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La tragédie du Stade National de Lima, 50 ans après

Catégories: Amérique latine, Pérou, Catastrophe naturelle/attentat, Médias citoyens, Sport
EstadioLima

Stade National de Lima, 24 mai 1964. Foto de Flickr de leondeurgel [1]. CC BY-NC-ND 2.0.

Il y a 50 ans, le Stade National de Lima, au Pérou, connaissait la pire tragédie de son histoire, avec près de de 320 morts et quelques 500 blessés.

Ce jour-là, la sélection argentine remportait un match de qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo [2] [français] un à zéro. A seulement deux minutes de la la fin du match, l'équipe péruvienne égalise. L'arbitre uruguayen Ángel Eduardo Pazos annule cependant ce but, une décision qui enrage les supporters, et Víctor Vásquez, surnommé “Negro Bomba” (Bombe Noire), se jette sur le terrain, suivi de nombreux autres supporters, avec l'intention d'agresser l'arbitre. Les policiers lâchent alors les chiens, qui sautent sur les supporters. 

Ce fut ainsi le point de départ d'un mouvement de colère collective amenant les fans des deux sélections, qui deux minutes avant regardaient paisiblement le match, à se battre avec des bâtons et des couteaux. Débordée par la bataille rangée dans les tribunes, qu'elle ne pouvait arrêter, la police aggrava la situation en lançant des gaz lacrymogènes sur la foule. Des centaines de personnes tentèrent de sortir du stade, mais les portes de la tribune nord demeuraient closes. De cette façon, la police espérait ramener le calme parmi la foule, attendant que le public retourne tranquillement à sa place.

Portada Gráfico

Couverture du El Gráfico. Image de Flickr de leondeurgel [3]. CC BY-NC-ND 2.0.

Vásquez fut arrêté deux jours plus tard. Edilberto Cuenca, le second supporter ayant pénétré sur le terrain, fut frappé et mordu par les chiens. L'autre protagoniste de la tragédie, le chef de la police Jorge de Azambuja dira ensuite: “J'ai ordonné que l'on lance des gaz lacrymogènes dans les tribunes. Je ne peux pas dire combien. Jamais je n'aurais imaginé ces conséquences terriblees”. Il n'y a pas eu de sanctions contre le commandant Azambuja ni l'arbitre Pazos, qui a continué à travailler en Uruguay. 

La plupart des victimes ont péri d'une hémorragie interne ou étouffées, tandis que les personnes ayant réussi à sortir du stade ont été sauvées. Dans les rues voisines, la foule en colère saccagea les maisons et les commerces.

Le blog Curiosidades del fútbol rappela les détails [4] de cette tragédie :

El árbitro uruguayo Angel Eduardo Pazos había concedido el gol en primera instancia,pero ante las reclamaciones airadas de Perfumo lo había invalidado.La grada peruana estaba en plena ebullición ante el desenlace de aquella jugada. Es a partir de aquí cuando comienza toda la desgracia.

L'arbitre uruguayen Angel Eduardo Pazos accorda le but dans un premier temps, avant que les réclamations de Perfumo ne l'invalident. La tribune péruvienne s'enflamma, aboutissant à l'horreur que l'on sait.

Le blog deJorge de Jesús Kbdto [5] évoque quant à lui les souvenirs d’Héctor Chumpitaz [6], footballeur péruvien présent ce jour-là au Stade National:

Regresando hacia nuestro lugar de concentración íbamos escuchando la radio y hablaban de 10, 20, 30 muertos. Cada vez que salían las noticias el número aumentaba: 50 muertos, 150, 200, 300, 350….
Después que llegamos a los vestuarios hubo personas que salieron y cuando regresaron nos contaron que había dos muertos. ¿Dos muertos?, preguntamos, pensando que uno ya hubiera sido demasiado.

En retournant à notre centre d'entraînement nous écoutions la radio qui parlait de 10, 20, 30 morts. Chaque fois que nous allions aux nouvelles, le nombre augmentait : 50 morts, 150, 200, 300, 350… Après avoir quitté le vestiaire, des gens nous ont dit qu'il y avait deux morts. Deux morts ?, nous demandions, en pensant qu'il y en avait déjà deux de trop.

Le blog Historia, tradición y fútbol [7] évoque d'autres incidents ayant eu lieu dans ce même stade, et analyse les causes du triste événement du 24 mai 1964:

Para entender la tragedia, no debe recurrirse exclusivamente a factores netamente futbolísticos o deportivos –como el error humano de tener cerradas las puertas de acceso al estadio, el fanatismo del embriagado Víctor Matías Campos Vásquez, alias “negro Bomba”, o las desacertadas medidas policiales de arrojar gases lacrimógenos a las tribunas Oriente y Norte. Hubo otros factores que explican la descomunal cantidad de muertos y se encuentran más allá de lo meramente futbolístico.

La compréhension de cette tragédie ne passe pas exclusivement par des facteurs purement footballistiques ou sportifs – comme l'erreur humaine de maintenir fermées les portes d'accès au stade, le fanatisme de Víctor Matías Campos Vásquez, alias “negro Bomba”, ou les mesures de police disproportionnées comme celle d'arroser les tribunes Est et Nord de gaz lacrymogènes. D'autres facteurs, extra-footballistiques, expliquent le nombre invraisemblable de morts.

Sur Twitter, de nombreux internautes ont partagé images et commentaires en ce jour anniversaire:

Voilà comment la presse a informé sur la tragédie du Stade National

Témoignage d'un survivant de la tragédie du Stade National (VIDEO)

Aujourd'hui, 50ème anniversaire de la tragédie du Stade National. Il paraît que nous apprenons de nos erreurs. Dites NON à la violence dans le football

Honte #Pérou le gouvernement loue le stade national pour un concert de salsa le jour même du 50ème anniversaire d'une des plus grandes tragédies du football : 320 morts