Coupe du Monde : Amnesty International s'intéresse enfin au Brésil

Sur un terrain de football, qui ressemble plutôt à une rue de n'importe quelle grande ville du Brésil, deux équipes se font face. D'un côté, des jeunes vêtus du maillot jaune de la sélection brésilienne, de masques Anonymous et de foulards Black Block. De l'autre, des policiers en uniformes se préparent à donner le coup d'envoi. Mélangeant des images réelles de manifestations ayant eu lieu dans le pays en 2013 et d'autres, mises en scène, la vidéo publiée le 20 avril par Amnesty International, dénonce le côté obscur de la préparation du Brésil à la coupe du monde. 

Cette vidéo fait partie de la campagne “Mettez un carton jaune”, lancée début mai dans une vingtaine de pays, demandant au gouvernement brésilien que des mesures soient prises afin d'en finir avec la répression policière pendant les manifestations. Et plus spécialement pendant la coupe du monde qui débute en juin. Avec des slogans tels que “manifester n'est pas un crime” et “sans faute, Brésil!”, la campagne intègre aussi une pétition, qui sera remise à la présidente Dilma Rousseff et qui totalise déjà plus de 18000 signatures. 

Carton jaune pour les deux équipes

Parmi les revendications portées par Amnesty International, on trouve dans le document, la garantie que le gouvernement brésilien “prenne toutes les mesures nécessaires pour garantir le droit à la liberté d'expression et à organiser des manifestations pacifiques” et “que la police et autres forces de l'ordre respectent la législation et les modèles internationaux en vigueur, en matière de droits de l'homme ainsi que la stricte application de la loi”.

Quoi qu'il en soit, le Ministre des sports brésilien, Aldo Rebelo, n'a pas du tout apprécié l'initiative. Dans un article publié par le Ministère, le même jour, il critique non seulement les dernières campagnes d'Amnesty – comme la pétition contre la construction du barrage de Belo Monte et la campagne pour la démilitarisation de la police – le ministre a soutenu l'action du gouvernement pendant les manifestations qui secouent le pays depuis le mois de juin de l'année dernière :

Policiais da Tropa de Choque, durante protesto em São Paulo, em 11 de junho de 2013. Foto: Gabriel Cabral/Flickr

Policiers du Bataillon de Choc, lors d'une manifestation à  São Paulo, le 11 juin 2013. Photo: Gabriel Cabral/Flick

Não saiu do governo federal, empenhado em realizar a Copa da Paz, um só ato restritivo do direito à manifestação pública. A rua é o palco da liberdade. Mas não é lícito aplaudir “manifestantes” praticando saques no comércio, vandalizando equipamentos de utilidade pública, incendiando ônibus do transporte popular e carros da imprensa, depredando prédios da democracia representativa, agredindo jornalistas, ferindo transeuntes, imolando policiais como tochas humanas.

Aucune action visant à réprimer les manifestations publiques n'est venue du gouvernement fédéral, préoccupé par la réalisation d'une Coupe de la Paix. La rue est un lieu de liberté. Mais il n'est pas convenable d'applaudir des “manifestants” qui pillent des magasins, qui cassent des équipements d'utilité publique, qui mettent le feu aux bus du transport populaire et aux voitures de la presse, qui saccagent des immeubles de la démocratie représentative, agressent des journalistes, blessent des passants, transforment des policiers en torches humaines.

Le système de sécurité prévu pour le Mondial comprend 170 000 hommes dans les rues et 2 milliards de réaux (quelque 660 millions d'euros) d'investissements. Des chiffres qui interpellent et préoccupent [NdT: les observateurs], comme l'a révélé le porte-parole d'Amnesty International pour les Droits de l'Homme, Renata Nader, dans une interview à la BBC :

Claro que vemos com muita preocupação esta estrutura de segurança que está sendo montada para os grandes eventos. Não pela escala, porque em outros países também há grandes operações em situações como essa. Aqui o que preocupa é o nosso histórico. O histórico de momentos do uso da Força Nacional e do Exército, em operações no Rio de Janeiro, por exemplo, com saldo de mortes e excessos.

Il est clair que l'on observe avec beaucoup d'inquiétudes le système de sécurité mis en place pour les grand évènements à venir. Non pas à cause de l'escalade, parce que dans d'autres pays existent aussi de grandes opérations similaires en pareille situation. Ici, ce qui nous inquiète, c'est l'historique. L'historique d'interventions de la Force Nationale et de l'armée lors d'opérations à Rio de Janeiro, par exemple, avec des morts et des débordements [NdT: de la part de la police].

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