Le Pr Jean Takougang condamne la commémoration de la fête nationale du Cameroun le 20 mai qu'il décrit comme étant “une véritable escroquerie historico-politique”:
Le 1er janvier renvoie à l’Indépendance politique [du Cameroun Oriental francophone], une Indépendance obtenue dans le sang de centaines de milliers de martyrs, connus ou anonymes, qui ont accepté de se sacrifier pour leur pays…
Le 1er octobre renvoie à la Réunification des deux Cameroun, le Cameroun Oriental francophone et le Southern Cameroon anglophone, un point névralgique et non négociable du programme politique des premiers nationalistes assassinés pour l’amour débordant qu’ils avaient pour leur pays.
Pourtant, aussi curieux que cela puisse paraître, ces deux dates, aux significations aussi profondes qu’évidentes qui correspondent à ces événements qui partout dans le monde fondent les fêtes nationales, ont définitivement été déclassifiées, et sont progressivement effacées de la mémoire collective pour être remplacées par une véritable escroquerie…
Le 20 mai ne commémore pas l’avènement de l’Unité Nationale, mais celui de l’Etat Unitaire, retour à la forme unitaire de l’Etat, simple notion de droit constitutionnel qui signifie tout simplement le rejet du fédéralisme pratiqué jusque-là…
Au Cameroun où on nous enseigne que la Réunification du 1er octobre 1961 ne consacrait pas l’unité politique du pays et qu’il a fallu attendre la forme unitaire du 20 mai 1972 pour parler d’Unité Nationale. Parler de la réunification en 1961 et revenir à l’unification en 1972, onze ans plus tard, à moins d’être une reculade absurde, nous amène à penser que la réunification du 1er octobre n’avait été qu’une escroquerie et que c’est l’adoption de la forme unitaire de l’Etat qui consacrerait véritablement l’unité politique de la nation.
Pourtant la réunification du 1er octobre 1961 recelait des enjeux autrement plus importants, car le Southern Cameroon avait la possibilité d’obtenir son indépendance en se joignant au Nigeria pour la grande consternation des vrais patriotes, comme le fit la partie Nord, en causant ce « deuil national », autrefois commémoré le 2 juin…
Le 1er Janvier et/ou le 1er octobre méritent d’être institués comme fête(s) nationale(s). Ils sont éternels, inoubliables et incontestables pour ce qu’ils représentent pour les Camerounais véritablement patriotes. D’ailleurs ils l’avaient jadis été et cela n’aurait jamais dû changer. Une fête nationale doit résister aux humeurs, au temps, et aux caprices des dirigeants.
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