
Image d'Andrey Tselikov.
Le 11 mai 2014, jour où l'auto-proclamée république nationale de Donetsk tenait son référendum [article de Global Voices] sur son statut vis-à-vis de l'Ukraine (référendum qui ne sera évidemment pas reconnu par le gouvernement ukrainien), le journaliste russe Ilya Azar a rapporté sur Twitter que des membres de la toute neuve Garde Nationale d'Ukraine avaient ouvert le feu sur de simples passants à Krasnoarmeïsk. Ses tweets comportent plusieurs photos difficilement soutenables [AVERTISSEMENT].
Прямо сейчас при мне нацгвардейцы одного убили, одного ранили в красноармейске — iлля¯_(ツ)_/¯няшмяш (@A3AP) May 11, 2014
A l'instant devant moi des gardes nationaux ont tué une personne et blessé une autre à Krasnoarmeïsk
Это убитый в красноармейске. Просто люди безоружные стояли у захваченного нацгвардией горсовета pic.twitter.com/VJyzYn2bSE — iлля¯_(ツ)_/¯няшмяш (@A3AP) May 11, 2014
Voilà l'homme tué à Krasnoarmeïsk. Des gens ordinaires sans armes près du bâtiment de la mairie occupé par la Garde Nationale.
Еще одного ранили в грудь. На четырех машинах уехали гвардейцы, устроив беспорядочную стрельбу против безоружных — iлля¯_(ツ)_/¯няшмяш (@A3AP) May 11, 2014
Un autre homme a été blessé à la poitrine. Les hommes de la garde nationale sont partis dans quatre voitures, après avoir tiré au hasard sur les gens désarmés.
Украинские власти! Или в Славянск отправляйте автоматчиков стрелять или отберите оружие у гвардии. Зачем расстреливать безоружную толпу?! — iлля¯_(ツ)_/¯няшмяш (@A3AP) May 11, 2014
Autorités ukrainiennes ! Soit vous envoyez tirer sur les mitrailleurs à Slaviansk, soit vous ôtez les armes à la Garde. Pourquoi tirer sur une foule désarmée ?!
Les tweets d'Azar sont d'autant plus accablants qu'ils proviennent d'un homme très proche de la cause de Maïdan et d'un journaliste dont les articles sur l'Ukraine ont conduit à la dissolution [article de Global Voices] de l”équipe éditoriale du site Lenta.ru. Azar n'a aucune attirance pour les séparatistes de Donetsk : le ton acéré de ses articles l'a récemment mis dans une situation délicate [article de Global Voices, en anglais] quand des milices locales ont diffusé ses photos en l”appelant un “provocateur” dont il allait falloir “s'occuper.”
C'est peut-être cette combinaison de facteurs qui a rendu ces tweets viraux et lui a valu tant de vitriol des deux bords du conflit, au point qu'il a tweeté par la suite qu'il “arrêterait de lire les réponses” à ses tweets. Son confrère journaliste Oleg Kachine a réagi en parlant [russe] à propos de l'incident de “journalisme remarquable.” Avec seulement quelques tweets [russe], Azar “a provoqué une explosion dans l'opinion publique de deux pays.” Voilà, dit [russe] Kachine, le problème avec les média modernes : “écrire un article après ça, c'est une formalité vide et inutile pour se faire rémunérer.” Dans notre monde à capacité d'attention trop courte pour les nuances, Kachine pourrait bien avoir touché juste.