et un amant de l’humanité. Dieu ne cherche pas à condamner, mais seulement à embrasser. Comme la fable d’Adam et Eve, nous voyons l’enfer comme un dispositif littéraire. L’enfer est simplement une métaphore de l’âme isolée, qui, comme toutes les âmes,seront finalement unies dans l’amour avec Dieu.

Dans son message, intitulé “Fraternité, fondement et chemin de la paix [12]” destiné à être lu dans toutes les églises catholiques du monde à l'occasion de la Journée mondiale pour la paix, le 1er janvier 2014, le Pape François avait lancé un appel à davantage de fraternité entre les hommes et de solidarité de la part des gouvernements. Il rappelle les devoirs des états envers leurs peuples, selon le site des [13]paroissiens-progressistes [13]:

Les États ont trois devoirs envers leurs peuples, estime le Souverain pontife : “Le devoir de solidarité, qui exige que les nations riches aident celles qui le sont moins, le devoir de justice sociale (…) et le devoir de charité universelle, qui implique de promouvoir un monde plus humain pour tous.” Estimant qu'on assiste à un recul de la “pauvreté absolue”, le pontife regrette “l'augmentation inquiétante de la pauvreté relative”, qui amène à de graves “inégalités entre des personnes et des groupes qui cohabitent dans la même région ou dans un contexte historico-culturel déterminé”. “Dans un monde caractérisé par la ‘globalisation de l'indifférence’ qui fait qu'on ‘s'habitue’ lentement à la souffrance de l'autre”, le monde a besoin de plus de fraternité, .

Son activité ne se limite pas qu'à des actions spectaculaires car il a entrepris une profonde réforme de l'Eglise.  Le cardinal Philippe Barbarin explique [14], dans cette vidéo, les deux grands chantiers lancés par le pape François : la réorganisation de la curie et les finances du Vatican. Ce reportage a été réalisé par la web TV/lyon fourvière à l'occasion du consistoire qui s'est déroulé le 22 février 2014, à Rome: 

Sur le site oeildafrique.com, Bona, se réjouissant de la nomination du Cardinal Laurent Monsengwo [15] de la République démocratique du Congo, dans une structure, composée de huit cardinaux, créée par le Pape François pour le seconder dans les réformes de l'Eglise, a écrit:

L’archevêque de Kinshasa, Cardinal Laurent Monsengwo fait désormais parti des huit cardinaux qui aideront le pape de l’église catholique dans le travail de la réforme de la curie romaine. Le Pape François l’a annoncé ce samedi 13 avril.

La curie romaine, le gouvernement du Vatican, est traité de pléthorique. Elle est composée d’une secrétairerie d’Etat, de neuf congrégations romaines, de trois tribunaux, de douze conseillers pontificaux, mais aussi de six commissions pontificales et d’autant d’instituts en tous genres. Le Vatican emploie près de 3 000 personnes.

En ce qui concerne la pédophilie au sein de l'Eglise, le site web.afriqueredaction.com rapporte les propos sans équivoque qu'il a tenus récemment devant le Bureau catholique international de l'enfance (BICE) au Vatican.